Il pleut des milliards de dollars
Pier Dutil
Je ne sais pas si c’est moi qui suis dépassé, mais j’ai l’impression que nos dirigeants politiques ont perdu le contrôle des dépenses, tant au Canada qu’au Québec. Les récents budgets font pleuvoir des milliards de dollars qui contribueront à accroître les dettes fédérale et provinciale, dettes qui devront un jour être remboursées.
Des élections dispendieuses
Le déficit de près de 40 milliards de dollars (40 G$) annoncé la semaine dernière par le Gouvernement Trudeau contient une panoplie de nouveaux programmes mis de l’avant afin de permettre à Justin Trudeau de remporter la prochaine élection prévue pour octobre 2025.
Loin derrière les Conservateurs de Pierre Poilievre dans les sondages, Justin Trudeau s’est livré à un striptease d’annonces de nouveaux programmes tous plus coûteux les uns que les autres au cours des trois semaines précédant la présentation du budget 2024-2025.
On tente ainsi d’acheter la prochaine élection à coup de milliards de nouvelles dettes. Même si ces dépenses ne sont pas considérées comme des dépenses électorales, elles sont directement reliées à la proximité de la prochaine élection. Celle-ci deviendra donc l’élection la plus dispendieuse de l’histoire canadienne.
Une dette inquiétante
Je n’ai pas l’intention de reprendre la liste de tous les nouveaux programmes mis de l’avant dans le dernier budget, surtout que plusieurs de ces programmes interviennent dans les champs de compétence des provinces.
Ce qui m’inquiète avant tout, c’est l’ampleur de la dette fédérale qui, depuis l’arrivée de Justin Trudeau au pouvoir en 2015, est passée de 628 G$ à 1213 G$, soit près du double. Et, malheureusement, ce n’est pas fini.
En effet, dans le budget présenté par la ministre des Finances, Chrystia Freeland, on prévoit des nouveaux déficits totalisant 116,5 G$ au cours des quatre prochaines années.
Pour camoufler l’importance de la dette, les dirigeants politiques ne parlent plus de la dette en termes de dollars, mais plutôt en pourcentage du produit intérieur brut (PIB). Pourtant, ce n’est pas un pourcentage que l’on devra rembourser, mais bel et bien des dollars.
Et, même si certains prétendent que la dette peut être renouvelée d’année en année, il n’en demeure pas moins que l’on est dans l’obligation d’en payer les intérêts annuellement. Et ces intérêts sur la dette fédérale, ils se chiffrent présentement à 54,1 G$ et ils atteindront 64,3 G$ en 2028-2029. Imaginez tout ce que l’on pourrait s’offrir à tous les ans avec une telle somme.
En laissant ainsi croître sa dette tout en se contentant de payer les intérêts, le Gouvernement fédéral me fait penser à un détenteur de carte de crédit qui se contente de payer le minimum requis à tous les mois. Il maintient sa cote de crédit, mais il continue de creuser son trou.
Si l’on gérait notre budget familial ou le budget de nos entreprises de cette façon, c’est la faillite qui nous attendrait. Un Gouvernement ne peut faire faillite, mais si ses dépenses en intérêts sur sa dette ne cessent d’augmenter, c’est de l’argent qui n’est pas disponible pour rendre des services à ses concitoyens.
On a perdu le contrôle
Depuis leur élection à la tête du Gouvernement canadien en 2015, jamais les Libéraux de Justin Trudeau n’ont été en mesure de présenter un budget équilibré.
Même durant les années de prospérité économique qui ont prévalu jusqu’en 2020, à la veille de l’épidémie due à la COVID-19, les budgets déficitaires se sont succédés à Ottawa. Si un Gouvernement n’est pas capable de présenter des budgets équilibrés en pleine période de prospérité économique, imaginez-vous ce qui surviendra durant les années difficiles.
Pour maintenir son Gouvernement minoritaire au pouvoir, Justin Trudeau a pris entente avec le NPD de Jagmeet Sing qui s’est engagé à l’appuyer lors des votes de confiance, évitant ainsi un renversement qui mènerait à une nouvelle élection.
Mais cette entente ne se fait pas à faible coût. Le NPD a imposé aux Libéraux l’adoption de projets dispendieux comme une assurance médicaments, des soins dentaires gratuits et plusieurs autres mesures du genre qui occasionnent de nouvelles dépenses récurrentes de plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Les Libéraux et le NPD agissent comme si le Gouvernement canadien disposait d’un coffre-fort sans fond dans lequel on peut piger à volonté.
Des générations hypothéquées
En présentant son récent budget, Chrystia Freeland disait qu’il s’agissait d’un budget pour avantager les milléniaux (nés entre 1980 et 1996) et la génération Z (née entre 1997 et 2010).
Eh bien, je crois plutôt qu’il s’agit d’un budget qui vient hypothéquer ces deux générations qui, durant toute leur vie, devront faire les frais de ces nouvelles dettes et des intérêts qui les accompagnent.
Si j’ai accordé plus d’importance dans cette chronique au budget fédéral, le Québec n’a rien à envier à Ottawa avec un déficit prévu de 11 G$. La situation québécoise est moins inquiétante, mais il ne faudrait pas que l’on adopte la même attitude qu’au fédéral en multipliant les budgets déficitaires.
Des coûts astronomiques
Au cours des années passées, quand venait le temps de réaliser divers projets, on parlait de coûts de millions, de dizaines de millions, voire, au pire, de centaines de millions de dollars.
Aujourd’hui, parler de millions a l’air insignifiant. Le moindre projet de construction d’un pont, comme celui de l’Île d’Orléans, nécessite des milliards de dollars.
Et un milliard de dollars, c’est un chiffre que l’on peine à s’imaginer. Un milliard, c’est 1000 millions, rien de moins.
Et, à ne pas oublier, chacun de ces millions et/ou de ces milliards de dollars dépensés ou investis par nos Gouvernements, c’est de la poche des contribuables que nous sommes qu’ils proviennent.
C’est pourquoi je suis inquiet. Heureusement, grâce à mon âge avancé, ce n’est pas moi qui en ferai les frais encore longtemps.
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