Lâché lousse et l'armée dans les CHSLD
Pier Dutil
LÂCHÉS LOUSSE ET L’ARMÉE DANS LES CHSLD
Les statistiques quotidiennes concernant le nombre de nouveaux cas atteints par la COVID-19 et le nombre de décès au Québec est en baisse depuis quelques jours, ce qui incite les dirigeants à procéder à un déconfinement graduel qui touche de plus en plus de secteurs.
Pendant ce temps, un litige s’est installé entre les premiers Ministres Trudeau et Legault quant au maintien de la présence dans forces armées canadiennes dans plusieurs CHSLD du Québec.
Lâchés lousse
Depuis la mi-mai, le Québec a entrepris un déconfinement de nombreux secteurs d’activités. Évidemment, ces reprises d’activités tant souhaitées se font sous certaines conditions. Des mesures préventives parfois tatillonnes doivent être respectées, mais tout le monde a tellement hâte de pouvoir reprendre ses activités que l’on est prêts à faire des compromis.
Malheureusement, pour plusieurs, le déconfinement signifie que la crise est terminée et qu’on peut relâcher nos mesures de protection. Ce n’est malheureusement pas le cas. Au contraire. Plus on sera en contact avec les autres, plus les risques d’une contamination sociale sont élevés. Aux États-Unis, treize états qui ont abandonné le confinement ont vécu une recrudescence de nouveaux cas et de décès.
Depuis des mois que nous sommes en retenue, il ne faudrait pas que l’on agisse comme les animaux qui, lâchés lousse dans les prés au printemps, se mettent à gambader comme des poules pas de tête.
Nous pourrons graduellement retrouver un semblant de vie normale si nous continuons à respecter les consignes mises de l’avant par la Santé publique. Oui, ces mesures sont parfois dérangeantes, mais elles sont beaucoup moins dérangeantes que la pandémie elle-même et ses conséquences.
L’armée dans les CHSLD
À la demande du Gouvernement du Québec, un peu plus de 1 300 membres des forces armées canadiennes sont venus prêter assistance au personnel débordé dans les CHSLD.
L’arrivée de ces militaires a permis de redresser la barre dans plusieurs CHSLD où on a finalement repris le contrôle d’une situation catastrophique. Cela a fait une véritable différence et je n’ose m’imaginer ce qui serait arrivé si le Québec n’avait pu compter sur la présence des militaires.
Notant un manque important de travailleurs dans les CHSLD, le premier Ministre Legault a pris tout un pari en lançant un programme de formation intensive dans le but de recruter 10 000 nouveaux préposés. La plupart des observateurs doutaient que cet objectif soit atteint, cela même si les conditions rattachées à la formation et à l’emploi étaient alléchantes.
Près de 80 000 personnes ont répondu à l’appel. Il faudra voir comment se fera la sélection des 10 000 personnes, comment se déroulera la formation et, finalement, combien de ces personnes se retrouveront à l’emploi d’un CHSLD. Je suis convaincu que des pépins surviendront en cours de mise en place de ce programme, mais il nous faut reconnaître que l’on est sur la bonne voie.
Afin d’assurer un service adéquat dans les CHSLD, François Legault a demandé à son homologue canadien, Justin Trudeau, de prolonger la mission des forces armées canadiennes jusqu’au 15 septembre prochain.
Alors que le ministre de la Défense, Harjet Sajjan s’y oppose catégoriquement, Justin Trudeau n’a toujours pas répondu à l’appel de François Legault au moment d’écrire cette chronique et, pourtant, le temps presse puisque la mission doit prendre fin le 12 juin.
Pour refuser la demande du Québec, Ottawa affirme que ce n’est pas le rôle de l’armée d’aller changer des patients de couches, de les aider à manger et de laver des planchers et cela est vrai. Mais, quand je lis la mission des forces armées canadiennes, je constate que l’intervention actuelle au Québec cadre très bien dans cette mission : «La mission des membres des forces armées canadiennes est de défendre notre pays, ses intérêts et ses valeurs tout en concourant à la paix et à la sécurité dans le monde. Ils servent à divers types, au pays et à l’étranger, et ils font honneur à la fière tradition militaire du Canada.»
Présentement la sécurité de milliers de Québécois est menacée par la COVID-19. Si les forces armées canadiennes sont en mesure d’aider des concitoyens, et ils ont prouvé jusqu’ici qu’ils étaient en mesure de le faire, cela fait donc partie de leur mission.
Un peu plus de 1 300 militaires sont présentement affectés à cette mission baptisée Laser sur un total de 68 000 réguliers et 27 000 réservistes. On ne me convaincra pas que l’on risque de manquer de bras. Le ministre Sajjan prétend que les militaires doivent revenir à leurs bases pour se préparer à lutter contre d’éventuels feux de forêt et des inondations.
Présentement, aucune rivière canadienne ne déborde et les feux de forêts sont peu nombreux et sous contrôle. Si ce n’est pas le rôle des militaires de prêtes assistance dans les CHSLD du Québec, ce n’est pas plus leur rôle de remplir des sacs de sable pour lutter contre les inondations et de jouer aux pompiers lors des feux de forêt. Ces interventions sont cependant fort utiles et rendent de précieux services aux populations affectées. Présentement, il y a un besoin spécial au Québec et je ne vois pas comment on pourrait ne pas y répondre.
Les forces armées canadiennes ont mené et mènent toujours des centaines de missions dans des pays étrangers et c’est tout à leur honneur. Mais il ne faudrait pas oublier de venir en aide aux citoyens canadiens qui défraient les coûts des forces armées lorsqu’ils vivent une crise.
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PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine à chacun de nous en ce temps de déconfinement :
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