Clémence fait voyager ses œuvres de la Beauce à Gatineau
Jusqu'au 22 mars 2009, les oeuvres de Clémence Lessard de Saint-Joseph sont au cœur d'un voyage sur l'art populaire du Québec au Musée canadien des civilisations de Gatineau.
L'exposition « Du coq à l'âme », clin d'œil au 400e de Québec, regroupe 400 œuvres d'art populaire, témoins de quatre siècles de création.
Au point de départ, la nouvelle expo devait être le reflet d'un hommage posthume à Netty Covey Sharpe. Née en 1907 à Woburn près de Lac-Mégantic d'un père américian et d'une mère écossaise, Mme Sharpe a passé sa vie à parcourir les campagnes québécoises en quête d'antiquités puis de pièces d'art populaire. À son décès en 2002, elle a légué plus de 3 000 pièces au Musée.
Bien sûr, l'expo a conservé son filon d'origine en intégrant plusieurs œuvres de la collection Sharpe, mais en bout de ligne, le Musée a choisi de situer l'art populaire dans un contexte actuel. Sept artistes, à travers tout le Québec, ont été sélectionnés pour illustrer ce volet. Clémence Lessard est la seule de Chaudière-Appalaches à y prendre part.
Du traditionnel à l’indiscipliné
Pour le conservateur Jean-François Blanchette, « Du coq à l'âme » juxtapose deux types d'art populaire : le traditionnel qui se rattache surtout au monde rural et au passé ainsi que l'indiscipliné qui se veut plutôt non conformiste et parfois déroutant.
C'est dans cette dernière catégorie que se situent les peintures et sculptures de Clémence Lessard. En rupture avec la tradition, l'art populaire indiscipliné est plutôt associé à un mode d'expression plus libre, plus débridé faisant fi des conventions.
Pour l'artiste beauceronne, la dénomination «populaire» lui occasionne toutefois un malaise. Surtout que cette appellation se retrouve souvent dans la même case que celle de l’art naïf. Jean-François Blanchette soutient qu’il n’en est rien : ces artistes expriment leur talent de façon différente.
Un portrait de la société
Cet art, c'est aussi un portrait de la société québécoise que les artistes tracent chacun à leur façon. Léon Bouchard de Roberval résume cette notion en disant qu'un jour, il s'est mis à sculpter sa vie.
Pour sa part, Clémence Lessard trouve dans ses sujets le moyen d'exprimer une certaine dérision et des émotions. «Sculpter, dessiner ou écrire, c'est se raconter», dit-elle. Dans un genre où elle excelle, l’artiste joseloise puise son inspiration dans les morceaux de bois qu’elle utilise et en respectant leur forme. D’autres fois, elle joue avec les couleurs et l’humour est presque toujours présent dans ses œuvres.
Dans l’ensemble, les pièces de l’exposition permettent de situer l’art populaire dans toutes ses variantes. Au nombre des sept artistes vedettes, deux d’entre eux apparaissent toutefois un peu hors d’ordre. Le Musée a peut-être voulu donner un ton plus moderne à l’art populaire; la sélection de ces deux artistes, l’un du Saguenay et l’autre de la Mauricie, détonne.
Pour qui aime cette forme d’art, une visite à Gatineau est tout indiquée. Après mars 2008, un condensé de l’expo sera proposé en itinérance dans d’autres musées.
Collaboration spéciale Lynda Cloutier
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