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Trump menace nos entreprises et nos emplois

durée 18h00
10 février 2025
duréeTemps de lecture 5 minutes
Par
Pier Dutil

En toute honnêteté, je dois vous faire une confidence, je suis sur le point de faire une «overdose» de Donald Trump. Pas moyen de parcourir les pages d’un journal, d’écouter un bulletin de nouvelles ou tout simplement de discuter entre amis sans que le nom de Donald Trump face surface.

Cependant, je me dois de reconnaître que le personnage en question contrôle parfaitement tous les outils lui permettant d’être omniprésent dans l’actualité. Même si j’en ai plein le dos, je comprends que tenter de l’ignorer n’est pas la solution.

Un mois de répit

Alors que des tarifs douaniers devaient s’appliquer sur tous les produits canadiens exportés aux États-Unis en date du 4 février dernier, la menace a été reportée au 4 mars prochain. Mais il ne faudrait pas en conclure que nos exportations finiront par éviter l’imposition des tarifs prévus.

Des discussions téléphoniques entre Justin Trudeau et Donald Trump, des promesses du Canada de sécuriser la frontière canado-américaine et de nombreuses pressions des milieux d’affaires des deux pays nous auront permis de gagner un mois.

On peut se réjouir de ce bref délai, mais, en attendant, tout le monde est dans l’incertitude et, en affaires comme dans bien d’autres domaines, l’incertitude fait en sorte que tout le monde est sur le gros nerf.

Action Réaction

À l’initiative du Député de Beauce-Sud à l’Assemblée nationale, Samuel Poulin, une Cellule économique Beauce-USA a vite été créée pour analyser la situation et trouver des pistes de solution.

Au sein de cette Cellule, on retrouve des intervenants des milieux politique, affaires, alimentation, agricole et autres. Un sondage mené auprès de 90 entreprises des trois MRC de la région a permis d’établir que 65,5 % exportent aux États-Unis. Et, pour plusieurs, les ventes aux États-Unis représentent plus de 50 % des ventes totales. C’est le cas, entre autres, d’entreprises oeuvrant dans les secteurs de l’acier, de l’alimentation, du bois ouvré, du transport, de l’agriculture, etc.

Si, le 4 mars prochain, toutes ces entreprises étaient soumises à des tarifs douaniers de 25 %, cela rendrait leurs produits plus dispendieux auprès des acheteurs américains, donc moins compétitifs. On pourrait s’attendre alors à une importante diminution des ventes.

Même si les tarifs douaniers ne sont pas encore en place, certaines entreprises font face déjà à des annulations de commandes. Cela a aussi mené à des pertes d’emplois dans plusieurs entreprises.

Au Québec, si les tarifs douaniers devaient être imposés à partir du 4 mars prochain, on prétend que 100 000 emplois pourraient être menacés.

Les États-Unis, un marché de proximité

Comment se fait-il que nos entreprises réalisent autant de ventes aux États-Unis? C’est facile à expliquer, le marché américain est situé dans notre cour arrière.

Si je prends comme point de départ Saint-Georges, pour se rendre à Boston, il y a 503 kilomètres, à New-York, 785 et à Toronto 881. C’est donc moins loin de livrer de la marchandise dans les grands marchés américains que canadiens.

Les entreprises beauceronnes sont situées à proximité des six états de la Nouvelle-Angleterre (Maine, New-Hampshire, Rhode Island, Connecticut, Massachusetts et Vermont), un marché de 15,5 millions de consommateurs potentiels. Et si j’ajoute l’état de New York, également à proximité, j’ajoute 8,2 millions de clients potentiels pour un grand total de 23,7 millions, soit 60 % de l’ensemble du marché canadien. 

En plus de la proximité de cet important marché, les entreprises beauceronnes profitent de la faible valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain, ce qui contribue à rendre nos produits moins dispendieux.

Nouveaux marchés

Il y a longtemps que notre dépendance au marché américain suscite des discussions et cela concerne l’ensemble du milieu des affaires canadien. On prône le développement de nouveaux marchés, notamment en Europe et en Asie.

Mais développer de nouveaux marchés dans des pays éloignés, cela ne se fait pas en se virant sur un dix sous. Il faut du temps et des adaptations aux réalités de ces pays. Mais il est vrai que l’on devra redoubler d’efforts et envisager d’ouvrir ces nouveaux marchés si l’on veut réduire notre dépendance au marché américain. 

Je tiens à préciser que, pour en arriver là, on ne doit pas renoncer au marché américain. Il faut faire en sorte que nos ventes aux États-Unis représentent une proportion moins importante de nos ventes globales. Encore là, un tel changement ne s’effectue pas du jour au lendemain. Mais, il faudra cesser de se contenter d’en parler et passer à l’action.

Legault en Beauce

Jeudi dernier, le Premier Ministre du Québec, François Legault, est venu en Beauce pour rencontrer des gens d’affaires, sonder leurs intentions et leur présenter certains programmes d’aide qui pourraient être mis en place par le Gouvernement québécois.

Lors de son passage, François Legault a livré un message aux consommateurs québécois en déclarant : «Acheter québécois, c’est ce qui le plus efficace pour protéger nos emplois.»

Pourtant, Monsieur Legault et son Gouvernement ne semblent pas toujours comprendre ce message. Ainsi, dans le cas de la construction du nouveau pont de l’Île d’Orléans, le ministère des Transport s’apprête à donner des contrats de plus de 2 milliards de dollars (2 G$) à des entreprises étrangères.

Le contrat de conception du pont en question a été donné à des architectes français comme s’il n’y avait pas d’architectes québécois compétents pour réaliser un tel projet. Sans vouloir tourner le fer dans la plaie, on devrait se souvenir de l’expérience vécue avec un architecte français lors de la construction du stade olympique de Montréal. 

Et le concept mis de l’avant par les architectes français fait en sorte que les composants du pont seraient fabriqués en Espagne et transportés au Québec. Tout cela alors qu’il existe à à peine 11 kilomètres du chantier du pont de l’Île d’Orléans une entreprise capable de fabriquer ici au Québec tous les éléments de la structure du pont en question.

Cette entreprise, c’est Canam Pont qui est impliquée dans la fabrication de la grande majorité des ponts au Canada et qui a fait ses preuves dans deux projets canadiens majeurs au cours des dernières années, soit les ponts Champlain à Montréal et Gordie-Howe entre Windsor et Détroit.

Monsieur Legault, si vous voulez être crédible en recommandant aux consommateurs québécois d’acheter des produits d’ici pour protéger nos emplois, vous devriez commencer par prêcher par l’exemple. 

Courage

Il reste encore 1 440 jours au mandat de Donald Trump.

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Pensée de la semaine

Je dédie la pense de la semaine à François Legault :

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