Enquête téléphonique
Sondage: la liberté d'expression existe au Canada, selon les opinions politiques
Par La Presse Canadienne
Un nouveau sondage laisse croire qu'il existe une forte relation entre le point de vue politique d'une personne et son opinion sur la liberté d'expression au Canada.
Ainsi, les répondants qui penchent à droite étaient plus susceptibles de croire qu'il ne devrait y avoir aucune limite à la parole, y compris le droit d'exprimer des opinions haineuses et offensantes.
Jason Disano, le directeur de l'enquête téléphonique nationale du Centre canadien de recherche appliquée et sociale de l'Université de la Saskatchewan, explique que l’idée de départ était d’avoir une idée de la position des gens sur la question étant donné le rôle de premier plan que l'expression «liberté» joue dans la campagne actuelle à la direction du Parti conservateur du Canada (PCC).
Ainsi, 86 % des répondants ont déclaré qu'ils pensaient avoir, ou avoir quelque peu, la liberté d'expression. La plupart des répondants ont également déclaré qu'ils pensaient que les gouvernements et les entreprises comme Twitter et Meta, anciennement connu sous le nom de Facebook, devraient intervenir pour limiter la propagation de la désinformation et des discours de haine.
Cependant, des différences de points de vue apparaissent en décomposant les opinions politiques des Canadiens.
Environ un répondant sur quatre qui penche de droite à très à droite croit que les Canadiens ont très peu ou pas de liberté d'expression, comparativement à environ trois pour cent des répondants de gauche qui perçoivent la même chose.
«Ce n'est pas surprenant», selon Barbara Perry, directrice du Centre of Hate, Bias and Extremism de l'Ontario Tech University, basée à Oshawa. «Au cours des dernières années, l'accent a été mis sur la culture d'annulation. La liberté d'expression est devenue un cri de ralliement pour l'extrême droite.»
Jason Disano a observé que les Prairies avaient la plus forte proportion de personnes qui se sont identifiées comme étant de droite, à 31,5 %, les Québécois ayant la plus faible, à 18,6%.
Au Canada, le discours haineux est illégal. Mais aux États-Unis, le premier amendement protège la liberté d'expression, y compris le droit d'exprimer des commentaires haineux et des opinions offensantes.
On a donc demandé aux répondants de l'enquête s'ils étaient d'accord avec l'approche canadienne ou celle des États-Unis en matière de limitation de la parole.
Jason Disano a déclaré que huit répondants sur 10 étaient d'accord avec l'approche du Canada. Cependant, 31 % des personnes interrogées qui ont dit être de droite soutenaient l'approche américaine sans limite, dont 22,4 % venaient des Prairies et seulement 4,5 % du Canada atlantique.
Quant à ceux qui penchent à gauche, 2,5 % des répondants ont réclamé qu’il n’y ait aucune limite à la parole.
Selon Barbara Perry, «l'absolutisme américain de la liberté d'expression» est apparu au Canada et peut être lié aux médias sociaux. «Nous ne parlons pas seulement d'un discours offensant ou blessant les sentiments de quelqu'un, nous parlons vraiment d'un discours dangereux et d'un discours qui a le potentiel de faire du mal», à son avis.
L'enquête a été réalisée entre le 1er et le 27 juin, auprès de 1000 personnes. Elle est considérée fiable à plus ou moins trois pour cent, avec un niveau de confiance de 95 pour cent.
Mickey Djuric, La Presse Canadienne
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