Les pourboires : libres ou inclus?
Pier Dutil
Depuis quelques semaines, la question des pourboires versés aux serveurs et/ou serveuses dans les restaurants donne lieu à un débat.
Le débat se résume à deux options : devrait-on continuer à laisser les gens libres de donner le pourboire qu’ils désirent ou devrait-on inclure le pourboire dans le total de la facture.
Ce débat a pris naissance suite à l’utilisation par les restaurateurs d’appareils électroniques servant à effectuer le paiement par carte de crédit ou de débit.
15 %, 18 % ou plus
Ces appareils suggèrent un pourboire variant de 15%, à 18 %, à 20 % et parfois même plus. Plusieurs clients se disent gênés de cocher le minimum suggéré de 15 %, craignant de passer pour des radins. D’autres disent que c’est compliqué de calculer mentalement le montant à donner si l’on décide de donner un montant particulier.
Au Québec, dans la très grande majorité, les pourboires sont laissés à la discrétion des clients. Ils ne sont pas inclus dans le prix comme en France, à titre d’exemple.
Depuis peu, certains suggèrent que le pourboire soit inclus dans le prix total de la facture. On parle alors d’un pourboire minimum de 15 %, quitte à laisser à la discrétion des clients la possibilité d’ajouter un certain montant pour souligner un service remarquable.
Avant ou après les taxes
Si vous utilisez l’appareil électronique pour cocher un pourboire de 15 %, le montant sur lequel ce pourboire sera calculé sera celui du coût de votre repas plus le montant des taxes.
Ainsi, si le coût de votre repas totalise 50 $, ce qui n’est pas exagéré aujourd’hui, un pourboire de 15 % avant taxes vous coûtera 7,50 $. Mais, si vous utilisez l’appareil du restaurateur qui vous suggère 15 %, le total de la facture passera à 57,50 $ en incluant les taxes et votre pourboire de 15 % passera à 8,63 $.
Pourquoi devrait-on donner un pourboire sur le montant des taxes?
Quant au moyen de calculer un pourboire de 15 % sur le montant avant taxes, rien de plus facile. Il suffit tout simplement d’additionner le montant des deux taxes qui équivalent à 15 %. Il ne vous reste plus qu’à ajouter manuellement ce montant au total de la facture. Et si vous décidez d’être un plus généreux suite à un excellent service, libre à vous de donner un peu plus.
Tenir compte du service
Évidemment, en tant que client, il nous faut tenir compte du travail effectué par le serveur ou la serveuse. Servir un déjeuner de 15 $ ou un souper de 50 $ ou plus exige à peu près le même nombre de visites à notre table pour le service. Pourtant, si je m’en tiens à 15 % pour un déjeuner de 15 $, mon pourboire serait de 2,25 $.
Par contre, mon pourboire de 15 % pour le souper à 50 $ sera de 7,50 $. Il y a toute une différence pour un travail équivalent. J’utilise cet exemple pour souligner que le montant du pourboire ne devrait pas se limiter à un simple pourcentage, mais devrait plutôt tenir compte du travail effectué par les serveurs et serveuses.
Le coût des repas
Depuis la pandémie, période au cours de laquelle les restaurateurs ont lourdement souffert, 2 904 ont choisi de fermer leurs portes. Chez ceux qui restent, nous avons assisté à une forte augmentation des prix des repas. Un repas avec apéro, entrée, mets principal et dessert, plus vin totalisera facilement de 100 $ à 150 $ avant taxes et pourboire. Une importante partie de ces augmentations est due à la forte inflation des prix des aliments.
On peut facilement constater ce phénomène à chaque semaine en faisant notre marché. Si les prix des denrées ont augmenté au marché d’alimentation, elles ont également augmenté chez les fournisseurs où s’approvisionnent les restaurants. Il est donc normal de se retrouver avec des prix à la hausse.
Par contre, je me dois de reconnaître que certains restaurateurs ont abusé de la situation en augmentant leurs prix dans une proportion beaucoup plus élevée que le taux d’inflation.
Comme la pandémie, l’inflation a le dos large.
Je favorise le pourboire libre
Personnellement, j’aime manger au restaurant et j’en profite trois à quatre fois par semaine. Mon tour de taille peut en témoigner, mais je l’assume pleinement.
Je sais apprécier un bon service et verser un pourboire en conséquence. Je dois d’ailleurs mentionner que, dans notre région, une grande majorité de serveurs et serveuses offre un service de qualité.
Par contre, je n’hésite pas à donner un pourboire ridicule lorsque je reçois un service garoché, sans chaleur et négligé. Il m’est déjà arrivé, lors d’un souper dispendieux en compagnie d’amis.es, de laisser un pourboire de 1 $ sur la table. Je me suis même permis d’attendre que le serveur vienne à la table pour lui mentionner que le 1 $ n’était pas une erreur de ma part, mais plutôt une évaluation de la qualité de son service.
Dans le débat actuel à savoir si le pourboire devrait être laissé à la discrétion du client ou inclus dans le prix de la facture, j’opte pour le pourboire libre, ce qui me permet de manifester mon approbation ou non du service reçu.
Suite à l’augmentation des prix des repas dans les restaurants, les serveurs et serveuses qui offrent un excellent service gagnent très bien leur vie de ce temps-ci et je m’en réjouis.
Mais, comme me le faisaient remarquer des serveurs et des serveuses, il existe encore des clients radins qui, malgré un service de qualité, versent des pourboires ridicules.
Il importe de mentionner que le salaire horaire minimum des serveurs et serveuses à pourboire n’est que de 12,60 $ de l’heure. Ils ont absolument besoin de leurs pourboires.
Visionnez tous les textes de Pier Dutil
Pensée de la semaine
Je dédie la pensée de la semaine à tous les clients qui fréquentent les restaurants :
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.