Après un conseil de ville sous tension
Saint-Benjamin : la mairesse répond aux critiques du secteur Cumberland
Après la séance houleuse du conseil de ville, de ce lundi 7 avril à Saint-Benjamin, la mairesse Céline Veilleux et le conseiller Jocelyn Béliveau offrent leur point de vue sur la grogne entourant le changement d’adresse postale dans le secteur Cumberland.
Ils dénoncent une rupture de dialogue alimentée, selon eux, par un climat de méfiance, une désinformation ciblée et des pressions croissantes envers les élus.
« Il faut comprendre que ce climat-là, il ne date pas d’hier. Il y a un contexte, et ce n’est pas la municipalité qui cherche l’affrontement », a lancé d’emblée le conseiller Jocelyn Béliveau, en entrevue téléphonique, aux côtés de la mairesse Céline Veilleux. Les deux élus tiennent à remettre les pendules à l’heure, après avoir été interpellés publiquement par des citoyens du secteur Cumberland.
Un dossier « trainé depuis des années »
Pour eux, la restructuration postale n’est pas une décision prise à la légère. « Ce dossier-là traîne depuis des années. Postes Canada avait déjà prévu cette restructuration, et nous avons simplement cherché à obtenir une date claire pour qu’enfin, ce soit réglé », a affirmé la mairesse. Selon elle, plusieurs nouveaux résidents recevaient des indications contradictoires, allant jusqu’à se faire rediriger entre Saint-Georges et Saint-Benjamin pour leurs démarches.
Elle affirme que la municipalité ne voulait pas laisser le dossier en suspens pour les futurs conseils. « On aurait pu faire laisser ça au prochaine conseil, qui l'aurait laisser, lui-aussi au prochain. Mais non, on voulait régler ça », dit-elle. Pour preuve, une rencontre avec Postes Canada aurait été organisée dès que la date du 14 avril 2025 a été annoncée pour la mise en œuvre du changement d’adresse.
Des efforts de communication jugés insuffisants
Du côté des citoyens, on dénonce un manque de consultation. La mairesse réfute. « Ce n’est pas vrai qu’on a caché les choses. En août 2024, c’était inscrit au procès-verbal. On avait annoncé que ça allait arriver. Ceux qui suivent les conseils municipaux ou lisent les procès-verbaux le savaient. »
Jocelyn Béliveau ajoute que des tentatives de dialogue ont été détournées de leur but initial : « On a même organisé un café-rencontre sur l’habitation, et c’est devenu une discussion sur les codes postaux. »
Les élus déplorent aussi un phénomène qu’ils jugent préoccupant : la formation d’une « chambre d’écho » dans le secteur. « Il y a un groupe privé sur Facebook, fermé à toute personne extérieure à Cumberland. L’information y est contrôlée par une ou deux personnes qui déforment nos propos. C’est impossible pour nous d’y répondre », affirme le conseiller. Il ajoute qu’un climat de méfiance généralisée a été nourri à travers ces canaux.
Un comité proposé, mais ignoré selon la mairesse
Concernant les demandes des citoyens, notamment la mise en place d’un comité consultatif pour le secteur Cumberland, Céline Veilleux assure l’avoir proposé bien avant la réunion du 7 avril. « J’ai écrit personnellement à une citoyenne du secteur pour proposer un comité. J’avais même identifié des personnes avec qui j’aurais aimé m’asseoir. Mais rien n’a été partagé », regrette-t-elle.
Elle dit aussi avoir rapidement accepté la résolution adoptée lundi soir afin que les enfants de ce secteur puissent aller à l’école primaire de Saint-Georges et terminer leur parcours scolaire là-bas : « On ne s’oppose pas à ça, au contraire. Dès que ça a été nommé, j’ai demandé à ce que ce soit fait. »
La pression grandissante sur les élus
Mais au-delà du dossier de Cumberland, les deux élus tiennent à alerter sur un phénomène plus large : la pression croissante sur les élus municipaux au Québec. « Depuis 2021, ici même à Saint-Benjamin, on a eu deux maires, deux directeurs généraux et plusieurs employés qui sont partis. Ce n’est pas rien », a souligné Jocelyn Béliveau.
Il cite des chiffres révélateurs : « En date du 1er janvier 2025, 1 084 élus municipaux avaient quitté leur poste à travers le Québec. Ce sont des chambres d’écho, comme celle à Cumberland, qui participent à ce phénomène. Quand on est incapable de rétablir les faits, ça devient très compliqué. »
La mairesse abonde dans le même sens. Elle confirme que sa décision de ne pas se représenter aux élections n’est pas liée uniquement au dossier Cumberland, mais aussi à des enjeux de santé personnelle. « J’étais en réflexion depuis six mois, mais ce climat m’a poussée à avancer mon annonce. Je suis profondément blessée qu’on remette en cause mon intégrité. »
Sur une éventuelle annexion, la mairesse ne bloquera pas
Quant à l’annonce des citoyens de Cumberland de vouloir se détacher de Saint-Benjamin et demander une annexion à Saint-Georges, Céline Veilleux reste calme : « Ce n’est pas moi qui vais bloquer ça. Si c’est ce qu’ils souhaitent, qu’ils entament les démarches. »
Elle précise cependant que selon ce qu’on lui a rapporté, une telle démarche serait difficile à faire valider pour un simple secteur. « On nous a dit que ce genre de processus concernait les municipalités entières, pas juste quelques rues. Mais si c’est faisable, je ne m’y opposerai pas. »
Elle conclut : « Ce n’est pas une question de taxes. Être une municipalité, ce n’est pas diviser les revenus par secteur. C’est travailler ensemble. »
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