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Femmes agricultrices : essentielles mais trop souvent invisibles

durée 08h00
9 août 2025

L’été, c’est la haute saison agricole au Québec. C’est aussi le moment idéal pour jeter un regard sur les réalités souvent invisibles des femmes qui cultivent la terre. En Chaudière-Appalaches, où se trouvent 19 % des fermes québécoises, des centaines de femmes jouent un rôle clé dans la vitalité agricole et communautaire. Pourtant, leurs contributions demeurent méconnues — tout comme les nombreux défis qu’elles doivent relever au quotidien.

Une triple charge : agricole, domestique et familiale

Contrairement à l’image encore répandue de la conjointe qui « aide » à la ferme, les agricultrices québécoises occupent en moyenne 5 rôles différents dans leur entreprise : production, comptabilité, planification, vente, gestion administrative…

À cela s’ajoute une charge domestique importante :

  • 61 % consacrent plus de 10 heures par semaine aux soins aux enfants;
  • 63 % font plus de 10 heures de tâches ménagères;
  • Et 64 % gèrent elles-mêmes les tâches administratives de la ferme.

Résultat : une double voire une triple journée où s’enchaînent les rôles de productrice, mère, cuisinière, éducatrice, planificatrice… souvent sans reconnaissance ni rémunération.

La surcharge mentale : penser à tout, tout le temps

Devoir mener de front toutes ces tâches conduit à une surcharge mentale importante. Selon un sondage Léger réalisé pour la Fédération des Agricultrices du Québec, 90 % des femmes agricultrices disent vivre une charge mentale élevée ou très élevée.

Elles doivent penser à tout : tâches administratives, récoltes, paiement des factures, épicerie, planification des repas, horaires de garderie, demandes de subventions, soins aux enfants, soins aux proches en perte d’autonomie… Cette gymnastique mentale constante, rarement partagée avec le conjoint qui travaille davantage aux opérations sur la ferme, pèse lourd dans leur équilibre de vie.

Une reconnaissance encore incomplète

Malgré leur expertise, beaucoup d’agricultrices ne sont pas reconnues comme entrepreneures à part entière. Plusieurs témoignent qu’on s’adresse spontanément à leur conjoint pour les décisions financières ou techniques, même lorsqu’elles sont gestionnaires de la ferme. Cela limite leur accès au financement, freine leur visibilité dans les instances agricoles, et alourdit encore leur charge mentale.

Des initiatives qui changent les choses

Heureusement, des programmes développés par des organismes comme Agricultrices du Québec et Au cœur des familles agricoles offrent divers types de soutien aux agricultrices. Certains programmes visent à leur faciliter l’accès à du financement pour leur entreprise ou bien à augmenter leur présence à des postes de décisions, alors que d’autres ont pour but d’améliorer leur bien-être psychologique et émotionnel.

Portées par la solidarité et l’engagement, ces initiatives ouvrent la voie à une agriculture qui reconnaît enfin les femmes comme des actrices centrales de notre avenir rural.

Visionnez tous les textes de La Véranda, Centre-Femmes


 

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