La monarchie, un régime dépassé
Pier Dutil
LA MONARCHIE, UN RÉGIME DÉPASSÉ
La décision récente de Harry, deuxième fils du Prince Charles et de Diana, et de son épouse Meghan de renoncer à leurs titres royaux et de cesser de recevoir des fonds publics a braqué les projecteurs sur la famille royale d’Angleterre.
Cette nouvelle a aussi attiré l’attention de ce côté-ci de l’Atlantique puisque le couple prévoit habiter le Canada et y effectuer de longs séjours.
Un règne tumultueux
Âgée de 93 ans, Elisabeth II règne sur le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et de 15 autres états appelés royaumes du Commonwealth, dont le Canada, depuis le 2 juin 1953, soit depuis bientôt 67 ans.
Si la première moitié du règne d’Elisabeth II s’est déroulé dans un calme relatif, la deuxième moitié n’a pas été un long fleuve tranquille. Parmi ses quatre enfants, Charles, Anne, Andrew et Edward, trois ont divorcé. En 1992, dans son bilan de l’année, Elisabeth II s’était même permis de qualifier ainsi son année «annus horribilis».
La mort tragique de Lady Di en 1997, le mariage de Charles à sa maîtresse Camilla Parker Bowless en 2005 et les frasques d’autres membres de la famille royale n’ont rien fait pour redorer le blason du règne d’Elisabeth II.
Malgré tout, la souveraine continue de jouir d’un climat de sympathie dans le public. On la respecte toujours. Il faut reconnaître qu’elle a su naviguer avec fermeté, même dans la tourmente.
Des pouvoirs symboliques
En Angleterre, la monarchie fait partie de la tradition et, malgré les coûts importants qui servent à maintenir ce pouvoir, une importante majorité demeure favorable au maintien de ce régime.
Par contre, dans plusieurs autres pays où Elisabeth II est officiellement le chef d’état, la monarchie ne jouit pas du même appui. Au Canada, un peu plus de 50 % des citoyens serait favorable à l’abolition de la monarchie.
Elisabeth II est représentée au Canada par la Gouverneur générale Julie Payette et au Québec par le Lieutenant-Gouverneur Michel Doyon. Ces représentants royaux ont de larges pouvoirs : chef des armées, nommer le Premier Ministre, entériner chacune des lois, abroger le parlement pour déclencher des élections, etc.
Il faut reconnaître que ces pouvoirs sont plutôt symboliques. On ne s’imagine pas un Gouverneur général ou un Lieutenant-Gouverneur refuser d’accorder le titre de Premier Ministre au chef du parti qui a fait élire le plus de députés lors d’une élection. Il serait également inacceptable pour un représentant de la Reine de refuser d’entériner une loi adoptée démocratiquement par le Parlement.
Lorsque l’on considère les coûts reliés au maintien de la monarchie au Canada, il n’y a pas de doute dans mon esprit, on pourrait utiliser beaucoup mieux cet argent pour quelque chose de beaucoup plus utile. Je me plais à comparer les représentants royaux à des bibelots qui ne servent à rien d’autre qu’à décorer un espace. On pourrait facilement s’en passer.
Bienvenue si ça ne coûte rien
Pour revenir à mon point de départ, soit la décision de Harry et Meghan de renoncer à leurs privilèges royaux et de séjourner au Canada, je peux comprendre leur décision. Harry se situe au sixième rang des personnes susceptibles d’accéder à la royauté. Il est donc tout à fait improbable qu’il accède un jour à cette fonction.
Si naître au sein d’une famille royale comporte plusieurs avantages : la fortune, la reconnaissance, l’adulation du public, etc., ce statut apporte aussi son lot d’inconvénients : peu de liberté, vie publique, harcèlement des paparazzi, etc.
Les altesses royales n’ont rien accompli de particulier pour jouir de ce statut. Ils en ont hérité tout simplement en naissant au sein d’une famille royale.
Vivre dans une cage dorée peut offrir de nombreux avantages, mais une cage demeure une cage et je n’envie pas les membres de la famille royale.
Que Harry et Meghan décident de baisser les stores de leur maison de verre pour vivre davantage en privé et élever leur enfant à l’abri des caméras est relativement facile à comprendre.
Quand Harry souhaite devenir également indépendant financièrement et ne plus toucher de fonds publics, c’est légitime.
Les fortunes de sa grand-mère et de son père sont suffisantes pour lui assurer un avenir confortable de même qu’aux membres de sa famille.
Si le jeune couple et leur premier enfant décident de s’établir au Canada, je leur souhaite la bienvenue, mais à condition que leur passage chez nous ne nous coûte rien. Ce ne sont plus des visiteurs royaux dont on doit assurer la sécurité. Ils ont choisi de devenir des citoyens comme vous et moi, alors il faut assumer pleinement ce choix.
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PENSÉE DE LA SEMAINE
Je dédie la pensée de la semaine à Harry et Meghan :
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