Rencontre
Hugo Didier: la céramique comme engagement social et artistique
Grâce à la céramique, Hugo Didier sensibilise les gens et amène son propre regard sur la société.
D’une mère allemande et d’un père français, Hugo Didier est né à l’hôpital de Beauceville en 1981. En grandissant avec deux parents potiers à Saint-Sylvestre, celui-ci avait juré de ne surtout jamais suivre leur parcours professionnel.
Après avoir fait le tour de l’Europe grâce à leur métier, ses parents sont partis pour le Québec dans le but de commencer un tour du monde en 1973. Projet qui n'aura finalement pas lieu puisqu’ils se sont installés dans la province francophone et ne sont jamais repartis. Ils se sont construit un atelier à la fin des années 70 et ont eu leur fils, Hugo, quelques années plus tard.
Faire de la poterie pour devenir photographe
Durant sa jeunesse, Hugo était persuadé de ne jamais suivre le chemin de ses parents. Il rêvait d’être photographe de guerre et de voyager. Pour se faire, il a fait un DEC en photographie au Cégep de Matane avant d’étudier l’anthropologie à l’université.
Pour accomplir son rêve, il cherchait un métier qui lui permettrait de subvenir à ses besoins afin de pouvoir faire le métier de photographe sans compromis. « Dans ma logique à cette époque, je me suis dit que ça me prenait un métier que je pouvais faire en tant que travailleur autonome et qui aurait des aspects autant physique, intellectuel et artistique. Finalement, la poterie rejoignait tous mes critères alors, à la grande surprise de mon père, je lui ai demandé s’il pouvait m’apprendre. Je pensais faire ça pendant 5-6 ans et qu’ensuite je ferais de la photo », a-t-il expliqué en entretien téléphonique avec EnBeauce.com.
Grâce à son père, Hugo va donc apprendre toutes les bases du métier. Puis, il est parti s’installer à Montréal où il a proposé ses services à tous les potiers de la région. « À un moment donné, je me suis retrouvé à travailler cinq jours par semaine dans cinq ateliers différents. Je tournais pour l’un, je nettoyais les pièces de l’autre, je donnais des cours, etc. Au bout d’un an ou deux, j’ai loué un endroit dans un atelier commun et j’ai fait ma propre production. Je me suis inscrit à une exposition et puis ça a bien marché. Petit à petit j’ai monté mon propre atelier pour faire des expositions comme le Salon des métiers d’arts par exemple. » Puis, en raison d’un déménagement et de travaux associés, Hugo a passé une année sans atelier et n’a donc fait aucune expo durant cette période. « J’ai vraiment adoré ce rythme-là », a-t-il confié. Par conséquent, il a changé sa façon de travailler et désormais, Hugo fait essentiellement du travail corporatif, des boutiques et des commandes privées.
Finalement le rêve d’Hugo a changé avec le temps et l’élan du début s’est essoufflé. Pourtant, sa volonté de parler d’égalité sociale notamment, elle, n’a pas disparu. Alors aujourd’hui, c’est à travers ces créations qu’il transmet ses valeurs. « J’ai trouvé dans mon métier, avec la collection Not made in China et C’est faite icitte, une façon de politiser mon travail, de sensibiliser les gens et d’amener mon regard sur la société à travers la céramique. »
Court-métrage Anastasia
Pour le court-métrage Anastasia, réalisé par Timur Aslaev et produit par Guillaume Chabot, Hugo a réalisé deux pots identiques en céramiques. Dans cette production, entièrement tournée à Beauceville en 2022, le pot est une pièce maîtresse de l’histoire.
C’était la première fois que ce potier réalisait une pièce en céramique de Beauce. Il a donc bien étudié la façon de faire avant de s’y mettre pour tâcher d’être le plus fidèle possible. D’après Timur Aslaev et Guillaume Chabot, le pari est réussi!
Pour ce qui est des deux pots créés par Hugo, l’un a été brisé pour le bien du film et l’autre a été acheté par un collectionneur de céramiques de Beauce.
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