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L’éducation comme arme : l’histoire inspirante d’Averty Ndzoyi
Arrivé au Québec en plein mois de décembre, Averty Ndzoyi se souvient encore du choc de ses premiers pas dans la neige : « Je me suis demandé ce qu'est-ce que ces gens sont venus faire ici… et tout de suite, la réponse est venue dans ma propre tête : mais toi, qu’est-ce que tu fais ici ? » raconte-t-il en souriant.
Huit ans plus tard, installé à Saint-Georges, il est devenu une figure inspirante de la Beauce grâce à son engagement comme écrivain, communicateur et entrepreneur social.
Originaire d’un petit village d’Afrique « où l’argent n’avait presque pas de valeur parce qu’il n’y avait rien à acheter », Averty Ndzoyi a connu la pauvreté générationnelle de près. Mais grâce à l’éducation, il est parvenu à franchir les obstacles et à poursuivre des études universitaires. Une expérience qu’il raconte dans son essai Comment sortir de la pauvreté générationnelle ?, où il propose des solutions concrètes pour briser le cycle de la misère et offrir aux enfants un avenir meilleur.
« On peut naître pauvre, ce n’est pas de notre faute. Mais mourir pauvre, c’est une responsabilité : cela signifie que nous n’avons rien fait pour changer notre destinée », résume-t-il.
Il poursuit cette réflexion dans son roman L’Ombre qui parle, où il met en scène un jeune garçon orphelin qui découvre que ses souffrances, racontées comme une histoire, peuvent devenir une force de transformation.
Mais Averty Ndzoyi ne se limite pas à écrire. Il agit aussi. En 2012, il fonde la Fondation Espace Opoko, une ONG qui soutient l’éducation des enfants autochtones dans son pays d’origine. Le programme prend en charge la scolarité du primaire à l’université, assure le logement et même les soins de santé. Les résultats sont tangibles : plusieurs diplômés travaillent aujourd’hui dans la fonction publique, et un étudiant poursuit actuellement une formation au siège des Nations Unies à Genève.
« Pour moi, l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde », reprend-il, citant Nelson Mandela.
Partager sa culture, une richesse pour la Beauce
Installé en Beauce après avoir participé à un programme d’intégration, il a été séduit par les valeurs familiales de la région. Depuis, il multiplie les initiatives pour partager sa culture et bâtir des ponts. Membre actif du club Toastmasters de Saint-Georges, il s’est fait remarquer pour sa capacité à captiver son auditoire grâce à ses histoires inspirées de fables africaines.
Il prépare d’ailleurs un recueil de ces récits, qui reprennent la tradition orale pour livrer des leçons de vie universelles. Il souhaite aussi visiter les résidences pour aînés afin de transmettre ces histoires et créer des moments d’échange intergénérationnel.
Parallèlement, il s’implique dans la communauté comme assistant pasteur à l’église baptiste de la Beauce.
Une leçon d’intégration : l’histoire du singe et des antilopes
Lorsqu’on lui demande de résumer sa vision de l’intégration, Averty Ndzoyi préfère répondre par une histoire. Celle d’un troupeau d’antilopes vivant en paix mais constamment menacé par les lions. Un jour, un écureuil, contraint de quitter la forêt incendiée, demande à les rejoindre. On le trouve bien différent : il grimpe aux arbres et ne mange pas la même chose. Mais il leur propose un pacte : « Pendant que vous broutez, je surveillerai les prédateurs du haut des arbres. »
Grâce à lui, le troupeau survit aux attaques et apprend de nouveaux chemins pour se nourrir. « La morale, explique Averty, c’est que l’intégration, ce n’est pas gommer les différences. C’est accepter l’autre avec ce qu’il apporte. Chaque accent, chaque plat, chaque expérience est une richesse pour le Québec. »
Vous pouvez écouter l'intégralité de notre entrevue avec Averty Ndzoyi ci-dessus.