PROCÈS DE J.-Fr. ROY JOUR 5 | Le suspect « donnerait sa vie » contre celle de la victime
« Si je le pouvais, je donnerais ma vie contre celle d’Hygin Veilleux. » C’est par ces mots que s’est terminé le témoignage de Jean-François Roy, mené par la Défense au 5e jour du procès qui a débuté le lundi 29 mai dernier. Accusé du meurtre d’un chauffeur de taxi septuagénaire survenu en 2014, le suspect a été interrogé par la Défense. Le contre-interrogatoire de la Couronne se poursuit à l’heure actuelle.
Interrogé par Me Michaud-Brière, il a expliqué qu'il s'était retrouvé en psychiatrie à l'hôpital de Saint-Georges à la suite d'une tentative de suicide, sa troisième depuis l'âge de 16 ans. Après deux jours, il quitte l'endroit sans médicaments alors qu'il en prenait depuis dix ans pour contrer son anxiété sévère.
Sans médication, il augmente sa consommation de cannabis pour se calmer et dormir. La nuit avant le meurtre, il ne dort pas. « Mes pensées se bousculent dans ma tête. Par moments, j'avais des déconnexions. Quand je revenais à moi, je me souvenais des pensées que j'avais, que je pensais à tuer quelqu'un. Je me suis dit que ça n'a aucun sens [de penser à tuer]. Je n'aime pas la violence », a-t-il déclaré. Il a ajouté ne garder que deux souvenirs de l'homicide. « Je n'ai que des flashs de l'événement. »
Il a conclu l'interrogatoire de la défense par ces mots : « Je suis désolé. Je sais que mes mots ne changeront rien. Je donnerais ma vie en échange de la sienne. Je suis profondément et sincèrement désolé. »
Ce fut ensuite au tour de Me Godin de la Couronne de procéder au contre-interrogatoire. Il a d'abord relevé les incohérences entre son témoignage plus tôt aujourd'hui, l'interrogatoire de la police et les rapports des psychiatres, soit France Proulx, qui témoignera pour la défense, et du Dr Faucher, qui témoignera pour la Couronne, notamment le fait qu'il avait mentionné avoir trois souvenirs (flashs) du meurtre aux deux psychiatres alors qu'il avait affirmé plus tôt n'en avoir que deux.
L'accusé a semblé agacé d'être remis en question par les nombreuses suggestions du procureur. Me Godin a entre autres suggéré que Roy était « conscient » lors de l'interrogatoire de la police puisqu'il a suggéré que la compagnie de taxis demande toujours le nom du client et sa destination et qu'il a repris le sergent Sylvain Jean lorsque celui-ci s'est trompé sur le nom de son fils ainsi que sur la couleur de son sac.
Roy n'en a pas démordu, il « délirait », selon ses propres termes, lorsqu'il a tué M. Veilleux et que ce « délire » n'empêche pas d'avoir des réponses cohérentes sur des éléments ou des personnes qu'il voit tous les jours, comme le nom de son fils et la couleur de son sac.
Me Godin a terminé le contre-interrogatoire en questionnant l'accusé sur ses tentatives de suicide, remettant en cause le fait qu'il voulait mourir, soulevant la contradiction entre le fait qu'il avait mentionné aux policiers « c'est un fusil en plastique, ne tirez pas. Je ne veux pas mourir » alors que les agents lui avaient demandé de vider ses poches et le passage qu'il avait écrit dans un cahier qu'il voulait utiliser les policiers pour mourir et que sinon, il s'enlèverait lui-même la vie. « Aurais-je raison de dire que vous ne voulez pas réellement mourir, mais seulement attirer l'attention », lui a demandé Me Godin. « Vous ne savez pas ce que c'est d'avoir des pensées suicidaires », lui a rétorqué Roy, visiblement irrité.
Le procès reprendra demain. Il est prévu de terminer toute la preuve, ce qui veut dire que les psychiatres des deux parties ainsi que la mère de l'accusé témoigneront au cours de la journée.
À lire également :
Procès pour meurtre de Jean-François Roy : le jury sélectionné
Poursuite du procès de Jean-François Roy, meurtrier du chauffeur de taxi de 73 ans
Jean-François Roy détaille le fil des événements menant à la mort d'Hygin Veilleux
Procès de Jean-François Roy : la couronne termine la présentation de sa preuve
JOUR 6 DU PROCÈS DE J-F ROY | La psychiatre de la Défense se prononce
JOUR 7 DU PROCÈS DE J-F ROY | L'expert de la Couronne ne croit pas à la psychose toxique
Jean-François Roy déclaré coupable de meurtre au premier degré
4 commentaires
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.
Il ose dire Je n'ai que des flashs de l'événement.
Le pire dans cela se quil es logé nourrit.
Bien hâte de voire sa sentence