On est dans la merde!
Pier Dutil
ON EST DANS LA MERDE!
La Beauce est une région qui s’est souvent démarquée au Québec par des réalisations qui rendaient fiers ses concitoyens.
Malheureusement, de ce temps-ci, on ne devrait pas se contenter de porter un masque en public. On devrait s’enfouir la tête dans un sac comme le font les partisans qui ont honte des performances de leur équipe sportive préférée.
UNE SITUATION «CRITIQUE»
Lors de son passage en Beauce la semaine dernière, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a qualifié de «critique» la situation actuelle en Beauce. Certaines personnes n’ont pas apprécié la remarque du ministre Dubé, surtout lorsqu’il a ajouté que les Beaucerons avaient «..la tête dure.» Même si cela n’est pas un compliment, je dois reconnaître que je suis pleinement d’accord avec ce commentaire.
D’ailleurs, ce n’est pas d’aujourd’hui que cette réputation nous suit. En effet, en 1974, l’auteure Madeleine Ferron écrivait un livre sur l’histoire de la Beauce qu’elle avait intitulé : «Les Beaucerons ces insoumis.» Avec le temps, on en éprouvait même une certaine fierté. Mais, aujourd’hui, il n’y a pas lieu d’être fier.
Lorsque l’on nous félicite pour nos bons coups, c’est agréable à entendre, mais, lorsque notre comportement collectif mérite certains reproches, il nous faut avoir la maturité de les accepter.
DES CHIFFRES QUI NE MENTENT PAS
Depuis le début d’avril, le nombre de nouveaux cas de victimes de la COVID-19 ne cesse d’exploser dans les trois MRC de la Beauce.
La situation est telle que nous sommes présentement la pire sous-région au Québec avec 724,8 cas actifs par 100 000 habitants. Actuellement, en Chaudière-Appalaches, il y a 1 721 cas actifs et 746 de ces cas proviennent de la Beauce. Cela représente 43,3 % de tous les cas actifs, alors que la population des trois MRC beauceronnes ne représente que 25,8 % de la population totale.
Comment expliquer cette situation? Ce n’est pourtant pas compliqué. Les rassemblements se sont multipliés lors du congé de Pâques et dans les cabanes à sucre, on a relâché l’application des mesures sanitaires dans certains milieux de travail (53 cas répertoriés) et ainsi de suite.
On a même vu le virus réapparaître dans des CHSLD et des RPA. Pourtant ce ne sont pas les résidents de ces lieux qui sont sortis à l’extérieur pour aller chercher le virus. Il a été apporté à l’intérieur par des employés qui ont refusé d’être vaccinés ou par des visiteurs.
Alors que la vaccination a connu une grande popularité dès le début, il semble y avoir un certain ralentissement, surtout à l’égard du vaccin AstraZeneca. Il s’agit là d’une crainte tout à fait injustifiée. Comme l’expliquait récemment un médecin, vous avez plus de chances de mourir des suites d’un accident d’auto en vous rendant au centre de vaccination que d’être affectés par des effets secondaires sévères du vaccin en question.
Qu’on le veuille ou pas, il va falloir se faire à l’idée : le vaccin est le seul moyen qui nous permettra de venir à bout de cette pandémie.
MAXIME BERNIER ET LE VACCIN
Maxime Bernier a perdu une belle occasion de se la fermer la semaine dernière. Alors qu’il accompagnait un groupe réfractaire à l’application des mesures sanitaires, il a déclaré que, parce qu’il était en santé et qu’il n’avait que 58 ans, il ne voyait pas la nécessité de se faire vacciner.
Lors de la campagne électorale d’octobre 2019, Maxime Bernier se disait porteur des valeurs beauceronnes. L’une de ces valeurs est la solidarité qui a fait ses preuves depuis des décennies et qui s’est souvent manifestée dans le cadre de nombreuses corvées au cours desquelles les Beaucerons n’hésitaient pas à venir en aide à des gens éplorés par un malheur quelconque.
Monsieur Bernier, on ne se fait pas vacciner uniquement pour soi. On se fait également vacciner pour éviter de propager la maladie aux gens que l’on côtoie.
Les récents propos de Maxime Bernier ont démontré une fois de plus son penchant d’extrémiste de droite. Avec un résultat électoral de moins de 3 % à travers le Canada et une défaite dans son propre comté, M. Bernier devrait avoir compris que son programme ne correspond en rien aux valeurs des électeurs beaucerons et canadiens.
D’ailleurs, peu après sa prise de position, Maxime Bernier a essuyé de nombreux commentaires négatifs de Beauceronnes et Beaucerons et il a même vu l’un de ses plus fidèles supporteurs, Yvon Thibodeau, quitter le bateau du PCC. Quand on en est rendu à perdre l’appui des gens qui nous supportaient depuis les tout débuts de notre parcours politique, ce n’est pas très bon signe pour la prochaine campagne électorale qui ne tardera pas à venir.
DES PISTES D’AMÉLIORATION
Deux mesures concernant notre région devraient aider à traverser les prochaines étapes de la pandémie. Douze des 157 lits de l’hôpital de St-Georges sont maintenant réservés aux victimes de la COVID-19 qui n’auront plus à être transférées à l’Hôtel-Dieu de Lévis.
Cependant, cela vient priver les patients d’autres maladies d’autant de lits. De plus, les nouvelles hospitalisations occasionnent une amorce de délestage pour d’autres soins qui devront être reportés.
Enfin, l’ouverture d’une clinique de dépistage à St-Georges facilitera la tâche de celles et ceux qui souhaitent savoir s’ils sont positifs ou négatifs.
Espérons que notre attitude collective permettra à la Beauce de perdre sa place de pire région au Québec, nous permettant de retrouver notre fierté.
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PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine à celles et ceux qui contestent les mesures sanitaires et la vaccination :
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