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Maman pour la vie

durée 18h00
7 octobre 2024
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

De son vivant, ma mère répétait souvent : «Quand tu es maman, tu l’es pour la vie.» Peu importe l’âge de ses enfants, une mère demeure toujours préoccupée par le sort de sa progéniture.

Marwah Rizqy, Députée libérale de Saint-Laurent depuis 2018, nous en a fourni un bel exemple la semaine dernière en annonçant son retrait de la politique à l’issue de son mandat en octobre 2026 pour se consacrer à ses deux jeunes enfants.

Un choix réfléchi

Marwah Rizqy avait déjà surpris la classe politique québécoise en renonçant à participer à la course à la chefferie du Parti libéral du Québec dont l’issue est prévue en juin 2025. Plusieurs la voyaient dans leur soupe, lui concédant presque la victoire à l’avance si elle avait choisi de se porter candidate.

Dans certains milieux féministes, la décision de Marwah Rizky peut surprendre, voire même décevoir. On se demande pourquoi c’est encore la femme qui doit renoncer à sa carrière pour être près de ses enfants. Cela même si le rôle des hommes a beaucoup évolué, permettant un meilleur partage des responsabilités familiales.

À cette étape, il importe de mentionner que Madame Rizqy est en couple avec Greg Kelley, Député de Jacques-Cartier à l’Assemblée nationale.

Quand les milieux féministes se demandent pourquoi c’est encore la femme qui doit renoncer à sa carrière, ce n’est pas nécessairement le cas au sein du couple Rizqy-Kelley. Lors de l’annonce de son retrait à venir, Madame Rizky a clairement mentionné que sa décision était réfléchie et que son conjoint lui avait offert de se retirer pour rester près de leurs enfants, permettant ainsi à la Députée de poursuivre sa carrière. Mais elle a refusé cette option. Son retrait est un choix personnel.

Les raisons qui l’on amenée à prendre sa décision sont on ne peut plus claires : «Je ne veux pas être une mère à temps partiel… J’ai tellement voulu avoir ces enfants-là. Je veux les élever moi-même.»

Quand elle déclare avoir «…tellement voulu ces enfants-là», Madame Rizqy reconnaît avoir fait appel à des traitements de fertilité lui permettant, finalement de devenir maman. Et cela deux fois plutôt qu’une. Suite à ces traitements, les membres du couple Rizqy-Kelley sont les parents de deux garçons nés en octobre 2022 et juin 2024.

Lors de l’annonce de sa décision, la Députée libérale a même ajouté que son retrait de la vie politique n’était pas une brève interruption puisqu’elle ne prévoyait pas un éventuel retour à la politique «… pour au moins les 15 prochaines années.» WOW!

Une étoile montante

Depuis son entrée en politique lors de l’élection de 2018, Marwah Rizqy s’est illustrée par l’ardeur de son travail et le contrôle de ses dossiers qui faisaient d’elle une adversaire redoutable.

Sa réputation est vite devenue enviable, au point qu’on la voyait partout : à la chefferie du Parti libéral du Québec, à la Mairie de Montréal et même au Gouvernement fédéral. 

Pourtant, en toute humilité, Marwah Rizqy a décidé de choisir le rôle de maman. N’allez pas croire qu’elle se retire pour demeurer à la maison à donner le biberon à ses marmots et les changer de couches au besoin. Non. Marwah Rizqy prévoit reprendre l’activité qui l’occupait avant son entrée en politique, soit l’enseignement de la fiscalité à l’Université de Sherbrooke. Cet emploi lui permettra d’être à la maison tous les soirs pour border ses deux petits trésors, pendant que papa continuera à siéger à l’Assemble nationale.

Tout en respectant pleinement la décision de Madame Rizqy, je me réjouis du fait qu’elle a décidé de compléter son mandat jusqu’en octobre 2026, respectant ainsi le choix de ses électeurs et évitant une coûteuse élection partielle dans son comté. Cela l’honore.

La place de la femme en politique

L’annonce de Madame Rizqy nous amène à nous questionner sur la place de la femme en politique. On se pète souvent les bretelles en disant avoir atteint la parité dans le nombre de candidats et de candidates lors d’une l’élection ou encore lors de la nomination des membres d’un cabinet, mais cela n’est pas suffisant.

À l’Assemblée nationale, les Députés.es n’ont pas droit à un congé de maternité ou de paternité comme dans toutes les autres fonctions. Depuis l’an dernier, on dispose d’une halte-garderie qui permet aux Députés.es qui ont des enfants de les amener avec eux, mais ce n’est pas une vraie garderie qui prend en charge les enfants tout au long de la journée. 

De plus, les horaires de travail obligent souvent les membres de l’Assemblée nationale à être sur place tôt le matin ou tard en soirée. Depuis peu, on a réduit le nombre des heures au cours desquelles le Parlement siégeait en soirée, mais c’est encore trop peu.

Si l’on veut réellement pouvoir compter sur la présence des femmes à l’Assemblée nationale, il faudrait adapter le travail en conséquence plutôt que de demander aux femmes de s’adapter. La politique ne peut se priver de la moitié de la population que constitue le sexe féminin.

Je remarque que plusieurs Députées ont poursuivi leur carrière tout en élevant leurs enfants, mais, dans la presque totalité de ces cas, elles pouvaient compter sur la présence d’un mari ou encore, elles représentaient un comté pas trop loin de Québec, leur permettant ainsi d’être plus souvent présentes à la maison.

Certains organismes féministes ne se réjouissent sans doute pas de la décision de Marwah Rizqy et utiliseront ce cas comme un exemple où les femmes sont une fois de plus victimes de la place prépondérante des mâles dans la vie politique.

En agissant ainsi, on manque de respect envers Marwah Rizqy et sa décision de privilégier son rôle de maman avant tout. Les grands gagnant de cette décision seront sans doute les deux garçons du couple Rizqy-Kelley.

Et, dans 15 ans, à l’âge de 54 ans, Marwah Rizqy, riche d’expériences nouvelles, sera encore en mesure de faire bénéficier le Québec de ses nombreux talents en effectuant un retour en politique. Qui sait?

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