Une fois, c'était au temps de la grande dépression, un temps de grande misère où il y avait bien des familles qui ne mangeaient pas à leur faim tous les jours.

Sur le trottoir, un petit garçon de huit ans, marche devant les vitrines des magasins en tenant sa petite soeur de six ans par la main. Ce qu'ils ont l'air misérable dans leurs vêtements usés et troués, leurs chaussures percées et peu habillés pour la température froide qui sévit. Les pauvres, ils grelottent de froid.

« Regarde Pierre! Regarde les joujoux et les bonbons dans la vitrine! », dit la petite fille en ouvrant grand ses beaux yeux bleus.
— Nous n'en avons pas eu à Noël, ni bonbons ni jouets. Depuis que papa est rendu au ciel, maman n'a pas assez de sous pour en acheter.
— Comme ils doivent être bons! Hummm! Rien qu'à les voir...
Et les pauvres continuent leur chemin en causant.
— Retournons à la maison, maman va s'inquiéter si on retarde.
— J'ai froid, hâtons-nous!

En passant devant l'église, les enfants voient une foule qui s'engouffre dans le temple, surtout des enfants de tout âge.
— Je me demande ce qui se passe à l'église aujourd'hui.
— Nous n'allons plus à l'église, parce que maman dit que nous sommes trop mal habillés et nous n'avons pas d'autres vêtements.
— On devrait entrer quand même pour se réchauffer. J'ai froid!
— Allons-y!

Et les deux enfants se mêlent à la foule.
À l'intérieur de l'Église, il fait chaud et le vicaire de la paroisse encourage les enfants à entrer.

— Approchez les enfants! Venez prier l'Enfant Jésus dans la crèche et ensuite prenez des bonbons bénits qu'on a préparés pour vous. Il y a aussi le gâteau des Rois pour les plus grands.

Timidement Pierre et Micheline s'agenouillent devant la crèche. Sur la balustrade ils voient un grand panier rempli jusqu'au bord de petits sacs de bonbons de toutes les couleurs imaginables.  Sur une table à côté est placé un immense gâteau glacé et décoré sur lequel une main experte a écrit : L'épiphanie, Gateau des Rois.

Pierre s'empresse de prendre un sac de bonbons bénits, mais Micheline y va des deux mains et en prend deux sachets. Le vicaire remarque :
— Un seul à la fois ma petite! Il faut en laisser pour les autres!
— Mon petit frère est resté à la maison. Il est trop petit et lui non plus il n'a pas eu de bonbons à Noël. Est-ce que je peux lui en apporter un sac?

Le vicaire attendri par la réplique et la question suppliante de la petite lui dit :
— Certainement ma belle, comment s'appelle-t-il ton petit frère?
— Il s'appelle Emmanuel.  Il a quatre ans et il est resté à la maison avec maman, parce qu'il a mal à la gorge.

— Emmanuel hein! Le même nom que le Petit Jésus. Tiens ma petite, apporte-lui des bonbons bénits de la part de l'Enfant Jésus. Ils vont soulager son mal de gorge. Prends aussi un gros morceau de gâteau pour ta maman. Vous allez en avoir assez pour votre dessert au souper.