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Plus qu'une simple partie de hockey

durée 18h00
24 février 2025
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

Jeudi dernier, la finale de la Confrontation des 4 nations opposant le Canada et les États-Unis a revêtu une importance qui en faisait plus qu’une simple partie de hockey, une partie dont on se souviendra longtemps.

Pourquoi?

La Confrontation des 4 nations a été mise en place par la Ligue Nationale de Hockey (LNH) pour remplacer la traditionnelle partie des Étoiles qui, il faut bien l’admettre, n’attirait plus beaucoup d’amateurs tellement le spectacle était devenu terne. 

Dans leur sagesse, le Commissaire de la LNH, Gary Bettman, et ses conseillers ont eu l’idée d’une confrontation regroupant des équipes du Canada, des États-Unis, de la Suède et de la Finlande, équipes formées de joueurs qui évoluent dans la LNH. En conclusion, une grande finale déterminerait l’équipe championne.

Cette finale rêvée, tous souhaitaient qu’elle se déroule entre les équipes canadienne et américaine, ce qui s’est finalement produit.

Mais les parties opposant le Canada et les États-Unis ont pris une tournure spéciale suite aux nombreuses interventions de Donald Trump, menaçant l’annexion du Canada pour en faire le 51e état américain et l’implantation de tarifs douaniers visant à nuire à l’économie canadienne. La guerre verbale entre les dirigeants des deux pays s’est donc transportée sur la glace.

Comme au temps des Jaros

La tension a atteint un niveau tellement élevé que, dès la première confrontation entre le Canada et les États-Unis le samedi 15 février dernier, nous avons assisté à des bagarres dignes de l’époque des Jaros de la Beauce ou, si vous préférez des scènes du film «Slap Shot.»

Et cette tension, elle n’était pas ressentie uniquement par les joueurs impliqués. Même les spectateurs présents au Centre Bell se sont faits un malin plaisir à huer l’interprétation de l’hymne national américain. Finalement, les États-Unis ont remporté cette première rencontre.

Une finale d’anthologie

Jeudi dernier, les deux belligérants se retrouvaient donc en grande finale, une partie à l’issue de laquelle on couronnerait le pays champion de cette toute première Confrontation des 4 Nations de l’histoire. Et cette grande finale, elle se déroulait à Boston, sur une glace américaine.

Tôt dans la journée, ne pouvant renoncer à l’opportunité de se retrouver une fois de plus dans l’actualité, Donald Trump s’est permis une sortie digne de lui en déclarant : «J’appellerai ce matin notre GRANDE équipe américaine de hockey pour l’encourager à remporter la victoire ce soir contre le Canada qui, avec des taxes moins élevées et une sécurité plus forte, deviendrait peut-être bientôt notre 51e état important et adoré.»

La table était donc mise pour que cette partie ne représente plus seulement la victoire d’une simple confrontation sportive, mais avant tout l’honneur d’un pays avec toutes les émotions que cela peut impliquer.

Les nerfs à fleur de peau

Encore une fois, la tension était à son paroxysme et pas seulement chez les joueurs des deux équipes.

Plusieurs millions de téléspectateurs ont suivi le match dans leurs salons et/ou dans les bars sportifs, tant au Canada qu’aux États-Unis. Même des gens qui ne suivent pas régulièrement le hockey tout au long de la saison régulière se sentaient impliqués et tenaient à assister au déroulement de cette finale.

La chanteuse canadienne, Chantal Kreviazuk, qui avait été choisie pour interpréter l’hymne national canadien s’est même permis de modifier quelques mots du «Ô Canada» pendant que des spectateurs américains huaient faiblement le tout.

La rondelle n’était pas encore mise en jeu que nous étions assis sur le bout de nos chaises, les nerfs à fleur de peau. Pour les partisans des deux équipes, la soirée allait être longue.

Elle a même été plus longue que prévu puisque, à l’issue de la troisième période, le pointage était égal : 2 à 2. On allait donc devoir aller en prolongation. Pas facile pour notre tension artérielle.

Surtout que, dès le début, les Américains dominaient et, n’eut été des prouesses du gardien canadien, Jordan Binnington, l’équipe américaine se serait facilement envolé avec la victoire.

Mais, finalement, à 8 minutes 18 secondes, une superbe pièce de jeu a permis à Connor McDavid de compter le but mettant fin à cette finale.

Alors que les joueurs de l’équipe canadienne étaient en liesse, ceux de l’équipe américaine avaient la mise basse. J’aurais aimé voir le visage de Donald Trump, mais la Maison Blanche ne m’a pas fait ce cadeau.

Le lendemain, dans une brève déclaration, le Président américain a félicité du bout des lèvres l’équipe canadienne pour sa victoire, mais il n’a pu s’empêcher de diriger quelques flèches empoisonnées à Justin Trudeau, le traitant de «loser qui tue le Canada à force de politiques radicales et marxistes.»

Traiter de «loser» le chef d’un pays qui vient de l’emporter me rappelle un certain  ancien Président américain qui n’a pas encore admis sa défaite aux élections de 2020. Ça c’est un véritable «loser».

On s’en souviendra

La victoire canadienne sur l’équipe américaine en 2025, on s’en souviendra probablement autant que la victoire canadienne sur l’équipe russe lors de la série du siècle en 1972 grâce au but de Paul Henderson et que l’autre victoire canadienne sur l’équipe des États-Unis lors des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver suite au but de Sidney Crosby en temps supplémentaire.

Donald Trump n’arrêtera pas de nous harceler au cours des prochains mois et des prochaines années, mais au moins, on pourra se consoler en disant, comme Justin Trudeau au lendemain de la victoire canadienne : «Vous ne pouvez pas prendre notre pays et vous ne pouvez pas prendre notre sport.» 

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Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine aux artisans et aux partisans de l’équipe de hockey canadienne :

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