Avez-vous survécu?
Pier Dutil
Au cours des dernières heures, est-ce que votre vie a été perturbée par un très important évènement survenu au cours de la nuit de samedi à dimanche?
Vous vous demandez sans doute de quel évènement menaçant je fais mention? Il s’agit du changement d’heure qui nous a permis de gagner une heure de sommeil, regagnant ainsi l’heure que nous avions perdue au printemps.
Un débat futile
Deux fois par année, les médias font tout un plat avec le phénomène du changement d’heure : heure avancée en été et heure normale en hiver.
Si l’on en croit certains psychiatres et/ou psychologues qui se disent spécialistes du sommeil, ces changements d’heure sont susceptibles de chambarder nos vies.
Il y aurait là des risques importants affectant les humains que nous sommes. On parle alors d’infarctus du myocarde, de dépression, d’accidents d’auto, d’insomnie et de mauvaise humeur. Rien de moins.
Tout cela pour une toute petite heure en plus ou en moins.
Je tiens à préciser que je ne veux pas minimiser les effets que des scientifiques affirment percevoir auprès de certaines personnes, mais je trouve que l’on beurre un peu épais.
Je ne sais pas à quel point les changements d’heure peuvent vous affecter ou non, mais, personnellement, les changements au printemps et à l’automne m’affectent de deux façons. Premièrement, j’avoue que, dans les jours qui suivent les changements, il m’arrive de m’endormir un peu plus tôt ou plus tard selon que l’on a avancé ou reculé l’heure. Mais rien pour perturber mes journées.
Deuxièmement, parce que je suis nul avec la technologie, je me rends à ma bijouterie préférée, Bijouterie St-Georges, pour que l’on m’aide à changer l’heure sur ma montre. En me voyant arriver, les employées esquissent un petit sourire et me disent : «Monsieur Dutil, on vous attendait.»
Traitez-moi de con incapable de changer lui-même l’heure de sa montre, je l’assume pleinement. Quant à moi, cela me donne l’occasion d’aller visiter deux fois par année des gens serviables.
Le décalage horaire
Au Canada, il y a six fuseaux horaires différents. Si vous voyagez le moindrement au pays, vous devrez donc vous adapter à ces changements d’heure et subir les effets du décalage. Les gens qui vivent au Bas-Saint-Laurent et qui se déplacent quotidiennement au Nouveau-Brunswick doivent s’adapter à l’heure des Maritimes, soit une heure plus tard qu’au Québec. À ce que je sache, il n’y a pas plus de crises de cœur, d’accidents d’auto et autres catastrophes du genre chez ces populations.
Les joueurs de hockey, de baseball, de football et autres circuits professionnels se promènent d’est en ouest au Canada et aux États-Unis au cours de la saison, subissant des décalages de deux ou trois heures. Ils ne semblent pas très affectés par ces changements.
Si jamais l’idée vous prend d’aller faire un voyage en Europe, vous devrez vous taper un décalage d’au moins cinq à six heures, peut-être même plus selon le pays visité. Et, si vous décidez d’aller visiter un pays d’Asie ou d’Océanie, attachez vos tuques, car le décalage horaire sera de 12 à 13 heures.
Tout cela pour dire que si le petit changement d’une heure deux fois par année vous perturbe, renoncez aux voyages et restez à la maison. Mais vous vous priverez en même temps de belles découvertes.
Notre bon Gouvernement
Heureusement pour nous, alors que notre système de santé tarde à s’améliorer, alors que des écoles tombent en décrépitude, que les enfants de la DPJ sont ballotés d’une famille ou d’une institution à une autre, notre bon Gouvernement caquiste a décidé de prendre les choses en main pour régler nos problèmes d’adaptation aux changements d’heure.
Ainsi, le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a décidé d’effectuer un important sondage permettant aux Québécoises et Québécois d’exprimer leur opinion à savoir s’ils souhaitent ou non abolir ces changements d’heure et, si l’on choisit l’abolition des changements, souhaitons nous adopter l’heure normale d’hiver ou l’heure avancée d’été.
Vous pouvez participer à ce sondage jusqu’au 1er décembre prochain et, il semble même que vous puissiez voter plus d’une fois, ce qui, si cela s’avère, vient fausser la valeur du sondage en question.
Dans Le Journal de Québec de jeudi dernier, un sondage Léger mentionnait que 69 % des Québécoises et Québécois souhaitaient que l’on abolisse les changements d’heure et 57 % voulaient que l’on adopte l’heure avancée de l’été à l’année longue.
Advenant que notre bon Gouvernement décide de donner suite à la volonté populaire en abolissant les changements d’heure, comment seront nos relations avec les autres provinces canadiennes et les états américains si ces derniers maintiennent les changements d’heure deux fois par année?
Une tempête dans un verre d’eau
Tous les débats autour des changements d’heure sont l’illustration d’une tempête dans un verre d’eau.
Je reconnais que certaines personnes puissent être affectées par les changements d’heure, notamment par le manque de luminosité durant les heures d’hiver, mais cela n’est pas généralisé.
Au Québec, on se plaît à se décrire comme une société distincte, mais, de grâce, ne nous isolons pas en adoptant des heures différentes de nos voisins.
Un adage dit que c’est notre capacité d’adaptation qui détermine si l’on vieillit bien ou non. Si je me fie aux débats concernant les changements d’heure, je crains de devoir conclure que les Québécoises et Québécois vieillissent mal. J’espère me tromper.
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