Rencontre avec Alexy Veilleux et Djordan Lemay
Deux Beaucerons inspirés par Stephen King
Pour leur première collaboration, Alexy Veilleux et Djordan Lemay, tous deux de Beauceville, ont réalisé un documentaire largement inspiré par Stephen King intitulé Le monde de Djordan.
Alexy est un réalisateur âgé de 20 ans et Djordan, un sculpteur et tatoueur de 29 ans. Ils ont une passion commune, le cinéma d’horreur. EnBeauce.com les a rencontrés pour découvrir l’envers du décor de leur projet ambitieux.
« La première fois que j’ai vu Djordan, c’était sur les réseaux sociaux. J’avais vu ces sculptures, son Chucky, et je capotais. Je suis fan des affaires d’horreurs et je voyais déjà que je voulais faire quelque chose avec lui ! Je voyais gros. Je l’ai contacté sur Facebook, je lui ai dit que j’avais un projet en tête. Puis on s’est rencontré et on a fait beaucoup de conceptions ensemble. On voulait faire un documentaire pas ordinaire, on voulait créer de quoi de jamais vu! », a confié le jeune réalisateur.
Il aura fallu près de trois mois aux deux passionnés pour préparer ce documentaire. Ils ont d’abord imaginé la conception de celui-ci et ont cherché à avoir les meilleures idées possible. « On a fait essentiellement de l’improvisation, on se parlait et les idées fusaient. Pendant que lui sculptait et que je filmais, on avait plein d’idées. Toute la journée on parlait de scénarios d’horreur. »
Rapidement, un lien de confiance solide et une complicité à toute épreuve se sont installés entre eux. « On se complétait sur tout, quand l’un avait une idée, l’autre la modifiait et vice versa. On a tout le temps été créatif ensemble et on voulait rendre les projets plus vivants », de dire Alexy. « Oui c’est ça, au lieu de juste exposer les sculptures, on a ajouté un scénario en arrière de tout ça », a répondu Djordan.
Les étapes de production
Avec des emplois du temps respectivement bien occupés, mais avec tout leur coeur, Alexy et Djordan ont mis trois à quatre mois pour réaliser le tournage des scènes d’horreurs et des entrevues.
« Des heures on en a mis en maudit, des nuits blanches ce n’est pas rien qu’une ou deux! », a précisé Alexy. « On a toujours eu du fun ! Même si des fois on était tannés on riait pareil. C’est un projet d’horreur, mais derrière la caméra on riait tout le temps. »
C’est leur instinct qui les a essentiellement guidés dans la réalisation de ce documentaire. Ils ont tourné les premières images alors que Djordan sculptait l’un de ses personnages. À ces occasions, ils ont beaucoup discuté et ont pu apprendre à mieux se connaître. C’est seulement au milieu du projet que l’interview de l’artiste a été enregistrée. De cette façon, les réponses sont plus naturelles puisque les deux personnes en avant et en arrière de la caméra avaient déjà installé une relation de confiance.
En ce qui concerne le montage final, le réalisateur a confié avoir une cinquantaine de versions différentes. « Au début, je n'avais pas montré le résultat à Djordan. Après il a vraiment aimé, mais on a voulu ajouter des détails. Il m’a beaucoup aidé, il était très honnête et il était là avec ses idées. »
« Je connais ma job, et lui connaît la sienne. On se complétait très bien », a spécifié Djordan.
Se donner les moyens de ses ambitions
Les deux collaborateurs ont réalisé leur projet avec «les moyens du bord» comme on dit. Avec peu d’espace et peu de budgets, ils ont réussi à créer de toute pièce, une ambiance sombre et digne de scènes cultes du cinéma d’horreur.
Ils ont notamment utilisé une machine à fumée que Djordan s’était acheté pour Halloween ainsi que des tuyaux et des ballons qui trainaient dans son garage. De son côté, Alexy avait son propre matériel pour la réalisation, une caméra, de quoi enregistrer le son et quelques éclairages.
« On voulait que ça ait vraiment l’air professionnel. On voulait montrer qu’avec très peu de moyens on peut quand même faire de quoi de beau ! L’important ce n’est pas ce que tu as en mains, mais ce que tu en fais », ont-ils conclu d’une même voix.
Les deux hommes ont ajouté qu'au-delà des inspirations, ce qui les a poussés à se donner à fond dans leur projet c’était de faire quelque chose de jamais vu en Beauce.
La scène finale
Pour ceux qui connaissent, la scène finale est une reproduction d’une célèbre scène de la série américaine The walking dead. Dans la version originale, Negan, le « méchant », tue deux des personnages principaux à l’aide d’une batte de baseball qu’il appelle Lucille et prend un malin plaisir à le faire. Pour les fans de la série, c’est un passage très marquant.
« On était en train de sculpter et on ne savait pas trop comment on allait finir le documentaire. De fil en aiguille je disais que moi, après avoir fini une sculpture, l’argile ne me sert plus à rien alors je le jette à la poubelle. Un peu plus tard dans la semaine j’ai eu un flash! Je suis fan de The walking dead et je me suis dit qu’on pourrait l’éclater en créant une cinématique qui amènerait autre chose au documentaire. Alors ensemble on a élaboré ça », a témoigné le sculpteur.
Djordan a pris ce passage très à cœur, il a lui-même fabriqué Lucille. Pour reproduire au mieux cette scène et terminer le documentaire sur une note spéciale, il a notamment étudié les mimiques du personnage de Negan. Ils ont tâché de filmer de la même façon et d’installer un décor qui soit pratiquement identique.
Le tournage de ces quelques minutes a d’ailleurs marqué les deux amis qui se rappellent avoir fini bien plus tard que prévu.
« On a fini de la tourner vers 4h du matin. C’était la scène la plus traumatisante », de dire Djordan en riant. « On était naïf, on était sûr de finir ça à minuit, mais rendu à 4h du matin on était brûlé raide! Il y a même un gars qui est passé en pick up et qui nous a vu, Alexy couché à terre essayant de filmer et moi armé d’une batte de baseball. J’étais vraiment gêné! On faisait exprès de faire ça tard le soir pour qu’il n’y ait personne dans la rue, mais finalement il y a eu quelqu’un qui est passé à 3h du matin. »
En plus de cela, une fois rentrés, ils se sont finalement rendu compte qu’une partie des images étaient à refaire. « Des fois on regarde sur la caméra ça a l’air super et finalement rendu sur l’ordinateur ça ne va pas », s’est souvenu l’acteur.
Ils ont donc réinstallé leur décor pour refaire quelques images. « C’était une niaiserie, mais une niaiserie qui fait la différence. On cherchait la perfection tout le temps. On refaisait toujours les scènes qu’on trouvait moins bien », s’accordaient-ils.
Une porte vers l’avenir
Les deux artistes ont déjà 13 000 vues de leur vidéo publiée sur Facebook le 11 octobre, alors qu’ils en attendaient entre 4 000 et 5 000. « On avait peur que les gens ne suivent pas parce que c’est un projet d’horreur. Mais ce n’est pas non plus juste un documentaire d’horreur, parfois c’est drôle, inspirant et touchant. C’est plein de genres mixés ensemble », ont-ils expliqué.
Fiers de ce documentaire, ils sont ouverts à le présenter à des concours par exemple, si l'occasion se présentait. Pour eux ce n’est que le début, ils se laissent les portes ouvertes, que ce soit par rapport à la sculpture pour Djordan ou pour le cinéma avec Alexy. C’est un peu comme leur CV cette vidéo.
« On travaille vraiment avec notre âme ! Ce n'est pas un travail, c’est un mode de vie. Si on a la chance de faire autre chose, on se lancera. On est tellement un bon duo, pourquoi on arrêterait ça là ?! »
Découvrez Le monde de Djordan dans la vidéo ci-dessus.
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