Mes quinze minutes de bonheur dans les nuages
Depuis ma tendre enfance, mes parents me demandaient souvent si j’avais la tête dans les nuages. Le 23 juin 2010, j’avoue que, pour la première fois de ma vie, j’ai vraiment eu la sensation d’avoir eu la tête dans les nuages et à mon avis ce n’est pas très loin du septième ciel. En effet, j’ai eu le privilège de survoler la ville de Saint-Georges dans un avion de chasse chinois, le Nanchang. J’étais en compagnie du pilote expérimenté et fort sympathique, Daniel Fortin. Ce n’était pas mon baptême de l’air, mais j’en suis ressorti bien satisfait de ce premier vol acrobatique à la veille de l’Aérofête Hyundai.
Une attente interminable
Ce matin, j’avoue que j’étais un peu angoissé à l’idée que j’embarque dans un avion acrobatique. Je suis arrivé tôt au boulot comme d’habitude, mais j’ai eu du mal à rédiger mes articles pensant à l’aventure que j’allais vivre. Après tout, j’ai pris l’avion seulement quatre fois dans ma vie. J’avais apprécié l’expérience, mais, dans un Air Jazz, c’est spacieux et confortable et beaucoup moins impressionnant. Je me suis donc dépêché à faire un arrêt à la maison pour y cueillir ma conjointe, Marie Pier Fleury, avant de me pointer à l’aéroport. Deux de mes confrères journalistes, Carl Boucher de MIX 99,7 et Pascal Gourdeau du Journal de la Beauce, et moi devaient se rendre à l’aéroport vers les 9 h 30. Nous avions rendez-vous avec un certain, Kendal Simpson, pilote anglophone originaire du New Jersey aux commandes d’un Pitts Model 12.
À notre arrivée à l’aéroport, on nous informe d’abord qu’il y aurait un peu de retard en raison de la météo. L’objectif était de nous offrir un voyage dont nous nous souviendrons de toute notre vie. Alors que nous attendions patiemment tout en imaginant divers scénarios, le comité organisateur de l’Aérofête nous fait signer une décharge question de nous rassurer. J’avoue qu’à partir de ce moment, l’attente a été longue.
Plusieurs performeurs nous sont présentés par le coordonnateur de l’événement, Michel Cliche. Parmi ceux-ci, on retrouve notamment Kendal Simpson, la wingwalker, Carol Pilon et un autre pilote Daniel Fortin avec qui on me propose de voler. J’ai accepté cette proposition afin de vivre une expérience différente de mes collègues.
Donc, j’ai pu faire connaissance avec ce véritable passionné d’aviation. Originaire de Victoriaville, Daniel Fortin cumule plusieurs années d’expérience de vol ayant effectué son baptême de l’air en 1984. Après un court séjour chez les militaires, il pilote un Challenger et dans ses temps libres, il s’amuse avec son jouet favori : le Nanchang. C’est avec plaisir qu’il m’a décrit et fait visiter cet avion militaire chinois.
Conçu dans les années 1950, ce type d’appareil a effectué son premier vol en 1958. Notons que le modèle dans lequel j’allais embarquer a été construit en 1967. Doté d’un moteur radial d’une puissance de 400 forces, l’avion peut atteindre les 250 kilomètres/heures. Ce type d’appareil est toujours en production en Chine. Il sert d’avion d’entraînement pour l’aviation militaire chinoise. Aux dires du pilote Fortin, il est simple à piloter et facile à manœuvrer, détenant une autonomie d’essence d’environ deux heures et demie de vol.
Après cela, j'ai pu me familiariser avec le cockpit de l'avion. Daniel Fortin me décrit la marche à suivre. J’ai appris comment communiquer avec les écouteurs et surtout comment sortir de l’avion en cas d’urgence. Contrairement à certains avions, le Nanchang n’est pas équipé d’un petit bouton «eject ». Il faut d’abord faire glisser la cabine, sortir du cockpit et sauter de l’aile pour espérer atterrir dans de bonnes conditions avec l’aide du parachute fixé à mon dos. Malgré ces dernières consignes, tout va bien et je crois que mon cœur palpite à un rythme régulier.
Alors que l’heure du dîner approche, les pilotes Daniel Fortin et Kendall Simpson font le ravitaillement… à la cantine. Moi, j’ai préféré m’en tenir à ma bouteille d’eau… Vers midi, les deux pilotes sont prêts à prendre leur envol. Carl Boucher va dans le Pitts Model 12 alors que je me dirige d’un pas sûr dans le Nanchang. J’enfile mon parachute et je m’installe dans le cockpit pour vivre la balade de ma vie.
Une expérience enivrante
La ceinture bien bouclée, je sens déjà l’adrénaline monter en moi. Le moteur bien réchauffé, on roule sur la piste et l’avion a pris son envol soudainement dans le ciel nuageux de Saint-Georges. L’avion de Kendall était juste derrière nous et l’on pouvait voir une longue traînée de fumée derrière lui. J’étais bouche bée. Notre ascension dans les nuages a été formidable, j’avais la sensation de pouvoir les toucher tellement qu’ils étaient près de moi. De plus, le cockpit n’étant pas refermé complètement, mes cheveux flottaient au vent. À un certain moment, mes écouteurs tenaient difficilement en place en raison des bourrasques. J’ai dû les tenir fermement, mes écouteurs d’une main. De l’autre main, j’immortalisais sur une minicaméra HD mon périple à bord du Nanchang. Le seul point négatif de cette balade a été le bruit intense qui m’empêchait de bien communiquer avec Daniel pendant le vol.
Dans les airs, il fait très drôle de voir le paysage. Après une virée en direction de Saint-Benoît nous nous sommes dirigés vers le secteur urbain de Saint-Georges question de donner un avant-goût de l’Aérofête à la population. Survolant l’ouest puis l’est, on peut vraiment admirer l’ampleur de la Ville de Saint-Georges avec ses commerces, son hôpital et ses nombreuses entreprises situées dans ses trois parcs industriels. Toutefois, ce qui m’a impressionné davantage est certes la beauté de la rivière Chaudière qui longe parfaitement le parcours sinueux de la vallée beauceronne.
Sourire béat, j’apprécie grandement le paysage qui m’est offert. Le pilote Daniel Fortin fait tournoyer l’appareil dans les airs question de me donner quelques sensations fortes. À la dixième minute de vol, nous sommes revenus à l’Aéroport de Saint-Georges. Alors que je croyais qu’on atterrissait, le pilote m’a offert un beau cadeau. Filant à toute allure vers la piste, il a décidé de faire grimper l’appareil rapidement en chandelle atteignant même une force de 3G négatif. Alors que je me concentrais à prendre des images de l’extérieur du cockpit, je me suis senti calé dans le fond de mon siège. D’abord surpris par la manœuvre, j’en redemande encore. La sensation est incroyable et j’espère que mon vol durera encore plusieurs minutes. Pendant ce temps, ma conjointe parmi la foule à l’aéroport a affiché selon certains un visage plus inquiet. Elle m’a confié après coup qu’elle a été plus stressée que moi.
Comme toute bonne chose a malheureusement une fin, vers la 14e minute de vol, Fortin a réussi avec succès son atterrissage. J’ai vraiment apprécié ce vol même si les conditions climatiques étaient défavorables. Le plafond était peu élevé pour effectuer des manœuvres périlleuses et sûrement plus excitantes. À ma sortie de l’avion, j’affichais un énorme sourire. Je ne sais pas si c’était le résultat de ma balade ou du vent qui entrait abondamment dans la cabine. Ma conjointe est venue me rejoindre près de l’avion me demandant mes premières impressions. À en voir ma satisfaction, elle est certes soulagée de me voir sain et sauf, mais surtout de voir que j’ai vraiment apprécié mon expérience.
Certes, mon vol de 15 minutes s’est passé fort rapidement. Cela a valu vraiment le coup d’attendre près de trois heures. Il s’agissait d’une expérience enivrante dont je me souviendrai toute ma vie. Je recommencerais n’importe quand ou presque! Tiens un CF18 qui atterri, ah je pense que je vais passer mon tour cette fois-ci. Celui-là est un peu trop bruyant et imposant pour moi!