Des femmes remarquables
Pier Dutil
DES FEMMES REMARQUABLES
Avertissement : Les opinions émises dans cette chronique sont susceptibles de choquer les machos qui pensent encore que la place des femmes est à la maison à élever les enfants. Si tel est votre cas, ne vous donnez pas la peine de lire ce qui suit.
En ce début d’année, j’aimerais rendre hommage à des femmes remarquables qui se sont signalées à divers égards en 2022 et qui continueront de le faire en 2023.
Je fais ici référence à des Iraniennes, des Afghanes, des Ukrainiennes et une Beauceronne.
DES IRANIENNES
Le 13 septembre dernier, Masha Amini, une jeune Iranienne de 22 ans, était arrêtée par la police des mœurs sous le prétexte que son voile ne cachait pas entièrement sa chevelure, laissant dépasser quelques couettes, crime grave au pays des ayatollahs. Trois jours plus tard, la jeune iranienne décédait des suites de mauvais traitements qu’elle aurait reçus en détention.
Depuis, des dizaines de milliers d’Iraniennes sont descendues dans les rues du pays pour protester contre l’obligation de porter le voile imposée par des dirigeants misogynes. Et ce mouvement de contestation, malgré une brutale répression policière, n’a cessé de faire les manchettes et a pris une telle ampleur que même plusieurs hommes s’y sont joints.
Ces manifestantes font preuve d’un courage rare puisque les mesures de répression ont fait actuellement plus de 500 morts et des milliers de blessés.es. Les policiers sont même allés jusqu’à tirer sur les manifestantes avec de vraies balles.
Quant aux hommes qui ont osé appuyer leurs concitoyennes, certains ont été arrêtés, cités à procès et pendus, rien de moins.
Je ne sais comment le tout se terminera, mais les Iraniennes font preuve d’un courage remarquable.
DES AFGHANES
La guerre en Afghanistan, qui a duré plus d’une décennie et qui visait à vaincre les talibans, ces fous de Dieu, s’est soldée par un retour au pouvoir des talibans.
Les pays étrangers, dont les États-Unis et le Canada, ne sont pas parvenus à instaurer la démocratie dans ce pays et on a encore tous à l’esprit les images de la fuite désorganisée des forces militaires occidentales à l’aéroport de Kaboul alors que des Afghans s’accrochaient aux avions prenant leur envol.
Malgré les belles promesses des nouveaux dirigeants de respecter les droits des femmes, ces dernières se sont vu interdire la fréquentation des universités et des écoles secondaires. Puis on leur a interdit de travailler pour des organismes communautaires non gouvernementaux venant en aide à la population qui crève de faim.
Et, comme si tout cela n’était pas suffisant, on a imposé aux femmes le port de la burka, ce vêtement qui recouvre le corps entier des femmes, ne laissant qu’un tout petit espace pour les yeux.
Malgré une forte répression, des milliers d’Afghanes sont descendues dans les rues à visage découvert, bravant les forces du régime en place. Malheureusement, ce courant de contestation risque peu de redonner aux femmes plus d’espace dans la société afghane.
Comme en Iran, le courage des Afghanes mérite d’être souligné, cela même si leur combat laisse bien peu d’espoir face à la dictature des talibans.
DES UKRAINIENNES
La guerre qui a débuté en février dernier en Ukraine suite à l’invasion par l’armée russe a révélé à la face du monde entier le courage d’un peuple qui résiste depuis plus de 10 mois à la puissance d’une armée beaucoup plus importante que la leur.
Dans ce conflit, les femmes se sont retrouvées seules pour s’occuper de la famille, alors que les maris ont été enrôlés dans l’armée ukrainienne pour combattre l’envahisseur.
Si plusieurs femmes sont demeurées sur place au risque de leur vie, des centaines de milliers d’autres ont pris sur elles de rassembler les membres de la famille et de fuir dans un pays voisin en attendant la fin du conflit.
En l’espace de quelques semaines seulement, ces femmes ont abandonné maison, rassemblé dans des valises quelques biens et franchi des milliers de kilomètres avec leurs enfants vers un pays étranger à la recherche d’une certaine sécurité.
En si peu de temps, ces Ukrainiennes ont vu leur vie basculer, mais ont su faire preuve de beaucoup de courage pour s’adapter à une nouvelle vie remplie d’incertitudes, nouvelle vie qui durera on ne sait combien de temps. À ce titre, les Ukrainiennes méritent toute notre admiration.
UNE BEAUCERONNE
Dans un tout autre registre, non moins méritoire, une Beauceronne, Marie-Philip Poulin, s’est grandement illustrée en 2022.
Sa performance aux Jeux olympiques de Beijing au sein de l’équipe canadienne féminine de hockey n’a été qu’une suite logique de ses performances antérieures qui remontent aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010.
Reconnue comme la meilleure joueuse de hockey féminin au monde, Marie-Philip, tout en continuant sa carrière, a été embauchée par le Canadien à titre de consultante. À voir la performance de l’équipe de ce temps-ci, je me demande si on ne devrait pas faire une place à Marie-Philip sur la patinoire.
En 2022, la native de Beauceville a reçu divers honneurs dont celui d’être choisie comme l’athlète féminine de l’année au Canada.
Ce qui me fascine chez cette athlète de chez nous, à part son grand talent, c’est sa forte personnalité. Marie-Philip Poulin continue de se signaler par son leadership, son éthique au travail, son esprit d’équipe et sa grande humilité. Son parcours pourrait facilement l’avoir amené à s’enfler la tête comme cela s’est produit avec d’autres athlètes. Tel n’est pas le cas.
Même si la situation de Marie-Philip Poulin diffère grandement de celles des Iraniennes, des Afghanes et des Ukrainiennes citées précédemment dans cette chronique, elle n’en demeure pas moins remarquable et digne de mention.
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PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine aux hommes qui s’acharnent encore à vouloir limiter le rôle des femmes en plein XXIe siècle :
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