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En Chaudière-Appalaches et dans la province

Intoxications préméditées dans les bars: comment s'en prémunir?

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1 mai 2024
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Germain Chartier
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Par Germain Chartier, Journaliste

Avec le retour de l'été, des sorties entre amis dans les bars et la saison des festivals qui débute, la population de la Beauce et plus généralement celle du Québec est en proie à un véritable fléau : l'intoxication involontaire par la drogue.

Si le phénomène n'a rien de nouveau, l'importance de la sensibilisation à l'aube de la saison estivale est primordiale. Entre initiatives gouvernementales récentes et actions locales de prévention, le territoire se mobilise pour sécuriser ses nuits et protéger ses citoyens.

Une chose est sûre, même si le phénomène est bien réel, aucune institution au niveau provincial, aucun établissement de santé et aucune organisation n'est capable d'apporter des chiffres sur la table. La raison:  le manque de données lié à l'incertitude des victimes quant à une potentielle intoxication.

« Ce qu'il faut comprendre avec la drogue du viol, c'est que les gens restent dans l'incertitude et il y a souvent une très grande facilité à dire "j'étais fatigué, j'ai eu une grosse semaine, j'ai peut-être pris un shooter de trop" et ça reste très nébuleux pour les personnes touchées », a lancé Marie-Pier Brousseau, directrice générale et responsable de la protection des renseignements personnels du Centre d'Aide et de Lutte contre les Agressions à Caractère Sexuel (CALACS).

Situé à Saint-Georges, le CALACS Chaudière-Appalaches a pour mission d'accompagner les victimes d'agressions sexuelles et leurs proches, mais aussi un volet prévention/sensibilisation, essentiel pour informer la population.

« On a une clientèle de tous âges et on dessert la MRC des Etchemins, les trois MRC de la Beauce et la MRC des Appalaches. On a une présence très assidue dans les milieux scolaires, mais aussi dans les OBNL et dans les entreprises. On est capable de monter des formations et des ateliers sur mesure pour répondre aux besoins des différentes organisations », a expliqué Marie-Pier Brousseau.

Des campagnes de sensibilisation essentielles

Afin de pouvoir proposer un premier outil pour faire face à ce fléau, le CALACS a lancé, en juin 2023, la campagne « Teste c'que tu ne peux pas voir ». Le but est de distribuer des tests dans les bars et sur les festivals, pour que les personnes qui ont un doute sur le contenu de leur verre puissent vérifier instantanément la présence de drogue ou non.

« Notre but n'est pas d'être alarmiste, mais simplement de dire aux gens qui sortent dans les bars ou les festivals, qu'ils ont un outil qui peut être sécurisant. Ce n'est pas une preuve hors de tout doute au tribunal, mais c'est un moyen de dire que si on pense avoir quelque chose dans son verre, on peut le tester, et si ça tourne au bleu, ça veut dire qu'il y a quelque chose d'anormal », a détaillé Marie-Pier Brousseau.

Également conscient du problème, le gouvernement du Québec a mis en place, depuis le 1er décembre 2023, une trousse urinaire légale, dans l'intégralité des Centres Intégrés de Santé et de Services Sociaux (CISSS) de son territoire.

Mais une trousse urinaire légale, qu'est-ce que c'est au juste ? C'est un outil qui permet de détecter les traces d'intoxication aux substances psychoactives, dont le GHB (aussi appelé drogue du viol), dans l'urine. Le but est de pouvoir faciliter le signalement des agresseurs auprès des corps policiers pour les victimes, et surtout de mieux les accompagner.

« Notre réseau de la santé doit s'adapter et faire preuve de sensibilité par rapport aux réalités d'aujourd'hui. Notre rôle est d'offrir aux Québécoises et Québécois les outils dont ils ont besoin rapidement dans des situations de crise. C'est pourquoi nous agissons afin que chaque personne puisse être accompagnée adéquatement et efficacement », avait informé Christian Dubé, ministre de la Santé, lors de cette annonce.

« Le phénomène des intoxications à l'insu des personnes est préoccupant. Je trouve rassurant que les victimes puissent désormais recourir à un service rapide et organisé pour les aider. De meilleurs outils de détection nous permettront de mieux documenter le phénomène, de le prévenir et, surtout, de mieux soutenir les victimes », avait ajouté Martine Biron, ministre des Relations internationales et de la Francophonie et ministre responsable de la Condition féminine.

Information importante à prendre en note et à titre d'exemple, le GHB demeure détectable dans les 10 à 12 heures suivant l'intoxication. En ce sens, il est recommandé, pour les victimes présumées, de se rendre rapidement à n'importe quelle urgence pour faire la demande de cette trousse.

Ainsi, la personne pourra également recevoir de l'information sur les intoxications involontaires, notamment que l’intoxication à l’insu d’autrui est un acte criminel et qu’elle peut être déclarée à la police.

Une collaboration entre les bars et le ministère de la Sécurité Publique

Contacté par EnBeauce.com, le Ministère de la Sécurité Publique (MSP) du Québec, a confirmé la tendance actuelle, menant à davantage de prévention en renforçant notamment la collaboration entre les bars et la police.

« Dans le cadre de la mesure 1.4. des mesures clés précitées, les corps de police du Québec ont réalisé, entre le 15 janvier et le 11 février 2024, des activités de sensibilisation sur l’intoxication d’une personne à son insu à l’intention du personnel d’établissements détenteurs de permis d’alcool », a informé le MSP.

« Cette initiative a permis aux policiers concernés de visiter un total de 1 433 établissements et de rencontrer plus de 3 480 personnes à travers le Québec. Les corps de police ont également médiatisé leurs actions dans les médias régionaux et locaux, de même que sur les médias sociaux ».

« Commander un Angelot pour rester en sécurité »

Un des programmes réalisés en collaboration entre le MSP et les établissements nocturnes est « Commande un Angelot ». Ce dernier vise à lutter contre le harcèlement et les violences sexuelles dans les bars et les événements festifs ou sociaux. Néanmoins, il peut aussi être utilisé pour demander de l'aide au personnel dans le cadre d'une intoxication.

Les établissements accrédités ont fait suivre une formation à leurs employés afin de pouvoir suivre un protocole bien défini en cas de besoin. Ainsi la victime peut aller au comptoir pour « commander un Angelot » dans le cas où elle ne se sentirait pas en sécurité ou pour aider une autre personne. Les établissements participants affichent un panneau d’information visible et clair dans leurs toilettes ainsi qu’un autocollant sur leur porte.

Le 21 juin 2023, le MSP a également dévoilé 11 mesures clés axées sur la bienveillance, afin d'assurer un environnement sécuritaire pour tous, qu'il est possible de consulter en détail ici. En date du 2 avril dernier, le ministère a confirmé que l'ensemble de ces mesures avaient été réalisées.

De plus, le MSP encourage les bonnes pratiques pour accompagner et sécuriser au mieux une personne qui a subi une intoxication involontaire. Il recommande par exemple d'amener la personne dans un endroit sécuritaire tout en prenant connaissance de son état pour mieux déterminer ses besoins. L'intégralité de ces conseils sont disponibles ici.

Face à la menace sournoise des intoxications involontaires dans les bars et lieux de vie nocturne de la Beauce, de la région Chaudière-Appalaches et même de toute la province, les organismes de soutien aux victimes comme le CALACS, les ministères gouvernementaux et les forces de police sont présents pour proposer des solutions.

Les initiatives mises en avant, qu'il s'agisse de campagnes de sensibilisation, de trousses urinaires légales, ou de programmes comme « Commande un Angelot », sont des pas concrets vers la sécurisation des soirées. Toutefois, la réalité complexe de ces intoxications requiert également une vigilance constante et une collaboration accrue entre tous les membres de la communauté.

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