SÉCURITÉ ROUTIÈRE | Vers une criminalisation de l'usage du cellulaire au volant ?
Par Stéphane Quintin, Journaliste
Dans le cadre de la refonte du Code de la sécurité routière prévue par Québec, l'organisme CAA-Québec (Automobile Club of Canada), acteur important dans le domaine, a livré le 7 novembre dernier plusieurs recommandations à la Commission des transports et de l'environnement du Parlement, en réponse à un mandat d'initiative sur l'utilisation du cellulaire au volant. Le durcissement des sanctions envers les récidivistes a été mis en avant, avec des possibilités de criminaliser l'emploi du téléphone portable au volant, dans certaines conditions.
L'une des principales mesures avancées par l'organisme serait d'envisager une hausse graduelle des points d'inaptitude pour les récidivistes, qui passeraient de quatre à six dès la deuxième infraction, ce qui pourrait entraîner la suspension du permis de conduire à partir de la troisième offense en deux ans. Selon la vice-présidente communications et affaires publiques chez CAA-Québec, Sophie Gagnon, une telle mesure pourrait produire des effets dissuasifs plus forts qu'une simple hausse de l'amende.
« Il est temps de sonner la fin de la récréation pour les accros du texto et d'adopter un train de mesures pour endiguer le problème », a déclaré Mme Gagnon.
Selon cette dernière, « mettre l'accent sur les points d'inaptitude, c'est cibler directement le privilège de conduire. Au-delà de la contribution d'assurance qui augmenterait selon le nombre de points accumulés, un conducteur récidiviste reconnu coupable à l'intérieur d'une période définie pourrait perdre ce privilège ». Effectuant un parallèle avec le fléau de l'alcool au volant, Sophie Gagnon souhaite mettre un terme une fois pour toutes à la banalisation du geste. « Que ce soit l'alcool ou les textos au volant, ce sont des comportements socialement répréhensibles et potentiellement fatals. Ces comportements n'ont pas leur place derrière le volant et il faut agir en conséquence », a-t-elle affirmé.
« Le jour où l'on a déclaré que "l'alcool au volant, c'est criminel ! ", on a commencé à voir des améliorations »
Parmi les recommandations de CAA-Québec en commission parlementaire, l'organisme a mis en avant la possibilité d'une discussion avec le gouvernement fédéral sur la possibilité de rendre criminel l'usage du cellulaire au volant lorsque son utilisation entraîne des blessures graves, voire un décès. « Changer des comportements pour le mieux, en sécurité routière, c'est comme une recette de gâteau. Ça prend trois ingrédients : de la sensibilisation, des lois et de la coercition. Malheureusement, le gâteau ne lève pas présentement. Il faut revoir la recette et ajouter notamment une bonne tasse de coercition », a expliqué Marco Harrison, le directeur de la Fondation CAA-Québec, vouée à la sécurité routière.
Quelques chiffres avancés par l'organisme CAA-Québec
- Près de 26% des accidents sont causés par l'utilisation du téléphone.
- Un conducteur qui texte au volant est 23 fois plus susceptible d'être impliqué dans une collision qu'un conducteur attentif.
- Les conducteurs utilisant leur téléphone au volant ne voient que 50% de l'information présente dans leur environnement visuel.
- Entre 2011 et 2015, selon la SAAQ, 124 décès et 686 blessés graves ont été causés par la distraction au volant.
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