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Comme des enfants dans une cour d'école

durée 18h00
16 décembre 2024
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

Il peut être parfois amusant de voir des enfants se crier des noms dans une cour d’école primaire, tant et aussi longtemps que cela n’a pas de conséquences néfastes.

Mais assister au même spectacle donné par des adultes, voire même des dirigeants politiques qui s’invectivent de propos grossiers, je dois vous avouer que je n’y trouve rien d’amusant.

La méthode Trump

Si vous avez suivi le moindrement le déroulement de la récente élection présidentielle américaine, vous avez été à même d’entendre les propos grossiers et injurieux que Donald Trump a utilisés pour attaquer sa rivale démocrate, Kamala Harris.

À de nombreuses reprises il l’a traitée «d’idiote», de «droguée» et de «Vice-Présidente de merde» pour ne citer que ces exemples. Trump, avec son ego démesuré, ne respecte personne et insulte de façon irrespectueuse toutes celles et tous ceux qui osent ne pas penser comme lui.

En 2018, lors de sa participation à la rencontre des dirigeants des pays du G7 qui se tenait à La Malbaie, Donald Trump avait apposé sa signature au bas du document résumant les discussions et les décisions prises et partagées par tous.

Or, à peine était-il assis dans son avion pour retourner à Washington qu’il reniait sa signature et qu’il se permettait même de qualifier son hôte, Justin Trudeau, de personne «malhonnête et faible.» Pourtant, lui, si fort, n’avait pas eu le courage d’adresser ses propos directement à Justin Trudeau en sa présence, face à face. Quel courage!

Trump récidive

Récemment réélu à la Présidence américaine, Donald Trump tire à boulet rouge sur tout ce qui bouge, menaçant même ses deux alliés et voisins, le Canada et le Mexique, de leur imposer des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits exportés aux États-Unis, cela même si une telle mesure va à l’encontre de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) signé par Donald Trump lui-même lors de son premier mandat.

Après avoir invité le Premier Ministre canadien à venir partager un souper au pain de viande à sa résidence floridienne, posant même avec un large sourire, il aura suffi de quelques jours pour que Trump recommence à insulter Justin Trudeau, le qualifiant de simple Gouverneur de l’état Canada, suggérant même que le Canada devienne le 51e état des États-Unis.

Je me dois de reconnaître que l’ineffable Justin a su s’attirer les insultes de Trump lorsqu’il s’est permis de commenter le résultat des dernières élections présidentielles américaines, affirmant que les Américains avaient refusé d’élire une femme. Que cela nous plaise ou pas, Donald Trump a été élu démocratiquement par une majorité d’Américains et ce n’est certainement pas au Premier Ministre canadien de se livrer à des commentaires à peine un mois après l’élection. Cela était complètement déplacé.

Mais, du côté américain, les propos de Justin Trudeau n’ont pas choqué que le Président élu. L’un de ses adorateurs, le richissime Elon Musk, a foncé dans le tas, traitant Trudeau d’«abruti» ou de «crétin», selon les traductions. Pas fort pour un dirigeant d’entreprises qui ont fait d’Elon Musk l’homme le plus riche de la planète. Lorsque j’observe ces comportements de la part de deux milliardaires américains, je constate que l’argent n’achète ni l’intelligence, ni le jugement.

Guère mieux au Canada

La méthode Trump semble vouloir faire son chemin au Canada alors que des élus fédéraux et provinciaux se lancent des injures.

À Ottawa, le chef conservateur Pierre Poilievre traitait Justin Trudeau de «cinglé» en pleine Chambre des Communes en mai dernier, refusant même de retirer ses propos suite à l’insistance du Président de la Chambre.

La semaine dernière, le Ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, accusait certains Premiers Ministres provinciaux, dont François Legault, d’être des «mangeux de puck» dans le cadre des discussions pour contrer les menaces de Donald Trump.

De tels propos à l’aube d’une campagne électorale canadienne n’augurent rien de bon. Va-ton préférer s’insulter de part et d’autre ou va-ton plutôt se concentrer à offrir des solutions pour régler les nombreux problèmes qui affectent les Canadiennes et les Canadiens?

Trump ne comprend pas

Pour justifier ses menaces d’imposer d’importants tarifs douaniers sur les importations canadiennes, Donald Trump avance deux arguments.

En premier lieu, Trump parle du déficit commercial entre le Canada et les États-Unis. Ce déficit commercial est la différence entre les biens importés et exportés par un pays. 

En 2022, derniers chiffres disponibles, le Canada et les États-Unis se sont échangés des biens pour une valeur de 908,9 milliards de dollars (908,9 G$). Alors que le Canada a exporté du côté américain des biens d’une valeur totale de 481,2 G$, il en a importé des États-Unis pour une valeur de 427,7 G$, ce qui laisse un déficit commercial de 53,5 G$ pour les États-Unis. C’est ce déficit que Trump qualifie faussement de «subvention». 

À première vue, il m’apparaît plutôt normal qu’un pays de plus de 345 millions d’habitants achète plus d’un pays d’à peine 40 millions d’habitants que son contraire.

Autre argument utilisé par Trump, il y a la sécurité à la frontière entre le Canada et les États-Unis. Selon le Président américain en devenir, il entre trop de drogues et d’immigrants illégaux aux États-Unis par la frontière canado-américaine.

Si tel est le cas, Donald Trump devrait plutôt blâmer les douanes américaines que les douanes canadiennes. Quand des personnes et/ou des biens franchissent une frontière, ce n’est pas à la douane du pays d’où l’on sort que l’on s’arrête, mais plutôt à la douane du pays où l’on entre. Or, c’est là que l’on devrait intercepter les personnes et les biens illégaux. 

En prétendant que le déficit commercial américain avec le Canada est une «subvention» et en accusant le Canada de ne pas contrôler sa frontière en laissant entrer illégalement sur le territoire américain des personnes et des biens, Donald Trump étale son ignorance. 

À force de brasser de la merde, tout le monde finit par puer.

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Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine à tous nos dirigeants politiques:

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