Entrevue vidéo EnBeauce.com
La représentativité des éleveurs de porcs de niche est totalement ignorée — François Grenier-Gagné
La représentativité des éleveurs de porcs de niche est largement ignorée, tant dans les communications officielles que dans les programmes de soutien du syndicat des Éleveurs de porcs du Québec (ÉPQ).
C'est ce que soutient François Grenier-Gagné, directeur du développement et co-propriétaire, avec son frère Guillaume, de la ferme porcine Les Viandes d'autrefois, de Saint-Frédéric.
Dans une entrevue vidéo accordée à EnBeauce.com, il évalue que le regroupement applique un programme de retrait temporaire de la production porcine de manière rigide, décourageant les modèles innovants et pénalisant injustement les producteurs qui respectent pourtant l’objectif premier de réduire cette production porcine. Tout ceci, alors que le gouvernement du Québec promeut une agriculture durable et une économie circulaire.
Les frères Grenier-Gagné ont pourtant réduit leur production de plus de 80%, de 600 truies en maternité à seulement 100 truies en maternité et engraissement, dépassant largement les 50% exigés par le programme de retrait. «Pourtant, les ÉPQ rejettent notre demande de reconnaissance comme producteur de porcs de niche, sous prétexte que nous n’avons pas démantelé physiquement une partie de notre bâtiment, une exigence absurde pour un programme censé être temporaire», a expliqué l'éleveur beauceron.
Cette méthode d’évaluation «archaïque» est basée uniquement sur des pieds carrés plutôt que sur la réduction réelle des animaux. «C'est un non-sens flagrant: si nous avions gardé le même nombre de porcs, mais en pâturage extérieur, nous aurions été éligibles à l’aide, car leur calcul ignore complètement le nombre d’animaux!», s'est-t-il exclamé, signalant que le programme est conçu pour l’élevage traditionnel «des petits cochons roses.»
François Grenier-Gagné croit que son entreprise est victime d'iniquité, en raison d’un mode d’évaluation inadapté. Les Viandes d'autrefois mettent de 15 à 16 mois pour élever leurs porcs de race Berkshire et Mangalista, incluant des croisements, contre seulement six mois pour le porc conventionnel. «Nous avons demandé une exemption à la Régie (des marchés agricoles et alimentaires du Québec) mais elle est contestée par les éleveurs de porcs du Québec sous prétexte "d’équité”— alors même que l’équité devrait tenir compte des différences entre les modèles d’élevage. Rappelons qu’équité n’égale pas uniformité», a-t-il fait savoir.
Il saisira l’occasion de défendre son dossier d'entreprise, lors d’une séance publique de la Régie le 23 mai prochain, où il devra présenter des preuves et témoins. «Sans les ressources financières pour engager un avocat, nous nous retrouvons seuls face à un système rigide. Mais au moins, on va essayer», a conclu le producteur porcin.
Écoutez l'intégrale de l'entrevue vidéo avec François Grenier-Gagné, copropriétaire de l'entreprise Les Viandes d'autrefois.
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Les porcs Berkshire (photo de gauche) comptent parmi les deux races de niche élevées chez Les Viandes d'autrefois, une entreprise porcine de Saint-Frédéric dont on aperçoit le co-propriétaire, François Grenier-Gagné.
Les porcs Berkshire (photo de gauche) comptent parmi les deux races de niche élevées chez Les Viandes d'autrefois, une entreprise porcine de Saint-Frédéric dont on aperçoit le co-propriétaire, François Grenier-Gagné.
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