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Commentaire: Comprendre notre député: ses idées et visées politiques - Carl Pépin

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25 avril 2010
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Les récentes sorties publiques de notre représentant aux Communes laissent songeur à maints égards. M. Bernier entreprend son repositionnement sur l'échiquier politique en avançant des idées tangibles, mais non exclusives, ni révolutionnaires. Cependant, certaines des idées avancées rejoignent ce que nombre de Canadiens pensent, à savoir que l'actuel système politico-administratif doit être réformé, et ce, à tous les paliers gouvernementaux.

Mission titanesque? Nous sommes tentés de le croire, surtout lorsque l'on prend la peine d'étudier le parcours historique de M. Bernier, à la lumière d'allocutions passées et du groupement idéologique dans lequel les analystes le catégorisent.

M. Bernier est généralement associé au mouvement idéologique du « libertarianisme ». Pour faire simple, les « libertariens » font la promotion d'une philosophie politique voulant que la liberté individuelle soit à la base de la société. Par exemple, la liberté individuelle devrait conditionner les échanges économiques, les rapports sociaux, voire notre système politique parlementaire.

Dans la vie de tous les jours, les libertariens favorisent une réduction des dépenses et de la taille de l'État. Dans cette optique, il existe divers courants à l'intérieur du libertarianisme, mais ceux-ci souhaitent la disparition (ou la réduction imminente) de l'État comme système reposant sur la coercition des individus. Ils appellent à un retrait de l'État au profit d'une plus grande et libre coopération entre les individus. Le courant extrême du libertarianisme voit la taille de l'État à son minimum, dans un rôle d'administration de la police et de l'armée, instruments essentiels selon eux pour garantir la propriété foncière et entrepreneuriale.

D'autre part, et bien qu'ils puissent être associés à la droite en politique, les libertariens comme M. Bernier ne s'intéressent que plus ou moins à la dichotomie classique gauche/droite. Par exemple, les libertariens peuvent être à droite sur le plan des libertés économiques, la réduction de la fiscalité, le libre-échange, etc. D'un autre côté, à gauche, ils peuvent soutenir certaines politiques de libertés individuelles telles la liberté d'expression, la liberté sexuelle, la dépénalisation des drogues, etc.

Dans ce contexte, la question à se poser face au récent positionnement de notre député est la suivante: est-ce que cela correspond aux valeurs des Beaucerons et des Québécois? En accusant explicitement le Québec de « quêter » le gouvernement fédéral pour balancer ses livres, M. Bernier ne fait que renforcer au Canada anglais une fausse impression que notre province est à la remorque du Canada aux plans économique et fiscal.

Est-il besoin de rappeler à M. Bernier que la soi-disant lourdeur des programmes sociaux québécois est la résultante de libres-choix faits par les Québécois et les Beaucerons afin d'obtenir, via l'argent de leurs propres impôts, des services pour favoriser le développement de la société? Sans doute, on peut critiquer la lourdeur administrative et nous convenons qu'un ménage dans les dépenses et les octrois de subventions gouvernementales est nécessaire. C'est même urgent.

Cependant, que cherche à obtenir notre député? Veut-il réformer le système canadien, ou tente-t-il simplement d'utiliser sa plate-forme fédérale pour casser du sucre sur le dos de ses concitoyens, en nous accusant de quémander de l'argent au fédéral? Premièrement, le Québec est loin d'être la province canadienne qui reçoit le plus d'argent d'Ottawa en matière de péréquation par habitant. Deuxièmement, et les entrepreneurs beaucerons le savent, l'État à un rôle important à jouer dans notre développement économique.

À l'esprit d'initiative entrepreneuriale qui caractérise les gens de chez nous doit s'allier une aide étatique qui prend les formes de subventions, de crédits d'impôt, etc. Les administrateurs du Conseil économique de Beauce et des trois CLD du comté travaillent d'arrache-pied au développement et à la relève d'entreprises en difficultés. L'État et les organisations économiques à but non lucratif ne doivent pas être perçus comme des adversaires bureaucratiques, mais comme des partenaires-clés pour éviter les embuches.

Si M. Bernier souhaite une réforme d'ensemble de l'appareil étatique canadien, qu'il en fasse la promotion via un discours unificateur, un discours qui parvient à mesurer les différentes réalités des régions du Canada.

Au titre de représentant de la région au gouvernement central, le rôle du député est de promouvoir, dans le contexte politique canadien, les intérêts de son comté, voire les intérêts du Québec lorsqu'on juge que ceux-ci peuvent être menacés, les cas échéant.

Au final, notre député devrait clarifier l'objectif ultime de ses interventions publiques récentes. Présentement, il vide ses chargeurs dans toutes les directions, alors que la règle veut que l'on tire au coup par coup, sur des cibles clairement identifiées.


Carl Pépin, Ph. D.

Historien

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