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Retour au Far West

durée 18h00
20 janvier 2025
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

Depuis un an ou deux, la guerre entre les Hells Angels, les gangs de rue et autres groupes criminalisés prend des proportions de plus en plus importantes et est en train de se déplacer dans plusieurs régions québécoises dont la Beauce.

Même si les autorités policières citent des statistiques indiquant une baisse de la criminalité en général au Québec et au Canada, j’ai plutôt l’impression de me retrouver à l’époque du Far West.

Rappel de la guerre des années 1990

Le crime organisé a toujours existé et je ne vois pas le jour où il disparaîtra, malgré tous les efforts des forces policières.

De 1994 à 2001, nous avons assisté à une guerre entre diverses bandes criminalisées à Montréal qui a fait près de 200 morts. Ces victimes étaient des membres de groupes criminalisés. Lorsque l’on observe cela de l’extérieur, on en vient à penser que, tant et aussi longtemps qu’ils se tuent entre criminels, cela contribue à faire le ménage. 

Mais, le décès d’un jeune de 11 ans, Daniel Desrochers, tué par des morceaux d’un véhicule piégé qui a explosé à proximité de chez lui, est venu changer la donne. Il y avait maintenant une innocente victime, un jeune homme qui n’avait rien à voir, ni de loin, ni de près, avec cette guerre entre bandes criminelles.

La guerre a pris fin, sans pour autant que la paix s’établisse entre les diverses factions impliquées. Il y a eu encore des meurtres, mais, si je peux le dire ainsi, c’était plus civilisé.


Ça s’étend dans les régions

Au cours des derniers mois, la région de Chaudière-Appalaches est devenue un terrain miné par une guerre entre les Hells Angels et le groupe Blood Family Mafia (BMF) concernant le contrôle de la vente des stupéfiants.

Ça se tire dessus, ça tente de mettre le feu à des locaux, ça procède à des enlèvements et à de la torture, finalement, c’est comme à l’époque du Far West. Ça ressemble à un vieux western américain où les adversaires se tiraient à bout portant en pleine rue. Mais, présentement, nous ne sommes pas dans un film, nous sommes dans la vraie vie et il y a de vraies victimes.

La semaine dernière, Alexandre Maltais, un présumé membre des Hells a été tiré de plusieurs balles d’une arme à feu de fort calibre alors qu’il circulait en auto sur le boulevard Vachon à Sainte-Marie à 9 h 00 du matin. Le tireur circulait lui aussi en auto en sens contraire. La victime visée n’a pas été atteinte mortellement. 

Quelques jours plus tôt, dans le stationnement de l’hôtel Comfort Inn de Saint-Nicolas (Lévis), un individu est atteint de plusieurs balles. Il appert qu’il y aurait eu erreur sur la personne puisque la victime était un touriste ontarien. Aux dernières nouvelles, la victime était toujours hospitalisée et son état était considéré comme sérieux.

En septembre dernier, une attaque sur le local des Hells Angels situé à Frampton a fait une victime. Il s’agissait d’un jeune de 14 ans de la région de Montréal qui avait été recruté par un groupe criminalisé. Pensant faire une passe d’argent, le jeune homme y a plutôt laissé sa vie.

En février 2024, à Saint-Malachie, on a franchi un stade nouveau dans la criminalité. Un individu a été enlevé, séquestré et torturé pendant plus d’une journée avant de parvenir à s’évader. J’évite de décrire les tortures en question, tellement cela était barbare. Il y a eu un mort dans toute cette affaire.

Je pourrais faire état d’autres cas du genre, mais je crois que les exemples cités ci-haut suffisent à démontrer que la violence utilisée par les groupes criminalisés atteint un niveau qui n’a aucun bon sens.

Il n’y a plus de code d’honneur

Aussi étrange que cela puisse paraître, dans le monde criminalisé, notamment au niveau de la mafia, il existait un code d’honneur. On continuait à assassiner ses ennemis, mais on le faisait dans le respect de certaines règles. Parmi celles-ci, on ne tirait pas sur quelqu’un en présence d’un membre de sa famille.

Récemment, à Montréal et dans les banlieues du sud et du nord, nous avons assisté à des meurtres et/ou des tentatives de meurtres alors que les personnes visées étaient en présence de membres de leur famille.

Le 17 novembre 2023, le caïd Gregory Wooley est tiré à bout portant dans le stationnement d’une clinique médicale où il se rendait en compagnie de son épouse et de son enfant nouveau-né. Il décède sur place.

Mercredi dernier, dans Lanaudière, un homme de 37 ans, qui serait relié aux motards, a été tiré à bout portant et atteint mortellement de plusieurs balles, alors que son bambin de moins de 4 ans se trouvait dans son siège d’enfant à l’arrière de l’auto.

Tous les évènements mentionnés dans cette chronique sont reliés à une guerre déclenchée par de nouveaux groupes qui contestent la mainmise des Hells Angels et de ce qui reste de la mafia italienne sur le marché des stupéfiants.

Est-ce que les forces policières parviendront un jour à mettre fin à cette guerre avant que d’innocentes victimes en fassent les frais? J’espère que oui, mais j’avoue avoir un doute.

Serait-il trop demandé que les membres des groupes criminalisés en viennent à respecter un certain code d’honneur? Je crois que ce serait rêver en couleurs.

Il importe de mentionner que la prolifération des armes à feu importées des États-Unis contribue à faciliter les assassinats au moyen d’armes de guerre.

Aux États-Unis, on compte de 30 000 à 40 000 victimes d’armes à feu annuellement. Et l’on continue de vendre des armes à qui le veut. Chaque fois qu’une tuerie survient, on affirme que ce n’est pas la faute des armes, mais plutôt la faute des fous qui s’en servent. Espérons que nous n’en viendrons pas là, même si Trump veut faire du Canada le 51e état américain.

Visionnez tous les textes de Pier Dutil

Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine à celles et ceux qui sont favorables à la prolifération des armes à feu :

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