Attachons nos tuques
Pier Dutil
De mémoire, je ne me souviens pas d’une élection dans un pays étranger qui a autant capté l’attention au Québec, au Canada et sur l’ensemble de la planète que la récente élection aux États-Unis.
Même ici, en Beauce, au cours des dernières semaines, un peu tout le monde s’exprimait quant à l’issue de l’élection présidentielle entre la démocrate Kamala Harris et le républicain Donald Trump.
Vu d’ici
Vu d’ici, cette élection suscitait de nombreuses interrogations. En effet, pour nous, il est difficile de comprendre comment un candidat avec un dossier criminel, accusé de multiples crimes sexuels et autres, ayant six faillites à son bilan économique et mal engueulé pour ne mentionner que ces éléments, comment une telle personne puisse être candidate à la direction de son pays.
Une victoire totale
La victoire de Donald Trump ne laisse place à aucun doute. Pour la première fois en trois élections, il a largement remporté le vote populaire avec plus de 74 millions de votes. De plus, les Républicains ont gagné le contrôle du Sénat et tout laisse croire qu’ils auront également la majorité à la Chambre des représentant, laissant ainsi le plein contrôle à Donald Trump pour faire adopter ses mesures. Sans oublier que, lors de son premier mandat, il a pris le contrôle de la Cour suprême en nommant trois juges conservateurs au plus haut tribunal américain.
Si son élection de 2016 pourrait être considérée comme une erreur de parcours, celle de la semaine dernière ne laisse aucun doute sur la volonté populaire d’une majorité d’Américains fortement préoccupés par leur situation économique.
La défaite démocrate
Pour les Démocrates, la défaite est amère. Le grand responsable de cette défaite est l’actuel Président, Joe Biden.
Lors de l’élection de 2020, Biden avait laissé entendre qu’il serait un Président de transition et que, à cause de son âge avancé à l’époque, 78 ans, il ne ferait qu’un mandat. Mais, la drogue du pouvoir s’est emparée de lui, comme c’est souvent le cas pour les politiciens qui ne savent pas partir.
Finalement, un débat désastreux avec Trump a soulevé l’inquiétude au sein des forces démocrates. Des pressions de plus en plus fortes se sont exercées sur le Président sortant qui a finalement accepté de retirer sa candidature, laissant ainsi le champ libre à Kamala Haris.
Malgré ses efforts, Kamala Harris ne disposait que d’un peu plus de 100 jours pour renverser une tendance à la défaite des Démocrates, alors que Donald Trump était en campagne depuis déjà quatre ans.
Finalement, la victoire de Donald Trump n’est pas aussi surprenante qu’on le croyait.
À quoi s’attendre?
L’élection de Trump a créé un choc dans la plupart des pays, à part ceux dirigés par des autocrates.
Les propos de Donald Trump durant la campagne ne laissent aucun doute sur ses intentions revanchardes à l’égard de ses opposants. Il nous a même averti qu’il se comporterait comme un dictateur durant sa première journée au pouvoir, ce qui n’est pas rassurant.
Toutes les poursuites le concernant devant les tribunaux seront abandonnées. Il graciera tous les condamnés qui ont envahi le Capitole le 6 janvier 2021. Il exigera de ses proches une loyauté totale à son égard plutôt qu’à la Constitution américaine comme le veut la loi. Enfin, il sera intéressant de voir qui seront les gens qu’il nommera à des postes clés de l’administration américaine. Les rumeurs concernant le milliardaire Elon Musk et l’anti-vaccin Robert F. Kennedy Junior ont de quoi inquiéter.
Quant à sa promesse de déporter plus de 11 millions de sans-papiers résidant sur le territoire américain, cela créerait des perturbations importantes au sein des entreprises où ces gens travaillent et coûterait des milliards de dollars à accomplir. Cela déclencherait une véritable chasse à l’homme qui risquerait fort de générer beaucoup de violence.
Cependant, il faut prendre avec une certaine réserve les promesses de Donald Trump. On se rappelle tous de sa promesse de 2016 de construire un mur sur toute la longueur de la frontière sud pour freiner l’entrée illégale d’immigrants, mur dont les coûts seraient payés par le Mexique. En quatre ans, le mur n’a gagné que quelques kilomètres, sans plus, et ce sont les Américains qui en ont fait les frais.
Menaces pour le Canada et le monde entier
Si, au cours de l’histoire, le Canada a généralement maintenu des relations harmonieuses avec son puissant voisin américain, les quatre années au pouvoir de Trump de 2017 à 2021 n’ont pas été un long fleuve tranquille. La renégociation de l’entente de libre échange qui a donné lieu à la mise en place de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) a finalement abouti sans trop de dommages pour le Canada. Mais, cet Accord doit être renégocié en 2026 avec un Donald Trump très protectionniste au pouvoir.
De plus, le nouveau Président a clairement laissé entendre qu’il entendait imposer de nouveaux tarifs douaniers sur toutes les importations américaines. Ces tarifs seraient d’un minimum de 10 %. Pour un pays comme le Canada, où plus de 70 % de notre production est exportée aux États-Unis, cela laisse planer une très grave menace pour nos entreprises et les milliers d’emplois qui pourraient disparaître.
Donald Trump pourrait également créer des situations chaotiques avec les pays partenaires des États-Unis. Quand il clame être en mesure de régler la guerre entre la Russie et l’Ukraine en 24 heures, il y a de quoi se questionner.
Donald Trump n’a aucun respect pour les institutions américaines et internationales comme l’OTAN et l’ONU pour ne nommer que ces deux dernières.
À partir de son entrée en fonction le 20 janvier 2025 jusqu’à son départ le 20 janvier 2029, l’imprévisible Trump 2.0 va perturber la planète.
Ah oui, j’oubliais, cette fois-ci, comme par hasard, je crois que Donald Trump ne contestera pas le résultat de l’élection.
Quant à nous, attachons nos tuques, car il va venter fort, très fort.
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Pensée de la semaine
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