La plupart savent que nous avons eu dans notre ville une fanfare renommée pendant longtemps. Elle fut fondée en 1892 et dissoute en avril 1970. Son premier directeur fut un jeune médecin nouvellement sorti de la faculté, le Dr Georges Cloutier, jusqu'en 1901. La photo constitue un véritable trésor: notre fière fanfare (ils sont à gauche sur la photo) lors d'une tournée aux États-Unis, à Jackman plus précisément. À l'époque, les routes étaient rudimentaires, des sentiers de terre poussiéreux (quand ce n'était pas vaseux) tout juste assez larges pour laisser passer des «barlots» avec des chevaux. C'était toute une expédition de partir de Saint-Georges avec leurs instruments et leurs costumes pour se rendre à Jackman pour y donner un concert et revenir ensuite à la maison, fallait être courageux pour parcourir un tel trajet.
On a de la difficulté à déceler le nom inscrit au bas de la photo. Doit-on y lire «Guéllon»? En vérité, peut-être voulait-on signifier Gayon? Qui sait? Pourquoi «SAINT-GEORGES D'AUBERT-GAYON»? C'est en 1736 que fut concédée la première seigneurie du côté ouest de la rivière dans notre ville. Les autorités de la Nouvelle-France octroient ce territoire à une femme: Marie-Thérèse de la Lande Gayon. Comme la plupart des gens ignoraient l'orthographe exacte de ce nom peu fréquent, ils l'appelèrent comme ils la comprenaient: Gallion, et ce nom a finalement prévalu au fil des ans. Lorsque les anglais héritèrent du territoire en 1763 suite à la guerre de la Conquête, ils prirent possession de la seigneurie et en attribuèrent la propriété à un certain William Grant, en 1768. Les choses tournèrent mal pour lui, sa seigneurie fut confisquée et vendue en justice en 1807 et se produisit alors un vrai miracle: nous avons eu la chance extraordinaire de tomber entre les mains d'un grand et généreux acquéreur, M. Jean Georges Pfotzer, le véritable fondateur de notre ville. Ce fut probablement le meilleur des seigneurs dans toute l'histoire de la Province de Québec. Depuis 1736, la rive ouest s'appelait Aubert-Gallion. Avec les décennies, les citoyens réalisèrent la générosité de M. Pozer et on commença à penser à honorer ce seigneur si magnanime en ajoutant son nom à celui d'Aubert-Gallion. En 1831, les paroissiens adressèrent une pétition pour unifier tous les fiefs «connus vulgairement sous le nom de Saint-Georges d'Aubert-Gallion» et lui attribuer officiellement ce nom, ce qui fut accordé par décret ecclésiastique en 1835. Il semble, d'après cette photo, que certains continuèrent de l'appeler ainsi au moins jusqu'en 1899. Et aujourd'hui, c'est simplement Saint-Georges suite à la fusion survenue en 1990.
Photo du fonds Claude Loubier. Texte et recherches de Pierre Morin.
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