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Recrutée par une équipe pro

Roxanne Bolduc et sa famille au pays du soccer

durée 18h00
14 juillet 2022
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Gabrielle Denoncourt
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Par Gabrielle Denoncourt, Journaliste

Roxanne Bolduc et sa famille ont quitté Saint-Georges, il y a près d’un an, pour aller s’établir en Espagne, là où le soccer est une vraie religion. Cette joueuse douée et passionnée a d’ailleurs été recrutée par le Levante UD qui est une académie de la ligue professionnelle à Valencia.

Le père de Roxanne, Guy Bolduc explique que cela faisait 25 ans qu’ils vivaient à Montréal et qu’il a une entreprise de communications. La pandémie est arrivée. Il indique qu’il était déjà en télétravail. : « on a accéléré le processus de location de nos installations. On a fermé nos bureaux on les a loués à d’autres personnes, puis on ait déménagé en Beauce. On voulait revenir en Beauce parce qu’on avait envie de retrouver un peu le calme de la nature beauceronne. »

Toutefois, le confinement a été mis en place et les jeunes n’avaient plus le droit de faire du sport d’aller à l’école et les Jeux du Québec avaient été annulés alors que sa fille allait certainement être choisie. M. Bolduc explique qu’ils en étaient rendus à aller manifester à Québec pour dénoncer l’interdiction de sport.

Lui et sa conjointe trouvaient que c’était « devenu un peu maladif » alors qu’en Europe les jeunes continuaient à pratiquer leur sport. C’est en mars 2021 que le projet a débuté et en août 2021 ils ont « ramassé leurs valises pour aller en France », pays d’origine de la mère de Roxanne.

Finalement, ils sont restés deux semaines chez de la famille avant de prendre la route en direction de Valencia en Espagne. « On est arrivé là en ne connaissant personne, en n’ayant aucun contact, ne parlant pas espagnol. Vraiment comme des Québécois perdus quelque part, mais on a réussi à se faire un milieu de vie. Apprendre l’espagnol et ça permit surtout aux enfants de reprendre une vie sportive et académique non perturbée. Ils ont fait l’école en ligne du Québec pendant un certain temps. Puis Roxanne a commencé l’école là-bas. »

Une chance unique
Son grand frère, Émile, et elle ont intégré une ligue locale de soccer, mais pour cette dernière comme exprime son père : «  le soccer est un choix de vie ». Ainsi, elle a été remarquée pour faire deux semaines d’essai à l’académie de Levante UD et a été choisie pour intégrer l’équipe faisant partie des plus jeunes à 14 ans.

Ce qu’il faut savoir c’est que c’est un accomplissement exceptionnel, car la jeune fille ne parle pas la langue et elle est canadienne. M. Bolduc donne en exemple : « C’est comme si tu prenais un Espagnol qui arrivait au Québec qu’il joue un petit peu au hockey sur gazon là-bas et qui signe avec une équipe de la Ligne nationale de hockey. »

Roxanne nous explique que cette académie choisit des joueuses plus jeunes pour ensuite les faire évoluer dans le but de jouer dans l’équipe senior professionnelle. D’ailleurs, elle pourrait atteindre ce but dès l’âge de 16 ans.

Elle rêve de faire partie d’une équipe de la ligue européenne et de faire partie un jour de l’équipe nationale afin de gagner la Coupe du monde.

Bien entendu, il y a eu de nombreux défis à surmonter comme la barrière de la langue qui n’est plus un souci pour elle. Sa nouvelle vie est plus exigeante avec des entraînements tous les jours. Sa journée comporte généralement deux entraînements de 1 h 30, plus un autre de 2 h 30 seulement sur le terrain, puis 1 h 30 en salle par jour.

Elle nous dit que tout est différent là-bas « tu passes d’un endroit où il y a un terrain pour le club à un endroit où il y en 12. Là-bas, t’arrives t’es accueillie, t’as beaucoup plus de staff autour de toi, il y a des physios, des personnes pour la préparation mentale pour s’assurer que tout est bien, ça change beaucoup. Ce n’est pas du tout la même chose, c’est beaucoup d’entraînement. »

Selon les observations de son père le niveau « ressemble à Équipe Québec boostée à la méthode espagnole. » En effet, le style de jeu est complètement différent qu’au Canada qui est plus accès sur les buts que sur sa préparation. Alors, Roxanne a été obligée de réapprendre comment jouer.

La « Maison des fous »
Afin que sa fille puisse vivre cette expérience, il a fallu que lui et sa conjointe passent des heures à remplir des documents.

« Ce qui est très compliqué c’est de transférer une licence d’un jeune en bas de 18 ans d’un pays à l’autre. Elle, elle était enregistrée par Soccer Canada, même affaire avec Émile il a fallu passer par un processus très complexe. Premièrement, c’est son club qui fait la demande à la Fédération régionale là-bas et après la fédération espagnole elle communique avec la FIFA qui elle envoie la demande au Canada qui la libère de Soccer Québec. »

Cela a pris cinq mois avant que la joueuse puisse participer à un match et sept mois dans le cas de son frère. Pendant le temps des procédures, ils devaient rester sur le bord du terrain ne pouvant qu’encourager leur équipe. 

Également, pour pouvoir jouer en Europe, il faut absolument avoir une citoyenneté de l’un des pays membres de l’espace Schengen. Grâce à la mère de Roxanne, les membres de la famille ont la double citoyenneté avec celle de la France. 

Encore plusieurs années à l'étranger
À leur départ, la famille Bolduc n’avait aucun plan véritable et ils pensaient partir pour six mois, mais finalement cela s’est transformé en dix mois pour terminer l’année scolaire et de soccer.

Ce qui a vraiment changé la donne c’est la sélection de Roxanne dans un club professionnel : « ils ne voudraient pas la garder si l’on repartait l’an prochain. Eux, quand ils investissent dans une joueuse c’est pour plusieurs années. Elle est inscrite à l’école là-bas dans un objectif de minimum 3 ans. Mon garçon aussi, il rentre au British College à Valencia qui est un collège basé sur l’enseignement britannique qui mélange anglais et espagnol. Il est un passionné de football, mais lui dans sa vie ce n’est pas ce qu’il veut faire. On verra année après année comment ça se déroule, mais c’est sûr, nous on a la chance, comme je disais, de gagner notre vie en télétravail. Tant et aussi longtemps que ça fonctionne comme ça, la vie est belle. »

Lorsque notre journaliste leur demande s’il y a des choses qui leur manque du Québec Roxanne n’hésite pas en disant « la poutine », en regardant son père avec le sourire, et lui d’ajouter, « les crèmes molles aussi ».

Une vie en Espagne
Roxanne et sa mère repartent ce mardi pour Valencia pour retourner à l’entraînement après deux mois de vacances au Québec. M. Bolduc et son fils iront les rejoindre plus tard, le temps qu’Émile termine ses examens de fin d’année du CSSBE. 

D’ailleurs, c’est bien leur intention de revenir les étés dans la région afin de profiter de leur famille et de la douceur du climat. L'Ascalon de Saint-Georges ont permis aux enfants Bolduc de s'entraîner au sein des équipes. Roxanne jouait avec les seniors, mais aussi avec une équipe masculine. 

Finalement, le père et la fille s’entendent pour dire que cette expérience c’est « complètement fou et capoté » et qu’ils ont l’impression de vivre quatre vies en même temps. Lorsqu’ils travaillent, ils sont au Québec et lorsqu’ils sortent le nez dehors, ils sont en Espagne.

« C’est comme un “reset” de tous nos paramètres de vie qu’on a depuis plusieurs années parce que tout marche différemment. On dit souvent que quand tu vas dans un endroit comme l’Espagne, oui c’est Européen. Souvent, tu vas aller en vacances deux semaines. Tu vis dans un secteur touristique, mais quand tu résides sur place là tu découvres tellement de belles choses », conclut Guy Bolduc. 

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