Collision mortelle à Saint-Victor : Un geste délibéré, mais non planifié d’après le coroner
Le Bureau du coroner a présenté les conclusions troublantes des rapports du coroner, Dr Pierre Guilmette à l’endroit de l’accident causant quatre décès à Saint-Victor en mars dernier. Le conducteur, Stéphane Doyon, 34 ans, qui présentait un taux d’amphétamine élevé dans le sang, a posé un geste délibéré, mais qui n’était pas planifié d’après ce dernier.
« L'analyse de la scène de la collision est sans équivoque, affirme Dr Guilmette. Stéphane Doyon a délibérément dévié de sa course pour heurter de plein fouet le camion qui arrivait en sens inverse, entraînant dans la mort trois membres de sa famille. Ses problèmes sociaux importants combinés à sa consommation chronique de méthamphétamine comptent parmi les facteurs contributifs au geste fatal et regrettable qu'il a posé le 9 mars 2011. »
« Néanmoins, aucun propos connu, lettre ou autre témoignage ne laissait présager les évènements. Vu l'absence d'intention manifestée préalablement par M. Doyon et le port de sa ceinture de sécurité, tout porte à croire que ce geste infiniment malheureux n'était pas planifié, constate M. Guilmette. Il s’agit d’une mort par autodestruction. »
La thèse du malaise lors de l’accident a été balayée du revers de la main lors de l’autopsie. « Quant au résultat préliminaire d'autopsie qui avait démontré une excroissance osseuse crânienne au rocher gauche et qui avait été divulgué par communiqué de presse, il s'agissait d'un ostéome (tumeur bénigne de l'os). M. Doyon avait souffert en bas âge d'une fracture du crâne à ce niveau, compliquée d'otites chroniques et de mastoïdite gauche. Il avait eu des épisodes convulsifs contemporainement à ces problèmes de santé. Le tout avait culminé en 1991 par une crâniotomie gauche pour mastoïdectomie simple et paracentèse gauche. Les suites opératoires furent favorables, il n'a plus présenté de convulsion et n'avait plus de suivi médical à ce propos », indique le coroner.
Rappelons que l’accident du 9 mars avait causé la mort du conducteur ainsi que de Nathalie Drouin, 27 ans, et des jeunes Miguel Jolicoeur, 8 ans, et Bryan Doyon, 11 mois.
Rappel des faits
Le 9 mars, vers 15 h 30, la famille se trouvait à bord d’une fourgonnette sur la route 108 à Saint-Victor. Alors que le temps est dégagé, la température est de - 2 oC, la visibilité est bonne et la chaussée est sèche. M. Doyon est au volant et porte sa ceinture de sécurité. Vers 15 h 34, le véhicule a changé brusquement de voie et a heurté de plein fouet un tracteur routier. Les deux véhicules entrent en collision face-à-face, pratiquement sans angle de contact.
Bien que les secours soient arrivés rapidement sur les lieux, les quatre occupants du véhicule ne présentaient plus de signes vitaux. Elles ont été transportées à l’hôpital du Centre de santé et de services sociaux de Beauce, où leur décès est constaté.
Soulignons que des analyses toxicologiques effectuées sur le conducteur ont révélé la présence d'une dose élevée de méthamphétamine dans le sang de ce dernier. L'analyse des liquides biologiques de Nathalie Drouin a démontré la présence de méthamphétamine dans le sang.
Pour ce qui est des deux jeunes victimes ne se trouvaient pas dans des sièges appropriés. La victime, Bryan Jolicoeur, portait une ceinture de sécurité, mais sans siège d'appoint. Le bambin de 11 mois se trouvait dans un siège d'auto pour enfant qui n'était pas attaché au véhicule. Il faisait l'objet d'un rappel de Transport Canada, sa vie utile était dépassée. Conçu en 1996, sa vie utile n’était que de 6 ans.
L'analyse des lieux
Le coroner établit que le geste est délibéré puisque les lieux de l’accident ne présentaient pas de trace de freinage ou de dérapage. L'inspection des véhicules impliqués n'a démontré aucune défaillance mécanique. De plus, les reconstitutionnistes en sécurité routière de la Sécurité du Québec ont signifié que «la manœuvre du véhicule ayant mené à la collision ne correspond ni à une perte de contrôle de la part du conducteur, ni à une déviation de la trajectoire typiquement associée à une distraction, à un endormissement ou à un malaise.»
«Dans ce présent dossier, le véhicule... a changé de voie très rapidement, de sorte que le conducteur du camion... n'a constaté le danger qu'à la dernière minute et n'a pas eu le temps d'amorcer une manoeuvre d'évitement», rapporte le coroner.
Doyon était sous pression
Le coroner Dr Guilmette s'est penché sur les lourds antécédents de M. Doyon. En couple avec Mme Drouin depuis plusieurs années, père de Bryan Doyon et beau-père de Miguel Jolicoeur, le conducteur de la fourgonnette a eu plusieurs démêlés avec la justice dans le passé, dont certaines accusations graves et récentes en rapport avec des membres de sa famille.» Soulignons que des signalement ont été faits à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) au sujet de cette famille. Cette dernière faisait l'objet de suivis réguliers et de conditions précises.
Les conclusions du coroner révèlent que M. Doyon éprouvait beaucoup de stress et de colère face à l'ensemble de cette situation avec la DPJ. Suite à des rencontres avec les intervenantes du CLSC, un mois avant la tragédie, il se montrait très méfiant et se croyait victime d’un complot. Ses proches ont aussi observé qu’il consommait régulièrement des drogues soit des « speeds ». Cette drogue peut altérer le jugement de ceux qui en consomment et parfois de les rendre paranoïaques d’après le coroner.
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