Nous joindre
X
Rechercher

Craindre son voisin

durée 18h00
10 mars 2025
duréeTemps de lecture 5 minutes
Par
Pier Dutil

Une série télévisée sur différents réseaux s’intitule «Craindre son voisin». La situation actuelle entre le Canada et les États-Unis pourrait facilement devenir l’un des épisodes de cette série, mais la situation est tellement tirée par les cheveux qu’elle apparaîtrait invraisemblable. Et pourtant…

Nous sommes en guerre

Il n’y a aucun doute dans mon esprit, le traitement que Donald Trump tente d’imposer au Canada est une véritable déclaration de guerre.

Je suis conscient qu’il ne s’agit pas d’une guerre au cours de laquelle on pourrait voir les chars et/ou les avions américains envahir et bombarder notre territoire. Non, il s’agit d’une guerre commerciale visant à ruiner notre économie pour mieux nous asservir.

Ce ne sont pas nos vies personnelles qui sont en danger. C’est plutôt la survie de nos entreprises, de nos emplois, de notre niveau de vie, ce qui rend cette guerre beaucoup plus insidieuse.

Faux prétextes

Ce qu’il y a de choquant dans l’attitude du Président américain, c’est qu’il utilise de faux prétextes pour justifier cette guerre, à savoir une mauvaise gestion de la frontière canado-américaine qui occasionne l’entrée sur le territoire américain de grandes quantités de fentanyl et d’immigrants illégaux.

Quelqu’un devrait rappeler à M. Trump que les saisies de fentanyl à la frontière canado-américaine représentent moins de 1 % du fentanyl saisi aux États-Unis. Quant à l’entrée d’immigrants illégaux aux États-Unis, j’ai cru comprendre que la circulation était beaucoup plus abondante en direction nord qu’en direction sud. La situation au chemin Roxham, qui a duré des années, nous en a fourni une preuve irréfutable.

Et, si jamais le Président Trump avait raison et beaucoup de drogue et d’immigrants illégaux entraient aux États-Unis via la frontière canado-américaine, le problème serait avant tout à la douane américaine.

Tout le monde sait, à part Donald Trump, que les douanes qui servent à protéger les frontières d’un pays sont celle situées à l’entrée d’un pays, pas à la sortie. Sur les 340 millions de citoyens américains, pourrait-on en trouver un seul assez intelligent pour expliquer à son ignorant de Président que toutes les personnes et tous les produits qui entrent dans un pays sont contrôlés par les douanes du pays en question, pas par les douanes du pays d’où proviennent ces personnes et ces biens. Un enfant de 10 ans pourrait facilement comprendre ça.

Comme un danseur en ligne

En utilisant la menace de mise en place de nombreux tarifs douaniers, Donald Trump est en train de perturber l’économie mondiale.

Un jour il décrète que des tarifs douaniers entreront en vigueur le 4 février. Deux jours plus tard, voilà que le tout est reporté au 4 mars. Le 4 mars, la menace devient effective. Mais Trump vacille à nouveau en déclarant que certains produits seront exonérés jusqu’au 4 avril, alors que d’autres sont tout simplement retirés de la liste.

Donald Trump se comporte comme un danseur en ligne : deux pas en avant, un pas en arrière, deux pas de côté, on tourne sur place et «swing la bacaisse dans l’fond de la boîte à bois». 

La solution viendra de la base

Les dirigeants des nombreux pays menacés par les lubies de Trump se mobilisent, élaborent des stratégies visant à convaincre le président américain de retirer sa menace de tarifs douaniers.

Mais j’ai une petite nouvelle pour vous tous, la solution ne proviendra pas de négociations plus ou moins corsées avec Trump.

Non, la solution, elle proviendra de la base américaine, souvent même de la part de celles et ceux qui ont voté pour Trump. Ces Américains, de tous les secteurs, finiront par se réveiller suite aux impacts que les tarifs douaniers leur imposeront.

On en a eu une preuve la semaine dernière lorsque les trois dirigeants de l’industrie automobile américaine, les Présidents de Ford, de GM et de Stellantis, ont contacté la Maison Blanche pour aviser le Président que l’imposition de tarifs douaniers à cette industrie aurait des impacts négatifs majeurs. Donald Trump a embrayé du reculons et a retiré les tarifs des biens reliés à l’industrie automobile pour les fabricants américains.

Tous les spécialistes du monde économique sont unanimes pour reconnaître que l’imposition de tarifs douaniers contribuera à une hausse de l’inflation, donc des taux d’intérêt, cela pouvant même aller jusqu’à une importante récession. Si cela se produit, c’est l’ensemble de la population qui va en ressentir les impacts en payant plus cher pour ses achats, en perdant leurs emplois et ainsi de suite. Déjà, les marchés boursiers sont en forte baisse, ce qui occasionne des pertes de plusieurs milliards de dollars pour les investisseurs. 

Un jour, probablement plus tôt que tard, ces nombreuses victimes vont être en mesure d’identifier l’artisan de leurs malheurs et, multipliant les pressions sur leurs élus, ils finiront par forcer la main du Président.

C’est donc du côté du portefeuille que viendra la solution et non pas de négociations avec un individu de mauvaise foi qui base sa négociation sur de faux prémisses et qui n’est capable d’aucun compromis.

Maintenant la frontière

Ce que tout le monde avait considéré comme une mauvaise blague la première fois que Donald Trump avait évoqué l’idée de faire du Canada le 51e état américain est en train de devenir une autre menace.

Vendredi dernier, il s’est même permis de contester le tracé des frontières entre le Canada et les États-Unis. Cette frontière de 8 891 kilomètres est la plus longue au monde entre deux pays. Elle a été mise en place par un traité signé par les deux pays le 11 avril 1908. Et, depuis, personne ne l’a remise en question. 

Pour Trump, voilà donc une nouvelle menace visant à mettre le Canada à genoux.

Des Impacts positifs

À force de voir Trump tirer partout, sur tout ce qui bouge, cela est en train de créer un impact positif. En effet, les citoyens canadiens commencent à faire preuve de solidarité, à boycotter les produits américains, à diminuer, voire même annuler leurs voyages aux États-Unis et ainsi de suite.

De spectateurs, on devient des acteurs. Je sais que mes petites initiatives personnelles ne pèsent pas lourd dans la balance, mais si nous sommes plusieurs millions à boycotter les produits américains, cela finira par avoir un impact important. 

Continuons à nous serrer les coudes.

Courage

Il reste encore 1 412 jours au mandat de Donald Trump.

Visionnez tous les textes de Pier Dutil

Pensée de la semaine

Je nous dédie, à toutes et tous, la pensée de la semaine :

commentairesCommentaires

0

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.