Éditorial
La Ville de Saint-Georges prend-elle suffisamment soin de son patrimoine?
La Ville de Saint-Georges a annoncé lors du dernier conseil que la maison Lacroix sera démolie et que le terrain sur lequel celle-ci est érigée sera conservé pour d’éventuels projets dans un avenir rapproché.
N’étant pas classée patrimoniale, la bâtisse datant d’il y a près d’un siècle subira ainsi le même sort que bon nombre de maisons laissées à l’abandon.
Selon la Société historique Sartigan, la résidence aurait été construite vers 1915 par le marchand Joseph Gagné. Quelques années plus tard, Henri Lacroix, fils d’Édouard Lacroix, en fait l’acquisition. Puis, en 2009, la succession familiale procède à la vente du terrain et des maisons qui s’y trouvent, dont la maison Veilleux qui a été démolie en 2013. La Ville de Saint-Georges, nouvellement propriétaire, souhaitait à cette époque conserver le terrain en vue du projet de complexe culturel. Au lendemain de cette vente, le maire Roger Carette affirmait que la municipalité étudiait la possibilité de déplacer la maison, dite des Lacroix, près de la 10e Avenue (à l’arrière de l’église l’Assomption) pour en faire un local pouvant accueillir des organismes communautaires.
Laissée à l’abandon depuis quelques d’années, la maison est aujourd’hui dans un état lamentable en raison d’infiltrations d’eau à plusieurs endroits et de saccages perpétrés lors des nombreuses introductions par effraction. D’ailleurs, la municipalité a été contrainte d’y installer un système d’alarme vu la fréquence d’introductions sur les lieux. Selon le maire de Saint-Georges, Claude Morin, la Ville dépense en moyenne 10 000 $ annuellement dans cette bâtisse.
D’après les spécialistes déployés à la maison Lacroix, la présence d’amiante et l’état général des lieux nécessiteraient des sommes considérables afin de préserver l’édifice, somme qui n’a toutefois pas été dévoilée par la Ville lors de la dernière séance du conseil.
Le patrimoine à Saint-Georges
La maison Lacroix, qui en réalité devrait plutôt se nommer la maison Gagné, n’est pas classée comme étant un bien patrimonial, tout comme cela est le cas de l’édifice Bon-Pasteur dont la démolition s’est amorcée récemment.
Au cours des dernières années, Saint-Georges a vu disparaître quelques édifices jugés également « non patrimoniaux », mais qui relataient certainement son histoire, dont entre autres la vieille gare, qui a servi pour un exercice d'incendie, et l’Hôtel Maguire (Bellevue House), qui selon certains, aurait pu être sauvé si la ville avait désigné l'endroit comme faisant partie de son patrimoine.
Vient alors la question : qu’est-ce qui fait en sorte qu’un édifice soit classé patrimonial? Selon Daniel Lessard, vice-président de la Société historique Sartigan, la municipalité doit d’abord désigner le lieu auprès des différents paliers de gouvernement pour ensuite bénéficier de subventions. À la suite de cette démarche, s’il s’agit d’une résidence privée, le propriétaire doit alors signifier son accord.
M. Lessard croit que pour sauver ce qui reste des bâtiments ayant une pertinence historique à Saint-Georges, la Ville devrait former un comité qui aurait pour tâche de faire l’inventaire de toutes les maisons et édifices qui font partie de son patrimoine. Par la suite, ce même comité aurait comme responsabilité d’effectuer des recommandations auprès du conseil municipal afin de procéder à la désignation des lieux soulevant l’intérêt.
La Ville a-t-elle les moyens d’y aller d’elle-même dans la préservation de ses bâtiments sans se fier aux subventions? Comme le souligne M. Lessard, conserver le patrimoine peut s’avérer dispendieux tout dépendant des matériaux présents dans la bâtisse, puisque la restriction de conserver les lieux tels quels vient avec la désignation en question. C’est d’ailleurs l’aspect monétaire de la situation qui fait souvent reculer les propriétaires. « Des fois, c’est assez difficile pour une municipalité de s’impliquer directement dans la préservation de son patrimoine quand les bâtiments ne sont pas classés […] Mais par les temps qui courent, malheureusement, nous savons très bien que le gouvernement est en période de restrictions et l’argent ne coule pas à flot », indique Daniel Lessard.
S’il peut sembler normal pour certains de procéder à la démolition d’édifices anciens afin d’y aller de l’avant avec de nouveaux projets, une autre part de la population tient quant à elle à conserver ce qu’elle considère être son patrimoine, son identité. En ce sens, la responsabilité revient aux élus de préserver un certain équilibre entre la mémoire collective et les projets innovants afin que se poursuive, sans se répéter, l’histoire de la région.
Pour Daniel Lessard, le patrimoine et sa sauvegarde constituent un atout essentiel à la société. « Si vous ne savez pas d’où vous venez, vous ne saurez pas où vous irez », conclut-il.
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Selon vous, la Ville de Saint-Georges fait-elle suffisamment d’efforts pour préserver son patrimoine? Sans quoi, devrait-elle mettre en place un comité comme le suggère le vice-président de la Société historique Sartigan?
La Ville de Saint-Georges prend-elle suffisamment soin de son patrimoine?
Maison Lacroix, située à gauche de l’église l’Assomption
Maison Lacroix, située à gauche de l’église l’Assomption
Maison Lacroix, située à gauche de l’église l’Assomption
Maison Lacroix, située à gauche de l’église l’Assomption
Maison Lacroix, située à gauche de l’église l’Assomption
Maison Lacroix, située à gauche de l’église l’Assomption
Maison Lacroix, située à gauche de l’église l’Assomption
L'Édifice Bon-Pasteur dont la démolition s'est amorcée récemment.
L'Édifice Bon-Pasteur dont la démolition s'est amorcée récemment.
L'Édifice Bon-Pasteur dont la démolition s'est amorcée récemment.
L'Édifice Bon-Pasteur dont la démolition s'est amorcée récemment.
La démolition de l'Hôtel Maguire en novembre 2009.
La démolition de l'Hôtel Maguire en novembre 2009.
La démolition de l'Hôtel Maguire en novembre 2009.
30 commentaires
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Dans plusieurs villes ici et aux États-Unis, on préserve souvent les bâtiments en brique et autre et on les restaure pour donner un cachet aux centre-villes et non pas tout recouvrir de tôle blanche....
Démoliser moi sa S.V.P.
Merci!
P.S. Arrêter de penser au patrimoine c'est de l'argent garroché dans feu!!!
Claude Dutil
Il y a quelques semaines nous étions un groupe de personnes agées de 72 à 90 ans et avons discuté "amiante". Nous avons tous grandi dans des maisons bardées d'amiante (le mur derrière le poèle et en isolant) parce que c'était le matériau anti-feu idéal. Ça ne nous a pas fait mourir. Les religieuses du Bon Pasteur ont presque toutes vécu longtemps de même que leurs nombreuses pensionnaires.
Il y a sûrement une différence pour la santé entre travailler dans une mine et respirer la fibre d'amiante 8 heures par jour et le fait qu'il y en ait enfouie dans les murs. Cette folie collective d'enlever l'amiante à tout prix coûte des fortunes et personnellement je doute que ces investissements soient judicieux.
Une fille qui est née à la Station et qui y réside encore
Claude Dutil