L’avis d’expropriation de la Ville a été une claque au visage pour Jean-Luc Gagné
Le 8 février dernier, les conseillers, Irma Quirion, Marcel Drouin, Serge Thomassin, Manon Tousignant et Lionel Bisson ont voté en faveur de l’expropriation pour réaliser la fameuse salle de spectacles. Le 12 février dernier, la famille Gagné recevait cet avis d’expropriation. Pour l'homme d'affaire âgé de 80 ans, Jean-Luc Gagné, il s’agissait alors d’un dur coup à encaisser surtout qu’il vivait déjà un stress énorme depuis l’incendie du 17 octobre dernier de son édifice de la 1re Avenue. Il sera exproprié de son terrain après 62 années passées au centre-ville.
« Mon père est vraiment offusqué de cela. Vivre cela après un feu et après avoir tout perdu… Il ne lui reste aucun souvenir sauf des photos et une peinture de l’ancienne bâtisse. La claque est dure pour le père. En plus, il est cardiaque », mentionne Jean Gagné, qui comme ses trois autres frères, s’inquiète de l’état de santé de son père.
Les enfants de Jean-Luc ont donc pris la défense de leur père. « Nous sommes quatre frères qui se tiennent. Nous sommes un peu dispersés, mais nous nous soutenons. Ce qui est dur, c’est que nous y allons au nom de notre père, mais ce n’est pas à nous autres. Si notre père n’avait pas eu toutes ses facultés, ce serait réglé depuis longtemps », insiste Jean.
« On dirait que la Ville ne sait plus comment réagir. Nous sommes comme des chiens de garde », a ajouté son frère, Maxime.
Une procédure normale
Le directeur général de la Ville de Saint-Georges, Marcel Grondin tient à préciser que les avis d’expropriation ont été envoyés aux trois propriétaires visés, et ce, sans exception. Il s’agirait d’une procédure normale comme il s’effectue régulièrement au ministère des Transports du Québec. M. Grondin souligne que la Ville, qui était maître d’œuvre des travaux de la 175e, a procédé de la même façon.
« S’ils agissent de même avec la famille Gagné, qui sont les prochains à Saint-Georges? Quelle sorte de conseil a été élu? Moi, je considère qu’il s’agit d’un abus de pouvoir de la loi. Il n’y avait aucune nécessité d’aller sur notre terrain, on ne bloque aucun service essentiel. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas », s'inquiète Jean.
Dans ce dossier qui semble s’éterniser, les Gagné ne veulent pas courir de risque en embauchant un avocat. Ils feront aussi appel prochainement à une autre firme d’évaluateurs pour défendre leur cause. Ils n’ont pas l’intention de contester l’avis d’expropriation, mais défendront la valeur de ces terrains. Une bataille juridique devant le Tribunal administratif se pointe à l’horizon pour les Gagné. « Mon père est présenté un peu comme un bandit. Il devra se présenter à la cour et vivre ce stress. C’est un pilier du centre-ville, un bâtisseur et il est sur la 1re Avenue depuis 62 ans », rappelle Maxime.
« En plus de ce qui a brûlé, on veut défaire tout ce qui lui reste… Notre père a 80 ans. Donnez-y un break quelqu’un. Qu'est-ce que ce sera lorsqu’il devra aller en cours. C’est toute sa vie, sa résidence et ses propriétés. Ce n’est pas seulement 10 pieds de terrain qu’on lui enlève, c’est tout ce qu’il a », conclut Jean.