La Beauce et l’Amiante s’unissent pour un gazoduc liant Vallée-Jonction à Thetford
Les communautés des régions de Thetford et de la Beauce ont crié haut et fort ce matin à East-Broughton leur volonté d’obtenir la réalisation du projet Gazoduc Vallée-Jonction/Thetford. Un comité de travail a été mis sur pied afin de démontrer la nécessité au gouvernement que le prolongement de la desserte en gaz naturel entre ces deux régions est essentielle à la survie des entreprises du territoire.
Luc Berthold, maire de Thetford Mines et coprésident de ce comité, affirme que la région ciblée est présentement une des seules au Québec à ne pas être desservie par le gaz naturel à l’exception du Nord-du-Québec. Cela nécessitera des investissements de plus de 23,2 M$ pour la prolongation du réseau de 55 kilomètres de conduite.
La société en commandite, Gaz Métropolitain, pourrait assumer un peu plus que 6,5 M$, l’autre part du lion devra être assumé par les deux paliers gouvernementaux soit 16,7 M$. La demande a été faite auprès des députés provinciaux et fédéraux des deux comtés. En plus, le ministre fédéra, Denis Lebel a aussi été rencontré. Le Comité a aussi demandé une rencontre a auprès du premier ministre Jean Charest pour faire avancer le dossier rapidement. « Nous devons recevoir l’appui des gouvernements d’ici la fin de l’été 2009 afin que la première pelletée de terre puisse être effectuée, comme nous le souhaitons, dès l’été 2010 », lance Luc Berthold. Les travaux qui s'exécuteraient à même l'emprise du MTQ prendrait un an à se réaliser.
Le maire de Thetford a rappelé que les gouvernements ont appuyé l’expansion du réseau gazier québécois dans les années 1980 et 1990. D’abord, la Mauricie, le Québec, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, l’Estrie et la Montérégie ont bénéficié de cela. Puis dans les années 1990, cette expansion a été vers les régions de Val-d'Or, Amos, de la Beauce et des Laurentides jusqu’au Mont-Tremblant. Le gouvernement devra selon M. Berthold corriger cette iniquité alors que les entreprises des régions de Thetford et de la Beauce doivent combattre dans un contexte de mondialisation et contre un certain programme des régions.
Gaz Métropolitain a aussi bénéficié du programme d’infrastructure national pour assurer la réalisation des projets. L’expansion du réseau gazier québécois a permis de réduire la dépendance énergétique au pétrole, en plus d’accroître la compétition entre les différentes sources d’énergie, et ce, au bénéfice des consommateurs québécois.
Une explosion de la demande
En octobre 2008, la firme SNC-Lavalin a déposé son analyse des besoins de consommation en gaz naturel. Cette étude, portant essentiellement sur les grands consommateurs d’énergie situés sur le territoire visé, démontre que les besoins estimés en gaz naturel en 2009 ont augmenté de 151 % comparativement à l’étude effectuée en 2005. Au total, c’est une consommation potentielle annuelle de 16 223 000 m3 de gaz naturel qui est projetée.
Selon Luc Rémillard, directeur général de la Société de développement économique de Thetford, les besoins pourraient évidemment être le double de ce chiffre si l’on ajoute les volumes potentiels supplémentaires. Cette hausse serait attribuable à la concrétisation de projets dont, entre autres, la valorisation des résidus miniers.
Une question de survie
Plusieurs entreprises manufacturières et industrielles dépendent du gaz naturel. En Beauce, cela représente plus de 350 emplois alors qu’à Thetford ce sont plus de 922 emplois. « Pour nous, le gaz naturel n’est pas un caprice, mais bien d’une nécessité il va de la survie de nos entreprises existantes et de la survie de notre processus de diversification économique.
À Thetford, on est probablement le plus bel exemple de diversification économique ces dernières années. Malheureusement, les efforts des 20 dernières années sont menacés puisque nous ne disposons pas tous les outils nécessaires pour aller plus loin. De faire en sorte que notre région qui a survécu au déclin de l’industrie du chrysotile passe à l’autre étape et qu’elle assure son développement », indique M. Berthold.
En Beauce, ce sont les municipalités concernées de Tring-Jonction et de Saint-Frédéric qui bénéficieraient principalement la venue du gaz naturel. Les autres localités sont branchées depuis 1990. « C’est important de bénéficier du gaz naturel pour être plus compétitif. Les entreprises, dans la période qu’on vit, revoient leurs modèles d’affaires et l’une des principales préoccupations est la source d’énergie. C’est un coût qu’elles doivent contrôler », relate le directeur général du CLD Robert-Cliche, Daniel Chaîné.
Le directeur du CLD de Robert Cliche relate que certaines compagnies plus énergivores dépendent de cette source d’énergie dont les entreprises dans le secteur des matériaux composites, de la transformation minière ainsi que la régie intermunicipale entre Tring et East-Broughton. « Sur nos deux territoires, il y a plus de 400 millions de tonnes de résidus miniers. Il y a plusieurs projets associés à cela et ils nécessitent le gaz naturel. Il y a une étape très énergivore, est le séchage de la matière première, pendant le traitement et après le produit fini. Le gaz naturel est une source d’énergie indispensable », rappelle ce dernier.
Le directeur du CLD croit que le dossier verra le jour. « Cette fois-ci, je crois que nous avons le momentum, et ce sera la bonne », pense M. Chaîné.
Olimag un exemple
Le coprésident du comité et président de Sables Olimag inc., Claude Gosselin, a aussi rappelé que cette nouvelle source d’énergie augmentera le niveau de compétitivité de son entreprise et de toutes les entreprises de la région. D’après lui, il s’agit de la meilleure forme d’énergie adaptée à leurs besoins qui permettra aux entreprises de diminuer leurs coûts d’exploitation par la réduction du prix de l’intrant énergétique.
Le président de cette compagnie fabriquant des sables abrasifs estime que le gaz naturel lui ferait économiser jusqu’à 30 % de ses dépenses énergétiques annuellement soit l’équivalente de 9 % ses dépenses totales annuellement. Tous ses compétiteurs dans le domaine ont cette source d’énergie.
Son entreprise de transformation de résidus miniers peut utiliser pour son four rotatif de 150 pieds par 8 pieds de large jusqu’à 18 000 litres d’huiles usées par jour. En l’espace de 12 mois, le coût des huiles usées a grimpé de 100 % alors que le gaz naturel a connu une montée de 20 % pendant cette période. La hausse astronomique des coûts d’énergie aurait pu mettre fin à l’entreprise il y a deux ans. «J’ai songé ouvrir une usine au Brésil », a lancé M. Gosselin.
Fondé en 1986, Olimag est devenu le plus important fabricant d'abrasif non nocif pour sablage au jet de l'est du Canada et de l'olivine synthétique. Il exporte dans neuf pays.