Le Canadien et la Gouverneure générale
Pier Dutil
LE CANADIEN ET LA GOUVERNEURE GÉNÉRALE
Deux sujets dans deux mondes bien différents, le sport et la politique, ont retenu mon attention cette semaine. Même si l’on dit souvent que faire de la politique, c’est du sport et que dans le sport, il y a parfois de la politique, il n’y a aucun rapport entre l’élimination du Canadien lors de la finale de la Coupe Stanley et la nomination d’une nouvelle Gouverneure générale à Ottawa.
LA SURPRISE CRÉÉE PAR LE CANADIEN
Les amateurs de hockey et les partisans de la Sainte Flanelle en ont eu pour leur argent lors des récentes séries éliminatoires de la LNH.
Entré dans les séries par la porte arrière en se classant au 18e rang des 32 équipes avec seulement 59 points, résultat de 24 victoires et de 32 défaites, le Canadien n’aurait pas participé aux séries s’il avait évolué dans l’une ou l’autre des trois autres divisions.
Après une saison que l’on peut qualifier d’ordinaire, les joueurs du Bleu-Blanc-Rouge ont accompli des miracles durant les séries pour atteindre la finale. Ils se sont inclinés en finale tout simplement parce qu’ils affrontaient une équipe supérieure, le Lighting de Tampa Bay, qui a ainsi remporté sa deuxième Coupe Stanley consécutive.
Source d’encouragement pour l’avenir, deux des trois meilleurs compteurs du Canadien durant les séries sont Nick Suzuki, 21 ans et Cole Caufield, 20 ans, deux jeunes promis à un bel avenir. Et il ne faut pas oublier que Cole Caufield évoluait dans une équipe universitaire américaine durant la saison régulière. Il y a donc une bonne relève au sein de l’équipe qui pourrait s’approprier l’ancien slogan des Nordiques de Québec : «Le meilleur est à venir.»
ÇA NOUS A FAIT DU BIEN
Que l’on soit partisan ou non du Canadien, le parcours de l’équipe a fait du bien au moral des Québécoises et des Québécois. Durant près de deux mois, un autre sujet que celui de cette maudite pandémie due à la COVID-19 animait nos discussions. À tous les deux jours, notre attention portait enfin sur autre chose et les médias abordaient de nouvelles manchettes.
Même si le Canadien n’a pas remporté la Coupe Stanley, cette dernière sera présente au Québec tout au long de l’été puisque quatre joueurs (Mathieu Joseph, Yanni Gourde, David Savard et Ales Killorn) et deux administrateurs (Julien Brisebois, DG et Mathieu Darche, directeur des opérations hockey) ont des racines québécoises et se feront un plaisir d’apporter le précieux trophées dans leurs patelins respectifs.
LA NOMINATION DE MARY SIMON
En choisissant Mary Simon, une autochtone, comme nouvelle Gouverneur générale, Justin Trudeau voulait charmer les autochtones du Canada qui sont sur un pied de guerre suite à la découverte de centaines de corps d’enfants décédés dans des pensionnats à travers le pays.
Le parcours de Mary Simon la destinait à un tel honneur. Elle a fait sa marque partout où elle a évolué et les nombreuses reconnaissances qu’elle a obtenues indiquent à quel point son travail a été apprécié.
Cependant, il y a un problème dans ce choix de Justin Trudeau. La nouvelle Gouverneure générale, qui devient ainsi la Cheffe d’État du Canada, est incapable de s’exprimer dans l’une des deux langues officielles du pays, le français. Elle a bien tenté de «baragouiner» quelques mots de français lors de l’annonce de sa nomination, mais cela était pénible à entendre.
Questionnée au sujet de ses langues parlées, Madame Simon a déclaré : «Mon bilinguisme est inuktitut et anglais.» Quant à savoir pourquoi elle n’a jamais appris le français, elle a mentionné que, dans le cadre de ses études, on ne lui avait pas appris le français, alors même qu’elle est née au Québec. Elle a fait part de son intention d’apprendre cette nouvelle langue en discutant avec les membres de son personnel. Si elle n’a pas senti le besoin d’apprendre cette langue officielle du Canada en 73 ans, vous me permettrez de douter de l’entendre s’exprimer bientôt dans un français potable.
Si j’ai un reproche à adresser à quelqu’un suite à cette nomination, ce n’est pas à Madame Simon que je le destine, mais plutôt à Justin Trudeau qui a sciemment choisi une candidate ne parlant pas français. Et, j’insiste, le français à été la première langue parlée dans ce pays et est l’une des deux langues officielles reconnues par la constitution canadienne. C’est une gifle au visage des quelque huit millions de francophones du pays.
Je me demande si le choix de Justin Trudeau aurait porté sur une candidate ou un candidat autochtone qui aurait déclaré que son bilinguisme était inuktitut et français, soit une personne incapable de s’exprimer en anglais? Poser la question c’est y répondre.
Mais Justin Trudeau sait très bien que les Québécoises et les Québécois, en bons colonisés que nous sommes, pousseront quelques hauts cris ici et là, mais oublieront vite cette gifle en se préparant à tendre l’autre joue.
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PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine à Justin Trudeau :
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