On a les politiciens que l'on mérite
Pier Dutil
ON A LES POLITICIENS QUE L’ON MÉRITE
Dans le cadre de l’élection fédérale qui a pris fin aujourd’hui (lundi 20 septembre), 2 010 candidates et candidats représentant 22 partis politiques différents étaient en lice.
De ce nombre 338 deviendront Députés.es et iront siéger au Parlement canadien, alors que 1 672 rentreront bredouille à la maison. Ainsi le veut la démocratie.
À NOUS DE CHOISIR
Le Canada, depuis la Constitution de 1867, est un pays démocratique, c’est-à-dire que ce sont les citoyens qui élisent leurs représentants. Malheureusement, près du tiers des citoyennes et citoyens ayant droit de vote ne se prévalent pas de ce précieux privilège.
Pourtant, il est relativement facile d’exercer son droit de vote dans notre pays : vote par anticipation durant plusieurs jours, vote par la poste, vote directement au bureau du Directeur du scrutin et, finalement, vote dans les nombreux bureaux de scrutin le jour de l’élection. Ne pas se prévaloir de son droit de vote peut reposer sur plusieurs raisons, mais c’est renoncer à un privilège que des millions de personnes à travers le monde aimeraient bien exercer.
Au Canada, la démocratie n’a jamais été menacée. On la prend pour acquise ce qui nous amène souvent à ne pas lui attribuer tout le respect qu’elle mérite. Si on en était un jour privé, il y a fort à parier que nous en reconnaîtrions la valeur un peu comme on apprécie l’eau et l’électricité lorsque survient une panne.
DE PLUS EN PLUS DE VIOLENCE
Depuis quelques années, les élections fédérales et provinciales sont souvent l’objet de démonstrations de violence à l’égard des élus.es, des candidates et candidats.
L’élection fédérale actuelle a été l’occasion de gestes regrettables : on a lancé des cailloux à Justin Trudeau, on a enguirlandé des candidats pour les empêcher de parler, on a émis des propos déplacés envers les conjointes, etc.
Même en Beauce, on a vu apparaître des graffitis menaçants de mort François Legault et Christian Dubé. Plusieurs élus, dont le Député provincial de Beauce-Sud, Samuel Poulin, déclaraient récemment avoir reçu des menaces violentes via les réseaux sociaux comme Facebook et autres. On ne se contente pas de les affubler de bêtises, on va jusqu’à menacer les membres de leurs familles, mentionnant que l’on sait où ils demeurent, quelles écoles fréquentent leurs enfants et ainsi de suite. Pas de quoi donner le goût à des citoyens de s’impliquer en politique.
En vue des élections municipales prévues le 7 novembre à l’échelle du Québec, plusieurs dirigeants municipaux ont décidé d’abandonner la scène politique municipale suite aux menaces dont ils font l’objet.
Je me permets de rappeler le cas de Pauline Marois qui, le soir de sa victoire le 4 septembre 2012, a été victime d’une tentative d’assassinat au Métropolis. N’eût été de l’intervention de deux techniciens qui ont bloqué l’entrée à Richard Henry Bain, lourdement armé, la vie de la nouvelle première Ministre du Québec aurait été menacée. D’ailleurs l’un des deux techniciens est tombé sous les balles de Bain et l’autre a été lourdement blessé avant que les policiers parviennent à arrêter le tireur fou.
EXPRIMER SON DÉSACCORD
Je comprends que des citoyens puissent être insatisfaits de certains élus municipaux, provinciaux ou fédéraux, mais cela ne justifie en rien l’utilisation de menaces et de violence.
L’apparition des réseaux sociaux comme Facebook et autres semblables a rendu facile l’émission de propos désobligeants. Assis face à son écran, seul à la maison, il est facile de jouer les gros bras, surtout en cachant sa véritable identité. Quel acte de lâcheté!
LE RESPECT, ÇA SE MÉRITE
Au lieu de s’en prendre aux citoyennes et aux citoyens qui font acte de candidature lors d’une élection, on devrait se réjouir de trouver des gens disposés à servir. Plus il y a de candidates et de candidats, meilleur est notre choix.
D’accord, il y a des politiciens malhonnêtes comme il y a de mauvais prêtres, de mauvais médecins, etc., mais cela ne justifie en rien l’utilisation de la violence. Je reconnais également que plusieurs politiciens ne respectent pas leurs promesses, trahissent leur mandat et font preuve d’arrogance à l’égard des citoyens qui leur ont confié un mandat. Dans ces cas, on n’aura qu’à leur montrer la porte de sortie lors du prochain scrutin.
De leur côté, les élus.es doivent se rappeler qu’ils sont au service de leurs concitoyens et non le contraire. Les Maires, Députés, Ministres et premiers Ministres devraient comprendre qu’ils sont nos employés et non pas nos patrons. C’est nous qui les élisons et qui les payons. S’ils souhaitent qu’on les respecte, ils ne devraient pas oublier que le respect ne vient pas avec la fonction; il se mérite.
La rentrée parlementaire à Québec la semaine dernière a donné lieu à des échanges acerbes de la part de nos élus.es, alors que l’on se traitait de woke, de curé des années 50, de monarque et ainsi de suite. Rien pour inspirer le respect, avouons-le. Il reste encore un an avant la tenue de l’élection générale au Québec. Espérons que l’on ne nous imposera pas ce climat dégradant durant toute l’année.
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PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine à celles et ceux qui manquent de respect à l’égard des gens qui s’impliquent en politique :
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