Nos bébés de 2021
Pier Dutil
NOS BÉBÉS DE 2021
Depuis un an, avec la régularité d’un métronome, on nous livre quotidiennement le bilan des décès reliés à la pandémie. Mais il ne faudrait pas oublier que la vie continue pour l’ensemble des gens et que des enfants voient le jour sans se douter de ce que leur réserve l’avenir.
Annuellement, 331 000 enfants viennent au monde au Canada et, parmi eux, 84 200 font de même au Québec.
LES BONNES NOUVELLES
Les bébés qui naissent cette année au Canada ont la chance d’arriver dans un pays où ils ne manqueront pas d’espace. En effet, au Canada, on ne recense que quatre personnes au kilomètre carré.
De plus, en naissant ici, les bébés de 2021 auront droit à des soins de santé gratuits et à des services d’éducation parmi les moins onéreux du monde.
Grâce au développement de la technologie moderne, à la découverte de médicaments nouveaux et à des techniques d’intervention médicales toujours plus avancées, nos bébés de 2021 ont de fortes chances de devenir centenaires, tout en maintenant une qualité de vie intéressante.
Une fois leurs études complétées, nos bébés 2021 devraient avoir la possibilité de travailler dans un domaine où ils pourront se réaliser. Le travail risque fort d’être très différent de celui que nous connaissons présentement, mais il sera probablement moins exigeant physiquement grâce à la mise en place de technologies nouvelles.
Alors que notre génération se limite à des voyages sur la planète Terre, peut-être que les bébés de 2021 seront de la génération qui se rendra sur la Lune ou sur Mars. Les limites ne seront plus les mêmes.
LES MAUVAISES NOUVELLES
Mais, étant donné qu’il y a toujours deux côtés à une médaille, nos bébés de 2021 ne verront pas le jour dans un paradis.
Dès leur arrivée, les nouveaux nés font entendre des pleurs, comme s’ils étaient déjà conscients qu’ils viennent d’hériter d’une dette de 30 000 $ au fédéral, dette qui risque de doubler au cours des cinq prochaines années. Et cela est sans compter la dette de leur province, de leur municipalité et de leur centre de services scolaire.
La planète sur laquelle ils viennent d’atterrir est également menacé sur le plan environnemental. Les catastrophes naturelles se multiplient et leur intensité ne cesse de croître. D’ici à ce qu’ils atteignent l’âge adulte, nos bébés de 2021 pourraient se retrouver avec un air difficile à respirer et à une eau potable de plus en plus rare.
Malheureusement pour eux, ils n’auront pas beaucoup de temps pour vivre leur enfance. Après une première année passée à la maison avec des maman et/ou papa qui auront bénéficié d’un congé parental, il se retrouveront à la garderie pour les quatre prochaines années. Viendra ensuite l’école (la maternelle, le primaire, le secondaire, le cégep et l’université), à moins qu’ils aient choisi de faire leur entrée sur le marché du travail après le secondaire.
Ces bébés, ils risquent fort d’hériter d’un nom composé permettant aux mères qui les ont portés durant neuf mois d’ajouter leur nom à celui du père, ce qui est légitime. Cependant, nos bébés de 2021 pourraient se voir attribuer un prénom composé parfois lourd à porter. À titre d’exemple, je pense au pauvre enfant qui hérite des prénoms et noms du genre Charles-Antoine Champagne Morissette. Faites le compte; il y a 34 caractères. Une fois rendu à l’école, Charles-Antoine aura besoin de beaucoup de temps pour apprendre à écrire ses prénoms et noms. Et pour le reste de sa vie, à chaque fois qu’il aura à remplir un formulaire, il risquera de manquer de cases. Alors que Guy Roy aura fini de remplir son formulaire au complet, Charles-Antoine Champagne Morissette finira à peine à inscrire ses prénoms et noms.
UNE POPULATION VIEILLISSANTE
Depuis plusieurs années, l’espérance de vie atteint de nouveaux sommets dans une grande majorité de pays. Déjà, on est en mesure de constater que le nombre de retraités ne cesse de croître, ce qui laisse de moins en moins de gens pour occuper les postes sur le marché du travail.
La pénurie de main-d’oeuvre que nos entreprises connaissent présentement n’est pas à la vieille de se résorber, car, en Occident et dans la plupart de pays développés, on fait de moins en moins d’enfants.
Au Canada, l’indice de fécondité est de 1,5 enfants par mère potentielle. Si l’on considère le fait que, pour assurer la relève de la population, on doit compter sur un taux de fécondité de 2,1 enfants par mère potentielle, pas besoin d’un doctorat en démographie pour comprendre que la relève ne sera pas suffisante pour remplacer celles et ceux qui décèderont au cours des prochaines décennies.
Sans appuyer sur le bouton de panique, il serait sage d’adopter dès aujourd’hui des mesures pour assurer la survie harmonieuse de notre planète et de ses futurs habitants. Soyons conscients que la planète de demain sera le principal héritage que nous léguerons aux bébés de 2021 et aux générations suivantes. Serons-nous fiers de notre héritage ou non? À nous d’agir en conséquence.
Visionnez tous les textes d'opinion de Pier Dutil
PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine à tous les parents :
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.