Les Beaucerons ces insoumis
Pier Dutil
LES BEAUCERONS CES INSOUMIS
Pour titrer ma chronique, j’ai emprunté à Madeleine Ferron le titre d’un livre qu’elle a publié en 1974 relatant «la petite histoire de la Beauce» de 1735 à 1867.
Elle y relate le passage en 1775 des troupes américaines de Benedict Arnold qui, arrivées en Beauce en très mauvaise condition, ont été accueillies amicalement par les Beaucerons, cela même si elles se dirigeaient sur Québec dans le but de renverser les troupes anglaises qui avaient pris possession du Canada-français. L’attitude des Beaucerons avait été décriée par les dirigeants de l’époque et par les membres du clergé qui considéraient le tout comme une trahison.
Au cours de leur histoire, les Beaucerons ont souvent refusé de suivre le chemin tracé par d’autres et ont préféré faire bande à part pour affirmer leur solidarité. Ce petit travers est même devenu un objet de fierté au cours des ans.
Mais, présentement, en pleine pandémie, cette attitude est sur le point de se tourner contre nous et de ternir notre réputation.
LE CRI DU COEUR DE LA DRE DOYON
Dans une entrevue accordée à enBeauce.com la semaine dernière, la Dre Julie Doyon, interniste au centre hospitalier de St-Georges, lance un cri du cœur à ses concitoyennes et concitoyens, les appelant à se ressaisir pour lutter contre la pandémie causée par la COVID-19.
La Dre Doyon déclarait : «Ma belle Beauce d’amour, ton taux d’incidence de la COVID-19 est le double du reste de la région de Chaudière-Appalaches et se compare même à celui de la région de Montréal… C’est pas reluisant, avoue! Je sais bien que tu as l’esprit festif, que tu aimes être avec les tiens… Mais là il faudrait que tu te ressaisisses.»
Pourquoi cette intervention soudaine? Tout simplement parce que ce qui se passe présentement dans notre région est inquiétant.
UN BILAN CATASTROPHIQUE
Lors de la première vague de la pandémie, soit du début mars jusqu’au 31 août, les trois MRC de la Beauce (Beauce-Sartigan, Robert-Cliche et Nouvelle-Beauce) ne recensaient que 128 cas et aucun décès.
Du 1er septembre à vendredi dernier, soit en moins de cinq mois, nous avons assisté à une explosion des cas en Beauce. En effet, nous sommes passés de 128 cas à 3 634, soit une augmentation de 2 739 %. Seulement ça! Ces cas se répartissent ainsi : 1820 en Beauce-Sartigan, 821 en Robert-Cliche et 993 en Nouvelle-Beauce. Malheureusement, plusieurs dizaines de décès ont accompagné cette éclosion.
Reconnaissez avec moi qu’il n’y a pas de quoi être fier.
COMMENT EN SOMMES-NOUS ARRIVÉS LÀ?
Poser la question, c’est y répondre. Ce triste résultat dépend avant tout du fait que trop de Beauceronnes et de Beaucerons n’ont pas suivi les consignes émises par nos dirigeants.
De son côté, lors d’entrevues données dans divers médias de la région, la Dre Liliane Romero, directrice de la Santé publique en Chaudière-Appalaches, explique que, contrairement à ce qui s’était passé lors de la première vague, alors que la très grande majorité des cas se retrouvaient dans les CHSLD, auprès des personnes vulnérables, la deuxième vague voit la transmission communautaire être responsable de 70 % des nouveaux cas.
La transmission communautaire, ça veut dire que le virus est transmis lors des contacts que nous avons avec nos proches, en famille, en milieu de travail ou dans le cadre de partys au cours desquels nous n’avons pas respecté les mesures de protection prescrites. C’est aussi simple que ça.
Je reconnais que les gens qui ont pris une chance en baissant la garde imprudemment ne sont pas tous des «covidiots» qui nient l’existence de la pandémie. Mais, il me semble qu’il y a déjà trop de «covidiots» au Québec et en Beauce que l’on n’a pas besoin de les imiter.
Si ces «covidiots» ne mettaient que leur propre santé en danger, on n’aurait qu’à dire tant pis pour eux. Mais, malheureusement, ce n’est pas le cas. Ils mettent également à risque la vie de leurs proches qui pourraient se retrouver dans des hôpitaux déjà débordés desservis par du personnel qui a la «broue» dans le toupet.
À cause de l’irresponsabilité de ces «covidiots», des malades qui attendent des soins depuis longtemps et d’autres, qui risquent de voir leur état de santé se dégrader dangereusement parce que leurs opérations ont été reportées, deviennent des victime collatérales de la pandémie.
Je me répète, il n’y a pas de quoi être fier.
Espérons que les Beauceronnes et les Beaucerons sauront placer leur fierté à la bonne place et répondre au cri du cœur de la Dre Julie Doyon pour faire preuve de solidarité.
PAS D'ACCORD
Jusqu’à date, j’ai été solidaire des consignes mises de l’avant par nos dirigeants depuis le début de la pandémie. Par contre, aujourd’hui, je dois vous avouer que la décision des autorités québécoises de reporter jusqu’à 90 jours l’application de la deuxième dose du vaccin m’inquiète au plus haut point. J’étais disposé à me rallier au passage de 21 à 42 jours, mais, au-delà de 42 jours, je crains que l’on soit en train de jouer avec le feu. Et tout le monde sait que, lorsque l’on joue avec le feu, on finit presque toujours par se brûler.
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PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine à celles et ceux qui se demandent quand la situation actuelle prendra fin :
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