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Entretien avec Cathy Fecteau

Itinérance: le nerf de la guerre c’est le logement

durée 17h00
7 février 2024
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Léa Arnaud
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Par Léa Arnaud, Journaliste

La crise du logement s’intensifie depuis quelques années et les personnes en situation d’itinérance en paient le prix fort. 

Pour l’organisme d'hébergement Au Bercail, établi à Saint-Georges, cette problématique est au cœur des préoccupations. « Ma porte est tout le temps ouverte et avant j’entendais “Yes, je me suis trouvé une chambre”, après des fois deux-trois jours. Ils allaient sur internet, ils passaient une couple de téléphones et avaient un rendez-vous. Mais aujourd’hui j’entends plus ça. Ce que j’entends c’est “il n’y a rien, il n’y a rien, je vais rechecker encore demain”...», a expliqué la directrice Cathy Fecteau, en rencontre avec EnBeauce.com

Cet hébergement est temporaire, les résidents peuvent normalement rester 30 jours. Mais face à la difficulté actuelle, certains sont là depuis 60 à 70 jours. « Il y a quand même un bon roulement, heureusement. Je fais confiance à la vie. Mais c’est sûr que si on a un appel d’une personne de l’extérieur qui a un toit et qui veut venir à Saint-Georges, on lui dit “on n’a pas de lit, on est serré, si tu as un toit perd-le pas! » En effet, le marché est de plus en plus restreint à Saint-Georges alors que les gens cherchent à s’en rapprocher, notamment des personnes qui ont des suivis à l’hôpital ou qui y reçoivent des services. 

Plusieurs édifices à logements ont brûlé dans les dernières années, notamment un bloc dont le Bercail avait une belle entente avec le propriétaire. Cela complexifie aussi la situation. « Oui il y a des entrepreneurs qui vont reconstruire, mais quand on regarde c’est plutôt 1 000 ou 1 200 par mois, ce n’est pas destiné à notre clientèle. Aussi, ces appartements se louent très très rapidement. »

C’est sûr qu’il y a plusieurs facteurs à l’augmentation de l’itinérance, mais c’est sur que le logement vient en premier. « Les gens se découragent. »

L’itinérance n’a pas de visage

« On se fait souvent demander s’il y a beaucoup de gens de Montréal ou de l’extérieur, mais la réponse est non. On en a, mais c'est un faible pourcentage. Chez nous aussi il y a de l’itinérance, personne n’y est à l’abri. Ça fait quand même une vingtaine d’années que je travaille ici et chaque histoire est différente. J’ai vu des personnes vraiment différentes, il y en a de tous les âges », a expliqué Cathy Fecteau.

Selon un dénombrement qui a eu lieu en octobre 2022, ici, en Chaudière-Appalaches, on dit que la première raison pour laquelle les gens ne trouvent pas de logement c’est les problèmes de maladie mentale, vient ensuite l’accessibilité aux logements et les problèmes de dépendances. « Une personne qui a un revenu d’aide sociale de base, elle regarde ses options et si elle trouve quelque chose, elle y va, mais elle n’a plus de quoi manger. C’est difficile. »

Force est de constater que l’itinérance visible est de plus en plus présente en ville, contrairement à il y a quelques années, mais l'itinérance cachée demeure tout de même présente également. 

L'itinérance cachée c'est lorsqu'une personne n’a pas de domicile fixe et qu'elle vit chez des amis, ou quelqu’un qui n’est pas dans un logement adéquat, ni salubre, et pour qui l’hébergement n’est pas assuré. 

Travailler ensemble

Il y a une table des organismes communautaires de la région qui travaille sur l’itinérance, sous la responsabilité du CISSS de Chaudière-Appalaches, dans laquelle il y a le Bercail ainsi que des organismes de Lévis, de Thetford Mines et de Montmagny. Ensemble, ils se forment, ils échangent, cherchent comment s’adapter à la situation et essaient de faire preuve d’imagination. 

D’ailleurs, sous l’exemple de Saint-Georges, ces trois villes ont elles aussi ouvert des Accueils inconditionnels. Il s’agit d’un lieu de socialisation où les gens peuvent de l’accompagnement dans les démarches liées au logement, au revenu ou à la sécurité alimentaire. Ils ont également accès à des ordinateurs et des téléphones. Ils peuvent aussi participer à des activités diverses, comme le café-rencontre par exemple.

« On va vers les clients au lieu d’attendre qu’ils rentrent dans les services conventionnels. C’est vraiment le fun qu’on ait inspiré la création de ces endroits régionalement. C’est gagnant avec les clients! »

Notons que l'Accueil inconditionnel de Saint-Georges fête ses 12 ans ce mois-ci. 

« Quand on voit une personne un peu différente, qu’on voit qu’elle ne l’a pas facile, il ne faut pas l’ignorer. On ne fait pas semblant qu’on ne la voit pas. Ces personnes-là elles ont toutes un rêve, quelque chose, juste un sourire, ça peut changer leur journée », de conclure la directrice.

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