« Je ne suis pas différent des autres » - William Boutin
Par Alex Drouin, Journaliste
Pour William Boutin, passer sa vie sans ses bras fait partie de son quotidien.
Lorsqu’on lui a demandé s’il conservait une certaine colère d’être né avec le syndrome TAR, c’est-à-dire qu’il n’a pas de radius, il a assuré que non. « Je n’ai jamais eu de bras alors je ne sais pas ce que je manque », a dit en haussant les épaules le jeune homme de 18 ans. Le syndrome TAR est une rare maladie génétique au niveau du sang et du squelette.
Attirer l’attention en raison de son handicap n’est vraiment pas son genre. Pas du tout.
Lorsqu’EnBeauce.com lui a demandé s’il pouvait réaliser avec lui, il était gêné. Il a tout de même accepté de parler de son quotidien.
Étudiant en dessin industriel au Centre intégré de mécanique industrielle de la Chaudière, il assure qu’il est comme tout le monde. « Ce n’est pas parce que j’ai un handicap que je suis différent des autres », dit-il avec conviction.
À son poste de travail, il tape à l’ordinateur avec une seule main à un rythme plutôt rapide. Sur son cellulaire, il est capable de texter aussi rapidement que n’importe qui étant donné que les touches du clavier sont plus rapprochées. Lorsqu’il ouvre une porte, il se sert de son corps pour pousser la poignée et lorsqu’il va à la salle de bain, il a besoin d’un bâton d’habillage. « Ça me prend un peu plus de temps que les autres », a-t-il reconnu, sourire en coin.
Au secondaire, il a pratiqué la plupart des mêmes sports que ses camarades de classe à l’exception du basketball. Il a même joué au volleyball en se servant de sa tête et de ses pieds.
Et, comme les jeunes adultes de son âge, il a hâte d’avoir sa propre voiture. Une voiture qui sera légèrement modifiée afin d’être plus adaptée à son handicap. Par exemple, tous les pitons qui peuvent se retrouver sur le volant seront sur la portière gauche.
Bien conscient que son handicap peut attirer les regards, il n’a jamais entendu de remarques désobligeantes ou blessantes. Or, il peut arriver que les enfants le scrutent des pieds à la tête. « Des fois, ils me lancent des regards étranges », a-t-il constaté au fil des années.
Au Québec, William croit être le seul dans cette situation. « Il y en a des semblables, mais je suis le seul comme moi », a-t-il dit à propos des personnes qu'il croise lors des réunions annuelles des Amputés de guerre.
Des conférences, peut-être un jour
William a répondu à toutes nos questions de façon calme et réfléchie. Il lui arrivait parfois de prendre quelques secondes afin de bien formuler ses réponses.
Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait un jour donner des conférences sur sa situation, et par la même occasion inspirer certaines personnes, il a eu besoin d’environ 30 secondes pour répondre.
« Peut-être un jour. On verra, a-t-il murmuré. Je ne suis pas encore rendu à cette étape. »
Certes, il a accepté son handicap depuis longtemps, mais ce n’est tout simplement pas dans sa nature d’en parler ouvertement. En revanche, il se doutait bien qu’en parlant publiquement de son histoire à l'auteur de ces lignes, il allait inspirer d’autres personnes, qui pouvaient se trouver dans une situation semblable à la sienne.
4 commentaires
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.