Ce n'est pas le temps de se crêper le chignon
Pier Dutil
CE N’EST PAS LE TEMPS
DE SE CRÊPER LE CHIGNON
La semaine dernière, le mur de solidarité qui semblait exister au sein de la population québécoise au sujet des mesures adoptées par le Gouvernement a commencé à se lézarder.
La situation dans les CHSLD, l’appel à l’aide des médecins spécialistes et le mea culpa du Premier ministre Legault ont suscité des réactions parfois divergentes.
La bombe des CHSLD
S’inspirant de la situation qui a prévalu dans certains pays européens où les hôpitaux ont été pris de court par l’arrivée de milliers de patients, les dirigeants québécois ont décidé de libérer des milliers de lits dans les hôpitaux afin de ne pas être pris au dépourvu. Plusieurs personnes âgées ont ainsi été déplacées dans les CHSLD.
Alors que la situation dans les hôpitaux est demeurée sous contrôle, nous avons assisté à une véritable explosion de cas de COVID-19 dans certains CHSLD et le nombre de décès n’a cessé d’augmenter de façon inquiétante.
L’appel aux spécialistes
Face au manque flagrant de personnel dans les CHSLD, le Premier ministre a lancé un appel à tous, particulièrement aux médecins spécialistes, les implorant de venir prêter main forte au personnel des CHSLD.
S’en est suivi un imbroglio concernant la rémunération des spécialistes à qui on se disait disposé à offrir 211 $ de l’heure, alors que les infirmières et les préposées qui travaillent au sein de ces organismes gagnent une infime partie de ce montant.
On a même assisté à quelques échanges acrimonieux entre le Premier ministre et Diane Francoeur, la Présidente de la Fédération des Médecins spécialistes du Québec. Cette dernière, faisant preuve d’une rare arrogance dans une telle situation, s’est même permise de narguer le docteur Horacio Arruda, l’invitant à se rendre dans un CHSLD pour prêter main forte au personnel, comme si celui-ci n’avait pas déjà assez à faire dans la gestion de l’actuelle crise. Le corporatisme dont a fait preuve Madame Francoeur n’était pas à son honneur. D’ailleurs, dans les jours qui ont suivi, des milliers de médecins spécialistes ont répondu à l’appel de François Legault, la grande majorité se disant prêts à intervenir bénévolement.
Pour le plus grand bien des résidants des CHSLD, l‘intervention des médecins spécialistes et de nombreux bénévoles issus du monde de la santé, le retour au boulot de retraités et l’arrivée de membres de l’armée canadienne contribueront sans doute à ce que l’on reprenne le contrôle dans les CHSLD d’ici peu.
Le mea culpa de François Legault
Pour une première fois en un peu plus de quarante jours au cours desquels François Legault s’est tapé un point de presse, on a senti une certaine impatience la semaine dernière. Il s’est même livré à un mea culpa, disant prendre toute la responsabilité de la situation actuelle. À ma connaissance, c’était la première fois que j’entendais un Premier ministre s’avouer coupable. D’habitude, nos dirigeants politiques sont des gens qui ne reconnaissent jamais avoir fait une erreur, C’est tout à l’honneur de François Legault d’avoir agi ainsi.
S’il y a un endroit où je ne voudrais pas me retrouver durant cette crise, c’est dans les souliers de François Legault. Sur une base quasi-quotidienne, ce dernier fait face au public et aux questions de certains journalistes qui cherchent des poux. Le premier ministre doit se fier aux informations qui lui arrivent du terrain et qui sont analysées par son entourage avant de lui être transmises. À partir de ces informations, les dirigeants prennent des décisions qui doivent, à leur tour, être transmises à la base pour être mises en application. Dans tout ce processus, il est déplorable que, comme pour le téléphone arabe, des informations ne soient pas toujours interprétées comme il se devrait.
Des effets de la réforme Barrette
Une partie des problèmes que nous vivons présentement en santé résulte de la réforme effectuée par l’ancien ministre de la Santé, Gaétan Barrette.
Ce dernier s’est livré à une centralisation à outrance, ramenant tous les pouvoirs de décision au sein du ministère et des centres intégrés de santé et de services sociaux, les fameux CISSS. Il en existe une vingtaine au Québec.
Quand on éloigne les centres de décision de l’action, les décisions tardent à se prendre et elles ne sont pas toujours conformes aux besoins réels des centres d’actions. À vouloir tout centraliser, on oublie que les besoins peuvent différer d’un centre hospitalier à un autre.
Quand j’ai entendu Gaétan Barrette se dire prêt à aller aider le personnel dans un CHSLD, je me suis dit, voilà le pyromane qui veut se faire pompier.
Aurait-on pu faire mieux?
À la question à savoir aurait-on pu faire mieux? La réponse est oui. Mais il est toujours facile de jouer au gérant d’estrades et d’analyser la partie une fois qu’elle a été jouée.
Lorsque l’on dirige un état de crise, on se doit de prendre des décisions. Il peut arriver que certaines décisions ne soient pas les meilleures parce que la situation évolue quotidiennement. Dans une telle situation, je dois vous avouer que je préfère un dirigeant qui n’hésite pas à agir plutôt qu’un dirigeant qui regarde passer la tempête en se disant que le beau temps finira bien par revenir.
De grâce, retrouvons notre calme et continuons à respecter les consignes car, à date, il semble que ce soit la meilleure façon de finir par remporter la bataille.
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PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine à nous tous :
2 commentaires
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J'espère qu'elle a payé elle-même ses études car si elle a eu la chance de profiter de bourses et de prêts, c'était sa chance de donner au suivant quand nous sommes dans une crise humanitaire...Il y a environ 60 ans, les gens hypothéquaient leur maison pour faire instruire leurs enfants. Bref! elle a discrédité les médecins qu'elle représente.