Doit-on encore faire des enfants?
Pier Dutil
DOIT-ON ENCORE FAIRE DES ENFANTS?
Le 15 novembre dernier, la population de la planète a atteint les huit milliards d’habitants, ce qui a amené certains organismes à se demander si la terre était à même de supporter tout ce monde.
Pour plusieurs, la réponse est non, ce qui suffit pour affirmer que la solution se trouve dans la diminution des naissances.
SOMMES-NOUS TROP?
Il aura fallu 12 ans pour que la population de la planète passe de six à sept milliards et 11 ans pour passer de sept à huit milliards. Et, au rythme actuel des naissances, il est possible que l’on dépasse les neuf milliards d’ici 2030, soit en seulement huit ans.
Face à ces chiffres, certains organismes prétendent que la terre ne suffira pas à nourrir tous ses habitants. Déjà, plus de 800 millions de terriens ne mangent pas à leur faim.
Or, pour l’ONU, une partie de la solution se trouve dans la diminution des naissances. On va même jusqu’à affirmer que donner naissance à un enfant de moins en 2022 est l’action la plus efficace au niveau individuel pour lutter contre les changements climatiques. Selon certains militants écologistes, à l’heure actuelle, il est complètement fou de faire des enfants.
Pourtant, la terre produit suffisamment de denrées pour nourrir tout son monde. Le problème se situe au niveau de la distribution et de la répartition, certains consommant beaucoup trop, alors que d’autres n’ont pas accès à un minimum vital.
Selon le Global Footprint Network, un organisme de bienfaisance à but non lucratif basé aux États-Unis, en Belgique et en Suisse, si nous vivions tous comme un habitant de l’Inde, 0,8 planète suffirait à nos besoins. Par contre, si nous consommions tous comme les habitants des États-Unis, il nous faudrait 5 planètes pour assouvir tous nos besoins.
L'EXEMPLE DE LA CHINE
Les organismes qui prônent une diminution des naissances ont une vision à court terme. On se base sur le fait que la majorité des naissances a lieu dans les pays les plus pauvres, alors que dans les pays riches, les naissances sont au plus bas. D’où la conclusion que si l’on fait moins d’enfants, il y aura moins de bouches à nourrir et on n’aura pas à exploiter à fond toutes les ressources que la terre offre.
À court terme, cela peut être réaliste. Cependant, à long terme, si l’on fait de moins en moins d’enfants, un de ces jours il n’y aura plus suffisamment de gens pour assurer la relève sur notre planète.
Déjà, dans plusieurs pays, dont le Canada, on constate un manque de relève. Présentement, au Canada, on recense plus de gens de 65 ans et plus que de 0 à 15 ans. Si cette tendance se maintient, on va vite manquer de main-d’œuvre. Lentement, mais sûrement, une importante diminution des naissances pourrait mener à l’extinction du genre humain, faute de relève.
La Chine pourrait nous servir d’exemple à cet effet. Sous Mao, la Chine avait décrété que les familles devaient se limiter à un seul enfant. Et, dans la culture chinoise, on préférait donner naissance à un fils plutôt qu’à une fille, car un fils pourrait s’occuper de ses vieux parents. On a vu poindre toutes sortes de mesures plus ou moins condamnables pour éliminer les bébés filles.
Après quelques décennies de cette mesure, la Chine s’est retrouvée avec un surplus de garçons, lesquels, rendus à l’âge adulte, ne pouvaient prendre épouse pour la simple et bonne raison qu’il n’y avait pas suffisamment de filles. Pas de filles, pas de mariages, pas de bébés. Cela fait en sorte que le nombre de naissances a diminué au point que, depuis quelques années, on assiste à une diminution de la population totale en Chine et cela est appelé à continuer.
Ne plus faire d’enfants n’est donc pas une solution à long terme.
LA COP27
Pendant que l’on cherche des solutions pour que notre planète soit en mesure d’accueillir et de nourrir tout son monde, plus de 30 000 personnes en provenance de 110 pays étaient réunies en Égypte pour participer à la COP27, la conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques.
De COP en COP, les pays ne parviennent pas à s’entendre sur l’urgence d’adopter des mesures qui permettraient de protéger notre planète. On se livre à des discours parfois alarmistes, on constate l’état de la situation, mais, quand vient le moment d’adopter les mesures nécessaires pour remédier à la situation, chacun des intervenants privilégie ses propres intérêts au détriment de l’état de la planète.
Même lorsque l’on finit par adopter des mesures, il s’agit de bien tièdes objectifs, lesquels ne sont jamais atteints comme c’est le cas au Canada.
Pendant ce temps, on ne cesse de voir de nombreuses terres arables ne plus être en mesure de produire à cause de sécheresses et/ou d’inondations. Des millions d’individus doivent être relocalisés parce que les lieux où ils vivent sont inondés suite à la montée des eaux des océans. Même chez nous, les ouragans dévastateurs se font de plus en plus nombreux.
Finalement, ce n’est pas en faisant moins d’enfants que l’on va sauver la planète, mais plutôt en en faisant un usage responsable. Cela nous demandera des efforts. Reste à savoir si nous sommes disposés à faire partie de la solution plutôt que du problème.
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PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine aux représentants des pays qui ont participé à la COP27 :
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