Situations choquantes
Pier Dutil
SITUATIONS CHOQUANTES
La semaine dernière, trois évènements ont surgi dans l’actualité, évènements qui ont eu pour effet de choquer l’ensemble de la population.
Ces évènements sont les suivants : la découverte de 215 corps d’enfants autochtones dans un pensionnat en Colombie- Britannique, le versement de bonis de 10 M $ aux hauts dirigeants d’Air Canada et l’euthanasie de centaines de milliers de poulets à cause d’une grève dans une usine d’abattage.
LES PENSIONNATS POUR AUTOCHTONES
L’existence de pensionnats pour enfants autochtones au Canada est connue depuis longtemps. Ces pensionnats ont existé de 1820 à 1991 et de nombreuses histoires d’horreurs ont été révélées au cours des ans, notamment concernant des sévices corporels et sexuels auxquels ont été soumis des milliers d’enfants.
La création de ces pensionnats a été décrétée par le Gouvernement fédéral, en collaboration avec les Églises catholique, presbytérienne, anglicane et méthodiste. L’objectif premier consistait à éduquer ces jeunes enfants. Cependant, le rôle joué par les Églises complices a vite permis d’ajouter l’évangélisation de ces mêmes jeunes. Enfin, l’objectif ultime était d’assimiler cette jeune population.
Les enfants étaient littéralement enlevés à leurs parents, regroupés dans ces pensionnats où on allait même jusqu’à remplacer leurs noms par des numéros, leur interdire de parler leur langue maternelle et les soumettre à une discipline sévère qui reniait toute référence à leur culture de base.
La découverte de 215 corps dans une fosse commune à Kamloops, en Colombie-Britannique a remis au jour des souvenirs pénibles pour plusieurs survivants de ces pensionnats. Au Canada, on a compté jusqu’à 139 de ces pensionnats, dont plus 75 % étaient tenus par des congrégations religieuses catholiques. Sur les quelque 15 000 enfants qui y ont séjourné, plus de 3 000 sont décédés et les corps n‘ont jamais été retournés aux familles.
Si, comme le souhaite la pression publique, on effectue des recherches dans les anciens pensionnats, dont une douzaine ont existé au Québec, il ne faudrait pas se surprendre de retrouver d’autres fosses communes et de nombreux petits corps d’enfants.
Alors que les Églises anglicane, presbytérienne et méthodiste ont déjà présenté leurs excuses aux Autochtones, l’Église catholique s’est toujours abstenue d’aller dans cette direction. On s’est contenté de déplorer la situation, mais sans plus, ce qui n’est pas sans nous rappeler l’attitude de cette prétendue «sainte» Église catholique qui a caché durant des décennies le scandale de ses prêtres pédophiles.
Nul doute que tout cela constitue un chapitre honteux de notre histoire.
LES VAUTOURS D'AIR CANADA*
Le chat est sorti du sac la semaine dernière lorsque la publication de l’avis de convocation à l’assemblée générale des actionnaires d’Air Canada nous a permis d’apprendre que, tout juste avant de recevoir un plan d’aide du Gouvernement fédéral atteignant près de 6 G $, les hauts dirigeants de l’entreprise s’étaient vu attribuer des bonis totalisant 10 M $. Il importe de préciser que ces bonis s’ajoutent à la rémunération régulière et sont rattachés à l’atteinte de divers objectifs.
Au cours de l’année financière, les hauts dirigeants d’Air Canada ont mis à pied 20 000 de leurs employés, ont bénéficié d’un programme d’aide aux salaires d’Ottawa de 650 M $ et l’entreprise a complété son année financière avec un déficit net de 4,7 G $. Vous admettrez avec moi qu’une telle performance méritait certainement le versement de généreux bonis aux dirigeants, n’est-ce pas?
Malgré tous ces déboires, les pantins du conseil d’administration, eux-mêmes rémunérés 200 000 $ par année, ont autorisé le versement de ces honteux bonis.
Quand je pense que mes impôts et mes taxes servent à venir en aide à une entreprise dirigée par de tels vautours, je vous avoue que, si je travaillais encore, je serais fortement tenté de travailler au noir pour ainsi éviter de payer des taxes et des impôts, cela même si une telle pratique me pue au nez.
C’est à croire que la cupidité n’a aucune limite. Une vraie honte!
*Dimanche soir, des dirigeants ont annoncé renoncer à leurs bonis. J’y reviendrai la semaine prochaine lorsque nous connaîtrons tous les détails concernant ce revirement. Pour l’instant, ma position demeure inchangée.
UN DEMI-MILLION DE POULETS EUTHANASIÉS
La grève qui persiste à l’usine d’abattage de poulets Exceldor de St-Anselme a pour effet que près d’un demi-million de poulets ne pouvant être abattus doivent tout simplement être euthanasiés à chaque semaine. Un pur gaspillage de nourriture, alors que les banques alimentaires peinent à fournir à la demande de familles qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts.
Le conflit entre les 525 travailleurs d’Exceldor et les dirigeants de l’entreprise est tout à fait légal et je n’ai pas l’intention de prendre parti pour l’un ou l’autre des deux camps.
Cependant, je suis choqué de constater que ce conflit ouvrier entraîne un tel gaspillage de nourriture en plus de menacer l’approvisionnement de centaines de restaurants et de magasins d’alimentation.
Ne soyons pas surpris si, d’ici peu, il y ait de moins en moins de poulet sur les menus des restaurants et dans les comptoirs de nos épiceries. Et lorsque le poulet sera de retour, parions que le prix en sera augmenté. Finalement, c’est toujours le consommateur qui, au bout de la chaîne, finit par en payer le prix.
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PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine à tous ces êtres cupides qui sont prêts à n’importe quelle bassesse pour s’en mettre plein les poches :
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