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Il dure toujours, mon plus beau Noël

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12 décembre 2008
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Par Emile Maheu, Collaborateur spécial

Le professeur d’espagnol nous avait invités chez lui pour célébrer un Noël à l’espagnol. À l’occasion, chacun devait raconter une histoire de Noël.   Sonia, une jeune Haïtienne raconta :

En Haïti, dans le village de Dondon, nous vivions bien pauvrement ma famille et moi, 12 personnes dans une humble hutte. J’avais appris à lire et écrire au couvent des Sœurs du village. Juste en face du couvent, s’élevait le collège des Clercs de Saint-Viateur et j’avais par chance rencontré le frère Étienne de l’institution. Il était mon ami et à certaines occasions il m’avait donné de la nourriture et des vêtements pour mes frères et mes sœurs. Un jour, il me dit :
— Aimerais-tu correspondre avec une petite Canadienne?
— Ah! Oui.
— J’ai une petite-nièce de ton âge en Ontario et je suis sûr qu’elle aimerait correspondre avec toi. Tu pourrais lui écrire des phrases en créole. Elle serait épatée.

On est entrée en communication. Ma correspondante s’appelait Carole.
Comme on s’en est envoyé des lettres. Ça ne coûtait rien pour les poster, car le frère Étienne se chargeait de la livraison par l’intermédiaire de sa communauté.

Carole me parlait de son pays. J’étais surtout fasciné par les saisons qu’elle décrivait : le printemps et les fleurs, l’été et la chaleur, l’automne et les couleurs et l’hiver avec sa neige abondante. Je ne pouvais m’imaginer ce que c’était de la neige. Carole avait précisé :
« Ça ressemble à de la crème glacée et il y en a un mètre d’épais partout. On se roule dedans, on glisse dessus en traîneau, on fait du ski dans les côtes. C’est très propre, on en mange même. »

Tout ça, c’était l’inconnu pour moi. Elle me parlait des Fêtes, Noël tout blanc, si bien que j’en suis venue à désirer voir un Noël tout blanc. Carole m’écrivait qu’elle avait reçu pour étrennes de Noël une poupée qui disait « Maman » et bien d’autres choses sous l’arbre de Noël. Je lui répondis que nous avions été gâtés à Noël et que nous avions eu de la nourriture provenant de la Belgique et des vêtements usagés venant du Canada. Je lui disais comment j’étais heureuse pour elle qui avait eu une si belle poupée et j’ajoutais que jamais je n’aurais la grande joie de posséder un pareil bijou.

Notre correspondance durait toujours. Le Noël suivant, mes parents décident de faire un arbre de Noël pour le temps des Fêtes. C’était tout nouveau pour notre humble hutte. Dans un coin, un rameau maigrelet était décoré de quelques feuilles et morceaux de papier colorés. Nous étions en admiration devant cette nouveauté et la veille de Noël nous nous sommes couchés en rêvant de cadeaux, spécialement de nourriture et de vêtements. Jugez de notre surprise au matin de Noël de constater que durant la nuit notre arbre maigrelet s’était rempli de brillants, de ouate, de glaçons de boules multicolores. Une vraie féerie.

Une petite crèche sous l’arbre représentait la naissance du petit Jésus et tout près une cassette chantait des airs de Fêtes. « Ça bergers assemblons-nous, Les Anges dans nos campagnes, Il est né le Divin Enfant. »  Nous nous croyions au ciel. Et ce n’était pas tout. La table était garnie de bonne nourriture et à côté de l’arbre il y avait une pile de vêtements usagés pour les enfants. En dépliant les pantalons, mes frères trouvent des jouets, des petits camions en plastique, des avions, des animaux de toutes sortes.  Ce sont des cris de joie par toute la maisonnée. Papa et maman regardent notre étonnement les larmes aux yeux. Je tends la main pour attraper une belle petite robe bleue qui semble à mon point quand soudain j’entends une petite voix qui dit : « Maman». Je recule, étonnée. Je renouvelle le même geste et la voix reprend encore : « Maman».  Je soulève la robe et j’aperçois couchée par terre la plus belle poupée du monde.

Je la prends dans mes bras et j’ai peine à la voir tellement mes yeux sont voilés par les larmes. Sur un petit billet, je lis : À Sonia, du père Noël d’Azilda.

Jugez de ma surprise quand je découvre que la poupée avait toutes les caractéristiques de celle que Carole m’avait décrite. Pas un moment je n’ai douté. Elle venait de Carole et ce fut confirmé lorsque le frère Étienne est venu en matinée chercher son enregistreuse. Il en avait besoin pour enregistrer la messe qui allait être chantée à l’église en ce matin de Noël.
Toute la famille s’est rendue à l’église de Dondon ce jour-là et nous avons remercié l’Enfant Jésus de la crèche.

Pendant l’office, je me suis mise à penser :
— Frère Étienne a passé deux mois au Canada l’été dernier. J’ai mis deux plus deux ensemble et j’ai compris. C’est ça mon histoire de Noël.
Le silence complet qui s’est fait dans la pièce est rompu par le professeur :
— Qu’est-il advenu de Carole, ta correspondante?
— Elle est assise au bout du divan. Grâce à Carole et à la générosité de ses parents, j’ai pu venir au Canada parfaire mes études d’infirmière. J’ai enfin connu des beaux Noëls blancs. Mes études terminées, je retournerai en Haïti aider mes semblables.

J’ai intitulé mon histoire : Il dure toujours, mon plus beau Noël.
Dans la chambre que nous partageons, Carole et moi, il y a entre nos deux lits un petit berceau d’où chaque soir une petite voix nous appelle : « Maman! »

Il dure toujours, mon plus beau Noël

Noël-Haïti
Le professeur d’espagnol nous avait invités chez lui pour célébrer un Noël à l’espagnol. À l’occasion, chacun devait raconter une histoire de Noël.   Sonia, une jeune Haïtienne raconta :

En Haïti, dans le village de Dondon, nous vivions bien pauvrement ma famille et moi, 12 personnes dans une humble hutte.  J’avais appris à lire et écrire au couvent des Sœurs du village. Juste en face du couvent, s’élevait le collège des Clercs de Saint-Viateur et j’avais par chance rencontré le frère Étienne de l’institution. Il était mon ami et à certaines occasions il m’avait donné de la nourriture et des vêtements pour mes frères et mes sœurs. Un jour, il me dit :
— Aimerais-tu correspondre avec une petite Canadienne?
— Ah! Oui.
— J’ai une petite-nièce de ton âge en Ontario et je suis sûr qu’elle aimerait correspondre avec toi.  Tu pourrais lui écrire des phrases en créole. Elle serait épatée.

On est entré en communication. Ma correspondante s’appelait Carole.
Comme on s’en est envoyé des lettres. Ça ne coûtait rien pour les poster, car le frère Étienne se chargeait de la livraison par l’intermédiaire de sa communauté.

Carole me parlait de son pays. J’étais surtout fasciné par les saisons qu’elle décrivait : le printemps et les fleurs, l’été et la chaleur, l’automne et les couleurs et l’hiver avec sa neige abondante. Je ne pouvais m’imaginer ce que c’était de la neige. Carole avait précisé :
« Ça ressemble à de la crème glacée et il y en a un mètre d’épais partout. On se roule dedans, on glisse dessus en traîneau, on fait du ski dans les côtes. C’est très propre, on en mange même. »

Tout ça, c’était l’inconnu pour moi. Elle me parlait des Fêtes, Noël tout blanc, si bien que j’en suis venue à désirer voir un Noël tout blanc. Carole m’écrivait qu’elle avait reçu pour étrennes de Noël une poupée qui disait « Maman » et bien d’autres choses sous l’arbre de Noël. Je lui répondis que nous avions été gâtés à Noël et que nous avions eu de la nourriture provenant de la Belgique et des vêtements usagés venant du Canada. Je lui disais comment j’étais heureuse pour elle qui avait eu une si belle poupée et j’ajoutais que jamais je n’aurais la grande joie de posséder un pareil bijou. Notre correspondance durait toujours.

Le Noël suivant, mes parents décident de faire un arbre de Noël pour le temps des Fêtes. C’était tout nouveau pour notre humble hutte. Dans un coin, un rameau maigrelet était décoré de quelques feuilles et morceaux de papier colorés. Nous étions en admiration devant cette nouveauté et la veille de Noël nous nous sommes couchés en rêvant de cadeaux, spécialement de nourriture et de vêtements. Jugez de notre surprise au matin de Noël de constater que durant la nuit notre arbre maigrelet s’était rempli de brillants, de ouate, de glaçons de boules multicolores. Une vraie féerie.

Une petite crèche sous l’arbre représentait la naissance du petit Jésus et tout près une cassette chantait des airs de Fêtes. « Ça bergers assemblons-nous, Les Anges dans nos campagnes, Il est né le Divin Enfant. »  Nous nous croyions au ciel. Et ce n’était pas tout. La table était garnie de bonne nourriture et à côté de l’arbre il y avait une pile de vêtements usagés pour les enfants.  En dépliant les pantalons, mes frères trouvent des jouets, des petits camions en plastique, des avions, des animaux de toutes sortes.  Ce sont des cris de joie par toute la maisonnée. Papa et maman regardent notre étonnement les larmes aux yeux. Je tends la main pour attraper une belle petite robe bleue qui semble à mon point quand soudain j’entends une petite voix qui dit : « Maman». Je recule, étonnée. Je renouvelle le même geste et la voix reprend encore : « Maman».  Je soulève la robe et j’aperçois couchée par terre la plus belle poupée du monde.
Je la prends dans mes bras et j’ai peine à la voir tellement mes yeux sont voilés par les larmes.  Sur un petit billet, je lis :
À Sonia, du père Noël d’Azilda.

Jugez de ma surprise quand je découvre que la poupée avait toutes les caractéristiques de celle que Carole m’avait décrite. Pas un moment je n’ai douté. Elle venait de Carole et ce fut confirmé lorsque le frère Étienne est venu en matinée chercher son enregistreuse. Il en avait besoin pour enregistrer la messe qui allait être chantée à l’église en ce matin de Noël.
Toute la famille s’est rendue à l’église de Dondon ce jour-là et nous avons remercié l’Enfant Jésus de la crèche.

Pendant l’office, je me suis mise à penser :
— Frère Étienne a passé deux mois au Canada l’été dernier. J’ai mis deux plus deux ensemble et j’ai compris. C’est ça mon histoire de Noël.
Le silence complet qui s’est fait dans la pièce est rompu par le professeur :
— Qu’est-il advenu de Carole, ta correspondante?
— Elle est assise au bout du divan. Grâce à Carole et à la générosité de ses parents, j’ai pu venir au Canada parfaire mes études d’infirmière. J’ai enfin connu des beaux Noëls tout blancs. Mes études terminées, je retournerai en Haïti aider mes semblables.
J’ai intitulé mon histoire :
Il dure toujours, mon plus beau Noël.

Dans la chambre que nous partageons, Carole et moi, il y a entre nos deux lits un petit berceau d’où chaque soir une petite voix nous appelle : « Maman! »

N.B. Par l’intermédiaire de l’auteur, É. Maheu, C.P. 298, Azilda (Ontario) POM IBO, vous pouvez faire parvenir des dons au rév. frère Étienne pour ses œuvres en Haïti.

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