Observations d'un dinosaure
Pier Dutil
En ce début d’année 2024, je choisis de partager avec vous des situations qui me font parfois rigoler. Je conviens qu’à mon âge, devinez, je me considère parfois comme un dinosaure, mais, heureusement pour moi et malheureusement pour certains, je ne suis pas encore en voie d’extinction.
Par contre, je me dois de reconnaître que, ce n’est pas parce que l’on rit que c’est nécessairement drôle.
Mary Simon
Le 26 juillet 2021, Justin Trudeau procédait à la nomination de Mary Simon à titre de Gouverneure générale du Canada, un pays supposément bilingue : français et anglais.
Si je cite le français en premier, c’est que le Canada a d’abord été colonisé par des francophones suite à l’arrivée de Jacques Cartier en 1534. Les Anglais ont pris le contrôle de la colonie suite à la bataille des Plaines d’Abraham en 1759, soit 225 ans plus tard.
Pour revenir à notre digne Mary, Justin Trudeau l’a nommée à la tête du Canada même si elle ne parle pas français. Elle se dit bilingue, mais elle parle l’anglais et l’inuktitut, une langue autochtone.
Récemment, la chroniqueuse Sophie Durocher du Journal de Montréal et du Journal de Québec nous apprenait que Mary Simon suivait des cours de français à raison de deux heures par semaine. Après 36 mois, elle n’est pas encore capable de s’exprimer suffisamment en français pour faire des phrases complètes.
Pourtant, ses 184 heures de cours nous ont déjà coûté 28 000 $, soit 152 $ de l’heure. À ce prix, son Excellence doit bénéficier d’un véritable maître. Mais, si j’en juge par le résultat, ou bien l’élève n’est pas douée, ou bien le maître est surévalué.
Jeans déchirés
Franchement, les créateurs de mode sont capables d’imposer n’importe quoi aux consommateurs, principalement aux membres du sexe féminin si je puis encore utiliser ce mot.
Qui aurait l’idée de s’acheter un vêtement déchiré? On le refuserait en disant que ce vêtement est brisé. Pourtant, depuis quelques années, on vend des jeans déchirés aux jeunes filles. En plein hiver, les jeunes portent ces jeans laissant voir leurs genoux et parfois même une grande partie de la jambe. Ça ne doit pas être très chaud.
Si je trouve cette mode amusante auprès des jeunes filles, je me questionne lorsque je croise une femme d’un certain âge, pour ne pas dire d’un âge certain, avec un jean déchiré. C’est bien beau de vouloir avoir l’air jeune, mais il y a des limites.
Accusez-moi de faire de l’âgisme si vous le désirez, mais je continuerai à esquisser un petit sourire en coin à chaque fois que je rencontrerai une mamie portant un jean déchiré.
Cliniques sans rendez-vous
Comme moi, vous savez à quel point il est difficile d’obtenir un rendez-vous avec un médecin de famille, même lorsqu’on en a un.
Pour suppléer à la situation, on nous suggère souvent de nous tourner vers les cliniques sans rendez-vous. Mais, pour accéder à une clinique sans rendez-vous, il nous faut prendre un rendez-vous. Est-ce qu’il y a quelque chose que je ne comprends pas?
Et, pour réussir à obtenir un rendez-vous, il nous faut, selon les cas, tenter notre chance via internet ou jouer à la loterie téléphonique en espérant ne pas tomber sur une ligne déjà occupée. Souvent, une ou deux minutes après l’heure d’ouverture de prise des rendez-vous, on nous informe qu’il n’y a plus de rendez-vous disponibles pour la journée. On croirait être en train de tenter de se procurer un billet du prochain show de Taylor Swift. Parfois j’ai l’impression que j’ai plus de chances de gagner un gros lot à la 6/49.
Négociations ardues
Au moment d’écrire ces lignes (26-12), même si on en est arrivé à certaines ententes, les négociations entre les employés syndiqués de l’État québécois et le Gouvernement ne sont toujours pas réglées.
Dans une récente édition du Journal de Montréal et du Journal de Québec, le chroniqueur Michel Girard nous traçait un portrait des entités impliquées dans ces négociations.
Croyez-le ou non, pour négocier avec ses employés syndiqués, la Présidente du Conseil du Trésor, Sonia Lebel, doit gérer 103 conventions collectives différentes et les négociations se déroulent à 81 tables.
M. Girard a recensé les données suivantes : à la Santé, on compte 48 conventions collectives et 30 tables de négociation. À l’Éducation, il y a 23 conventions et 20 tables de négociation. À l’Enseignement supérieur, c’est 10 conventions et neuf tables. À la Fonction publique, on retrouve 14 conventions et 14 tables. À la Famille, sept conventions et sept tables. Enfin, à la Sécurité publique, une convention et une table. Et pour couronner le tout, le Gouvernement fait face à 71 syndicats différents pour mener ces négociations. Un vrai bordel.
Vous vous demandiez pourquoi ces négociations prennent autant de temps? Vous disposez maintenant d’une partie de la réponse. Merci Michel Girard!
Ô Canada
Notre hymne national. «Ô Canada» a été composé d’abord en français en 1880. Les paroles sont d’Adolphe-Basile Routhier et la musique est celle de Calixa Lavallée. Une version anglaise, qui n’est pas une traduction, a été écrite par Robert Stanley Weir en 1908.
Dans les évènements sportifs qui se déroulent au Québec, comme aux parties du Canadien au Centre Bell, par exemple, on interprète toujours une version bilingue d’«Ô Canada». Pourquoi? Partout ailleurs au Canada, on s’en tient à la version unilingue anglaise, cela même lorsqu’une équipe du Québec est présente.
Le 16 décembre dernier, lors d’une partie des Jets de Winnipeg dans la LNH, on a eu droit à une interprétation bilingue : anglais et, attachez vos tuques, pendjabi, principale langue parlée en Inde. Rien de moins.
Voulez-vous bien me dire comment on a pu en arriver là? La population punjabi représente à peine 2,6 % de la population canadienne et elle a droit à sa version, alors que la population francophone représente près de 20 % et n’a pas droit à sa version en dehors du Québec.
Je persiste et je signe : ce n’est pas parce que l’on rit que c’est drôle.
Pensée de la semaine
Exceptionnellement, je remplace la pensée de la semaine par mes vœux pour la nouvelle année.
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