Elle a ses raisons
En violence conjugale, nombreux sont les sujets soulevant des questionnements ou des incompréhensions. D’ailleurs, lorsque je fais le tour de mes collègues pour leur demander quelle est LA question que les proches d’une victime de violence conjugale se posent, une question bien particulière sort du lot.
Si vous vous êtes dit, comment puis-je aider ? Malheureusement, vous n’y êtes pas.
Il s’agit plutôt de la raison pour laquelle une femme reste dans une relation toxique. Cette question, bien qu’innocente, démontre très bien la nature complexe de l’emprise qu’un partenaire violent peut avoir sur sa victime.
Dans l’esprit populaire, la dépendance affective serait une des raisons pour laquelle une femme reste dans une relation violente. Malgré le fait que cette idée soit très répandue, il est nécessaire de la déconstruire, puisque plusieurs raisons peuvent être à l’œuvre dans le choix de la femme.
Il est fort possible que l’une d’entre elles soit liée au fait qu’elle doute d’elle-même. Dans une dynamique de violence conjugale, le partenaire, par de la manipulation, parvient à faire douter la femme de ses propres idées, sentiments et motivations. Elle en vient donc à croire qu’elle est le problème et n’envisage pas, dans la plupart des cas, de quitter la relation.
Cela peut également être une question d’espoir de changement. Lorsque l’on regarde le cycle de violence de plus près, l’on se rend compte que le retour de la lune de miel (période où l’homme est gentil et veut se faire pardonner) revient l’espoir d’un retour à la normale. La femme se dit que s’il est encore capable d’être gentil et de lui demander pardon, il est donc possible que son conjoint change et ainsi de sauver leur relation.
Une autre préoccupation commune et fréquente est celle d’origine financière. Cela peut prendre différentes formes comme l’incapacité financière de partir seule ou avec ses enfants, parce que le partenaire contrôle toutes les rentrée et sortie d’argent. Il peut même être question d’empêcher la conjointe de travailler ou d’avoir accès à de l’argent. L’incertitude de ne pas avoir de moyen financier suffisant peut bloquer plusieurs femmes.
Pour celles qui ont des enfants, la crainte de perdre la garde de ceux-ci, au détriment du père violent, en remet plusieurs en question. Pour certaines, le fait de rester dans la relation leur permet donc de garder un contact avec les enfants, mais également de les protéger s’il venait à y avoir une prochaine explosion. Avec les enfants, vient aussi la crainte de briser la famille. Est-ce que les enfants et l'entourage vont comprendre ? Est-ce que mes enfants vont m’en vouloir ? Toutes ces questions sont légitimes et démontrent la volonté de la femme de maintenir un certain ordre pour ses enfants.
La peur est aussi un facteur décisif dans le choix. Lorsque l’on y fait référence, nous pouvons imaginer la peur de représailles, la peur du danger, du changement, la peur d’être seule, de décevoir son entourage…
Mais, le nerf de la guerre pour les femmes victimes de violence conjugale est la peur de ne pas être cru. L’auteur de violence est souvent charismatique et cache bien son jeu, ce qui fait qu’elle n’est ni crue ni entendue. Il arrive même que parfois, celui-ci accuse sa partenaire de plusieurs problèmes du couple devant l’entourage, renforçant ainsi ses dires.
Si vous croyez qu’une personne de votre entourage pourrait être une victime de violence conjugale, faites-lui part de vos inquiétudes et dites-lui que vous êtes là pour elle. Votre support et votre patience lui feront le plus grand bien.
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