Les influenceurs, qui sont-ils?
Pier Dutil
Si vous fréquentez les réseaux sociaux depuis quelques années, vous n’avez certainement pas manqué d’observer le phénomène des influenceurs qui tentent de vous convaincre d’acheter un produit ou d’adopter un concept de vie quelconque.
En date du 17 juin dernier, la journaliste Élisa Cloutier du Journal de Québec a présenté un dossier fort bien documenté sur ce phénomène qui prend de plus en plus d’importance au Québec.
Une nouvelle industrie
Il y a plusieurs années, une entreprise qui voulait vendre un produit ou offrir un concept de vie utilisait la publicité dans les médias traditionnels comme les journaux, les magazines, la radio, la télévision, etc.
Le consommateur se familiarisait ainsi avec le produit et/ou le concept mis en évidence et décidait de l’acquérir, l’adopter ou non. Ainsi, d’importantes campagnes de marketing étaient élaborées souvent avec la collaboration d’agences de publicité reconnues.
Aujourd’hui, les jeunes, notamment les 15-34 ans, ne s’informent plus à partir des médias traditionnels. On surfe sur Instagram, YouTube, Facebook, TikTok et autres réseaux sociaux.
Pour joindre cette clientèle potentielle, les entreprises utilisent des influenceurs pour vanter leurs produits et/ou concepts. Le phénomène est maintenant tellement bien ancré dans les mœurs qu’on y a même consacré une expression : le «marketing d’influence.» Et les influenceurs sont devenus des «créateurs de contenu».
Quand je fais référence à une nouvelle industrie, c’est que le phénomène est répandu au point que des influenceurs utilisent maintenant des agences chargées de leur obtenir des contrats. Il y aurait une dizaine d’agences de ce genre au Québec.
C’est parfois très payant
Si le phénomène des influenceurs a vu le jour aux États-Unis où des milliers surfent sur les réseaux sociaux et récoltent des millions de dollars en revenus, le Québec n’est pas en reste.
Dans le dossier du Journal de Québec mentionné précédemment, la journaliste Élisa Cloutier s’est entretenue avec plusieurs influenceurs et influenceuses. Ceux-ci affirment compter plusieurs centaines de milliers, voire plus d’un million d’abonnés.
Et, à ma grande surprise, les influenceurs les plus populaires avouent retirer des revenus de plusieurs centaines de milliers de dollars. Certains ont même délaissé des emplois bien rémunérés pour se consacrer entièrement à la production de vidéos, de photos, de sketches faisant la promotion de divers produits et/ou concepts.
Pourtant, ces influenceurs, qui sont devenus des porte-parole vantant l’utilisation de divers produits et/ou concepts, étaient généralement de purs inconnus avant de se lancer dans cette aventure.
On a l’habitude de voir des personnalités artistiques, sportives ou autres agir comme porte-parole de produits dans le cadre de campagnes publicitaires. Mais l’idée d’utiliser d’illustres inconnus semble obtenir passablement de succès, principalement auprès des jeunes clientèles.
Mise en garde
Si les nombreux abonnés aux divers influenceurs semblent disposés à leur accorder une grande confiance, il y a lieu de faire preuve de prudence.
L’influenceur qui vante les mérites d’un produit est payé pour ce travail. Il y a là un intérêt financier majeur de la part de l’influenceur qui n’est peut-être pas un grand fan du produit mis en valeur.
Il y a également un risque pour les entreprises qui utilisent les services d’influenceurs. Ces derniers peuvent parfois adopter un comportement répréhensible. Ce fut le cas de certains influenceurs qui ont viré un party dans un avion de Sunwing en direction du Mexique le 30 décembre 2021, chantant, dansant, buvant et fumant dans une ambiance de party sans aucune protection en pleine période de pandémie.
Certains ont subi la perte de contrats suite à cette incartade, des compagnies ne souhaitant plus être associées à ces influenceurs.
Dernièrement, en France, on a découvert qu’une influenceuse nommée Anna Kéri, qui faisait la promotion de ses destinations, de ses activités et de certains aliments, était une pure création de l’intelligence artificielle. Anna Kéri n’existe tout simplement pas.
Je suis persuadé que la mode des influenceurs continuera de connaître du succès sur les réseaux sociaux et c’est tant mieux si plusieurs sont ainsi en mesure de bien gagner leur vie. Cependant, les consommateurs doivent faire preuve de prudence en n’oubliant pas que le premier intérêt des influenceurs est avant tout financier.
Pensée de la semaine
Je dédie la pensée de la semaine à celles et ceux qui fréquentent les réseaux sociaux :
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