Fermeture du ponceau du 1er rang et autres dossiers municipaux
Le maire de Saint-Alfred victime de méfaits et d'insultes
Vilipendé et insulté sur la place publique depuis plusieurs semaines en rapport avec des dossiers municipaux, le maire de Saint-Alfred, Jean-Roch Veilleux, a même été victime récemment d'un méfait à sa résidence.
En effet, dans la soirée du 26 août dernier, un individu est venu saccager la pelouse de sa propriété avec un VTT. Depuis, l'épouse du maire, qui a une santé fragile et qui subit des traitements médicaux réguliers, est terrorisée à l'idée de rester seule à la maison.
« Je trouve dommage que l'on s'attaque à moi, à ma famille, à mon intégrité. J'ai jamais voulu ça. J'ai toujours été un gars qui était discutable. J'ai jamais insulté personne. Pis là, on est rendu là », a confié l'élu à EnBeauce.com lors d'une rencontre à sa résidence, samedi.
Le premier dossier qui provoque la foudre de citoyens envers le maire concerne la fermeture depuis plusieurs mois du rang 1, à l'entrée Ouest du village, en raison de l'affaissement d'un ponceau qui rend le passage des véhicules de tout genre non sécuritaire. La firme d'ingénieurs WSP, dans un rapport daté du 3 février dernier, recommandait d'ailleurs à la municipalité de maintenir le secteur barré, tant et aussi longtemps que le ponceau ne serait pas remplacé.
Cette fermeture cause bien des inconvénients aux usagers de ce rang qui doivent faire un détour de plusieurs kilomètres pour se rendre au travail ou vaquer à leurs occupations quotidiennes. Certains ont défié l'interdiction en continuant de passer à cet endroit, malgré les petits blocs de béton mis au départ par l'administration locale pour barrer le rang. Pour remédier à la situation, la municipalité a dû installer des blocs de béton plus lourds, ainsi que des chaînes cadenassées, en plus d'éventrer le bitume devant le ponceau. Malgré tout, pour être en mesure de passer, des individus ont réussi à déplacer les blocs à plusieurs reprises, (poussant même certains dans le ravin), en plus de couper les chaînes, Lors de la visite des lieux par EnBeauce.com samedi, le barrage routier était ouvert sur une largeur pouvant permettre le passage de VTT (Voir photos).
À date, Jean-Roch Veilleux confirme que la municipalité a déposé trois plaintes pour méfait auprès de la Sûreté du Québec (29 juillet, 6 août et 28 août) mais les enquêtes n'ont rien donné jusqu'ici.
« On a pas pris cette décision [de fermeture] pour contrarier les gens. Je sais que c'est déplaisant. Le conseil a suivi les recommandations des ingénieurs car le premier devoir d'une municipalité, c'est d'assurer la sécurité des citoyens. Si nous n'avions pas bloqué la route et qu'il était survenu un incident ou un accident, nous aurions été accusés d'avoir été négligents et nous serions l'objet de poursuites », souligne M. Veilleux.
Toujours dans ce dossier du ponceau, des résidents se plaignent de la lenteur à entreprendre des travaux afin de rectifier la situation et de rouvrir le rang.
Dès le départ de la fermeture, Saint-Alfred a entrepris des démarches auprès du ministère des Transports et du député de Beauce-Nord, Luc Provençal, pour obtenir des fonds pour réparer le ponceau. « À ce moment-là, on nous a dit qu’il n’y avait aucun programme pour déposer notre demande. La seule manière où nous aurions eu droit à des fonds gouvernementaux rapidement aurait été si le ponceau avait été endommagé par un sinistre ou un incident, ce qui n'est pas le cas ici », signale le maire.
Les discussions et les démarches se sont poursuivies au cours des dernières semaines, si bien que la municipalité a été en mesure de déposer deux demandes officielles de subvention: une première, expédiée le 9 août, sous le Volet rétablissement du Programme d’aide à la voirie locale (PAVL) et une seconde, datée du 22 août, au Volet redressement du même programme, selon les critères du Plan d'intervention en infrastructures routières locales. On estime que les travaux coûteront environ 850 000 $ et le maire souhaite que Québec puisse financer «au maximum» la réfection.
De même, afin que le chantier puisse se mettre en branle dès que le soutien financier aura été confirmé, Saint-Alfred a déjà fait préparer les plans et devis du projet par le Groupe Arpo, ce qui permettra d'aller immédiatement en appel d'offres.
M. Veilleux ne sait toutefois pas quand le gouvernement provincial donnera sa réponse aux demandes, mais il maintient une communication constante avec le député Provençal pour un règlement qu'il espère rapide.
Réseau d'aqueduc et d'égout
L'autre dossier qui revient sur la table de façon récurrente est celui du compte de taxes pour le paiement du réseau d'aqueduc et d'égout, qui a été installé dans le centre du village en 2018, au coût final de 4,6 M$.
Des contribuables de la cinquantaine de propriétés desservies par le réseau sont mécontents de la facture annuelle à payer, en vertu de la taxe spéciale qui leur est adressée, qui atteint cette année 2 172 $, soit beaucoup plus élevée que ce qui avait été prévu au départ.
Le maire Veilleux rappelle que les travaux en tant que tels, effectués par Giroux et Lessard à l'époque, ont été réalisés sans dépassement des coûts de ce qui était prévu. Cependant, les frais d'entretien annuels de l'usine d'épuration des eaux et celle de filtration de l'eau potable, ont été sous-estimés au départ et n'ont cessé d'augmenter depuis, notamment en raison de l'inflation. De plus, le taux d'intérêt payé des subventions s'est avéré plus faible que le prêt payé par la municipalité. Enfin, Saint-Alfred a dû payer des frais d'intérêt sur la marge de crédit temporaire contractée à ce moment-là, en raison du délai de réception des premiers versements de subvention. Le premier magistrat indique aussi que le quart du prêt pour le réseau est payé par l'ensemble des contribuables puisque les infrastructures qui s'y trouvent (rues, trottoirs, bureau et garage municipal, etc,) sont utilisées par tous les résidents.
Notons que l'administration alfredoise a tenu une séance publique d'information en mai 2021, durant laquelle on avait répondu par écrit de manière détaillée à 20 questions sur le projet du réseau d'aqueduc et d'égout.
Rester en poste
La période de questions des séances du conseil de la municipalité des derniers mois n'ont pas été de tout repos pour l'élu.
Lors de la plus récente (11 septembre), une citoyenne l'a qualifié de «pire maire» qu'a connu le village de toute son histoire. Dans une autre, il s'est fait traiter de «menteur» sur les coûts des services d'aqueduc et d'égout.
Il s'est aussi fait interpeller à deux reprises par un même citoyen (un résident du rang 1 dans la portion de Saint-Victor que le maire n'a pas voulu identifier), une première fois devant sa résidence, une seconde fois à l'édifice municipal.
À la suite de l'incident du 26 août, le maire ne s'est pas prévalu du plan de lutte contre l’intimidation des élus, un protocole établi avec la Sûreté du Québec, afin d’assurer une meilleure sécurisation des élus et des gestionnaires municipaux, mais il a prévu avoir prochainement une rencontre avec les services policiers à ce sujet.
Par ailleurs, il explore les recours possibles face à l’intimidation, au harcèlement et aux insultes dont il a été victime.
« Contrairement à ce que des personnes m'ont lancé par la tête, ce n'est pas le maire qui décide de tout. Je ne suis pas tout seul à la table du conseil. Les décisions sont prises par l'ensemble des élus. »
Malgré la tempête, l'homme de 81 ans a l'intention de se rendre jusqu'au bout de son 5e mandat à la tête du village. « J'avais décidé de pas revenir pour l'élection [de 2021], je l'avais annoncé. Mais des citoyens sont venus me trouver pour me dire "Tu vas pas nous laisser de même". Car ça s'annonçait que l'on allait avoir cinq nouveaux conseillers et notre nouvelle directrice générale qui apprenait sur le tas. J'avais pas besoin de revenir là [comme maire]. Je suis resté pour aider la municipalité. »
« Si je démissionnais, cela donnerait raison aux opposants. Même si tout n'est pas parfait, je maintiens que toutes les décisions que nous avons prises comme conseil l'ont été pour le bien de la municipalité et de sa population », a conclu le maire de Saint-Alfred.
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