Être dans le cerveau d’un être complètement déjanté comme André Sauvé pendant deux heures est déstabilisant pour le spectateur. Toutefois, l’humoriste verbomoteur a réussi à provoquer un feu roulant de délire hier soir à l’auditorium du Cégep Beauce-Appalaches de Saint-Georges. 

Avec plus de 100 000 billets vendus, cet énergumène prouve que son humour n’a pas d’égal présentement sur la scène québécoise. 
On dit souvent que l’équilibre entre la raison et la folie se distingue par une fine ligne. Sauvé ne fait pas que flirter avec cette ligne, mais il épouse carrément la folie, ce qui frise le génie de l'humour.

Son spectacle, présenté par les Amants de la Scène, défile rapidement en sa compagnie. Pour susciter les réflexions et même semer la confusion chez le spectateur, il passe du coq à l’âne tout en sautant par-dessus le mouton. Bref avec lui, « c’est normal de ne pas tout comprendre ».

Tout au long de son spectacle, il aborde brillamment plusieurs thèmes dont les fonctions du cerveau, la communication, la spiritualité, l’angoisse, les collections ou même les effets secondaires des médicaments.

L’un de ses numéros les plus tordants est celui d’un cobaye à temps plein de la compagnie pharmaceutique, Medicapharm. Il s'agit d'une satire de ces gens qui prêtent leurs corps aux bienfaits de la science, et ce, sans s’inquiéter des nombreux effets secondaires qui pourraient en découler… Et il est particulièrement convaincant en ce rôle.

André Sauvé se transforme aussi en « gourou du chairlifting ». Une méthode de relaxation inspirée du « tai-chi et du … chow-mein ».  Le tout appuyé d’une vidéo qui prend la forme d’un documentaire humoristique. Plusieurs artistes se prêtent au jeu, dont Claude Meunier, Marc Labrèche, Christiane Charette, Yvon Deschamps et Pierre Légaré. Cette technique aura eu à Saint-Georges tout un « effet moutarde » sur son public.

Tout au long du spectacle, l’artiste réussit même à intégrer plusieurs formes d’art dans ces numéros dont la danse, le multimédia, le mime, le théâtre avec ses gestuelles comiques et, bien sûr, la poésie. Avis aux amateurs d’Émile Nelligan, vous ne verrez plus jamais la poésie de la même façon… Il exploite toutes ses facettes dans le numéro Ah que la neige a neigé!

Bref avec sa prestation d’hier soir à Saint-Georges, il est peu étonnant de voir cet artiste hors du commun connaître un tel succès avec son premier one man show. Seulement sept mois ont été nécessaires à ce dernier pour obtenir un billet platine, soit 100 000 billets vendus.

Une possibilité de cinq Olivier
Dimanche soir, il est en lice dans quatre catégories lors du Gala des Olivier. En plus de pouvoir remporter l'Olivier de l'année, il pourrait repartir avec le spectacle le plus populaire, le meilleur spectacle d’humour, et celui pour le meilleur auteur. Par ailleurs, ses metteurs en scène, Pierre Bernard et Michel Lehoux, sont aussi en nomination pour la meilleure mise en scène de spectacle d’humour.

Un parcours hors norme…
Le parcours d’André Sauvé est peu orthodoxe. Il étudie, pratique puis enseigne le Bharata Natyam – la danse classique de l’Inde pendant près de dix ans. Il a aussi fait partie de la troupe Omnibus, du théâtre du mouvement de Paris avant de devenir animateur de radio.

Ses débuts en humours sont remarqués lors du festival d’humour de Dégelis en 2004. En plus de remporter le premier prix, il gagne la faveur du public et tombe dans l’oeil d’un certain Yvon Deschamps.

Puis, il a aussi écrit pour l’émission, Le Sketch Show, présentée à TVA. Il a fait une première prestation au Festival Juste pour rire en 2005 dans le cadre du gala de Louis-José Houde puis, en 2006, il remporte le prix de la « Révélation de l’année ». On le retrouve actuellement à l’antenne de Radio-Canada dans l’émission 3600 secondes d’extase au côté de Marc Labrèche.