Sans génie 101
Anne-Marie Arguin
Même si je suis un pro Nordiques et un anti Canadiens, lorsque Marc Bergevin a transigé avec les Canucks de Vancouver pour obtenir un 5e choix au repêchage et Zack Kassian pour le vieillissant et usé Brandon Prust, j’ai trouvé que le CH venait de commettre un vol en plein jour, pas de cagoule. Kassian a 24 ans, est un choix de première ronde et ne prendra «seulement» que 1,75 million de la masse salariale du Canadien cette année. Prust a maintenant 31 ans et coûtera 2,5 millions aux Canucks en 2015-2016. En plus, il n’a pas été épargné par les blessures durant deux des trois saisons où il a évolué avec le Tricolore et son style de jeu fait en sorte qu’il ne jouera pas jusqu’à 40 ans.
Bref, le Canadien obtenait un joueur en début de carrière, avec un meilleur potentiel offensif, qui coûte moins cher, en plus d’un choix de première ronde contre Prust. Les Canucks de Vancouver étaient-ils tombés sur la tête, dans une journée particulièrement généreuse ou peut-être savaient-ils quelque chose que les dirigeants du Canadien ignoraient? Très bonne transaction ou guet-apens? Après les événements de la fin de semaine, force est d’admettre que le Canadien vient de mettre la main sur un gros cas problème.
Pas fort, vraiment pas fort
Dans la nuit de samedi à dimanche, Zack Kassian a été impliqué dans un accident de la route en tant que passager alors qu’il circulait avec deux jeunes filles de 18 et 20 ans. Disons qu’à première vue c’est assez louche. Le camion de Kassian, conduit par la jeune fille de 20 ans est alors entré en contact avec un arbre. L’alcool pourrait bien être la principale cause de l'accident.
Voilà qu’on sait depuis ce matin que Kassian a le nez et le pied gauche fracturés. Et la saison régulière ne commence que mercredi. Si Kassian a deux fractures, la plus importante brisure vient probablement d’avoir lieu dans le lien de confiance qu’il commençait à bâtir avec Bergevin et l’organisation. Dans un point de presse tenu ce matin, Bergevin a affirmé que Kassian a «manqué de caractère et de jugement». Il a aussi mentionné qu’il était au courant de sa réputation nébuleuse et que c’est pour cette raison qu’il l’avait prévenu qu’il devrait avoir un comportement exemplaire à Montréal. Visiblement donc, ce que le Canadien ignorait, c’est que les directives et les règlements rentrent par une des oreilles de Kassian et ressortent par l’autre aussitôt. Alexandre Burrows, un de ses coéquipiers chez les Canucks mentionnait justement cet été que le talent de Kassian n’avait jamais été le problème lorsqu’il évoluait avec l’équipe.
Pas le premier
La Sainte-Flanelle a eu des fêtards et des écervelés notoires à travers sa longue histoire. Plus récemment, les frères Kostitsyn étaient reconnus comme étant des cas problèmes. Même l’enfant chéri, Carey Price, n’a pas toujours été un enfant de cœur, loin de là.
Les meilleures équipes de la Ligue Nationale sont aussi souvent les équipes avec les meilleurs capitaines. Toews, Crosby, Tavares, Lemieux, Sakic, Messier, Yzerman pour ne nommer que ceux-là. Ce sont eux qui sont rassembleurs et qui prennent les nouveaux joueurs et les cas problèmes sous leur aile pour les placer dans le droit chemin. Le Tricolore n’a à mon sens pas eu de capitaines qui s’approchaient de cette définition depuis Vincent Damphousse à la fin des années 90. Saku Koivu n’était pas un leader suffisamment rassembleur et Brian Gionta a été nommé capitaine alors qu’il n’avait pas d’expérience avec l’organisation.
C’est à souhaiter pour le Canadien que Max Pacioretty possède ces qualités, puisque le directeur-gérant et les entraîneurs n’ont pas le même impact dans les conseils ou les réprimandes qu’un coéquipier. Un parent et un grand frère n’ont pas le même rôle dans une famille. C’est le même principe dans une équipe sportive. Si Zack Kassian n’a pas déjà tout bousillé avec sa nouvelle équipe, peut-être que comme première mission de capitaine, Pacioretty saura convertir la brebis égarée qu'est Kassian.
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